Récit de voyage à MADAGASCAR (Madagasikara) (2024)

LES LEMURIENS...

ORIGINES

Le terme LEMURIEN provient du latin lemures signifiant "spectre" ou "fantôme" (que les Romains exorcisaient pendant le fête de Lemuria).
En 1758, Carl von Linné désigne ainsi ces animaux en se fondant sur leurs habitudes nocturnes et leur aspect fantomatique lors de leurs déplacement nocturnes silencieux (avec leurs grands yeux réfléchissant et les cris de fantômes que poussent certaines espèces). Il avait peut être également eu connaissance de légendes malgaches selon lesquelles les lémuriens étaient les âmes de leurs ancêtres.

Les lémuriens sont des primates prosimiens qui ont bifurqué des autres primates il y a environ 63 millions d'années. De ce fait, ils se rattachent à des sous-ordres différents: Haplorrhini pour les singes et Strepsirrhini pour les lémuriens ainsi que leurs "cousins" les loris d'Afrique et d'Asie voire les tarsiers. Des fossiles de prosimiens ont été découverts dans différentes parties du monde, y compris en Europe, en Asie, en Egypte, et même dans le nord-ouest des Etats-Unis tels les galagos trouvés en Afrique, les loris en Asie et les tarsiers à Bornéo et aux Philippines.

Les lémuriens partagent donc de nombreux traits communs de base avec les autres primates, tels que doigts opposables aux mains et aux pieds et ongles au lieu de griffes pour la plupart des espèces. Ils sont majoritairement arboricoles, grâce à leurs mains et pieds préhensiles, caractéristiques des primates. Ainsi ils peuvent sauter d'une hauteur de 10 mètres, ce qui leur permet de passer d'un arbre à l'autre sans descendre au sol. En une seconde, ils franchissent les deux mètres de vide séparant deux arbres. Les primates sont en général très vocalisateurs et les lémuriens ne font pas exception, certaines espèces ont de vastes répertoires vocaux. Cependant, la taille du cerveau par rapport à leur corps est inférieure à celle des primates anthropoïdes.
Le plus souvent ils vivent selon une organisation matriarcale (notamment les makis cattas, varis, indris), phénomène peu courant chez les animaux. Les espèces diurnes et cathémérales (c'est-à-dire qui restent actives à la fois le jour et la nuit) sont principalement organisées en groupes sociaux de taille variable alors les lémuriens nocturnes sont plutôt solitaires ou vivent en petit* groupes. Les lémuriens sont folivores (feuilles), nectarivores, frugivores, granivores ou encore insectivores même parfois même certains mangent des petit* oiseaux et mammifères. Il arrive qu'ils pratiquent l'automédication notamment en mangeant de la terre (géophagie) afin d'éliminer les toxines et d'aider à la digestion en fournissant des minéraux et des sels.

Présents en Afrique, les premiers lémuriens ont colonisé Madagascar il y a de cela environ 50 ou 60 millions d'années alors que Madagascar s'était détachée de l'Afrique il y a plus de 120 millions d'années. L'explication la plus communément admise face à ce paradoxe est qu'il devait s'agir de petit* animaux nocturnes arrivés sur des radeaux d'herbes dérivantes depuis le continent africain.

Les espèces ont divergé peu après cette colonisation. Sans concurrence, évoluant seuls sur Madagascar, les lémuriens se sont diversifiés jusqu'à occuper de nombreuses niches écologiques normalement remplies par d'autres types de mammifères (singes, écureuils et grands ongulés) tandis que sur les autres continents ils ont dû céder la place devant d'autres concurrents, en particulier les singes plus "intelligents".

Les familles de lémuriens se sont diversifiées au cours d'une première période d'une douzaine de millions d'années située entre l'Éocène supérieur (il y a 42 Ma) et l'Oligocène (il y a 30 Ma) au cours de laquelle il y a eu un refroidissem*nt du climat.
Un second épisode de diversification s'est produit au cours du Miocène supérieur, il y a environ 8 à 12 Ma, notamment pour Eulemur, diurne, et pour Microcebus, nocturne. Cet épisode a coïncidé avec le début de la mousson sur Madagascar.

Sur la presque centaine d'espèces de lémuriens réparties entre les cinq familles (Cheirogaleidae, Lemuridae, Lepilemuridae, Indriidae et Daubentoniidae) vivant à Madagascar près de vingt sont menacées. Depuis l'arrivée des hommes sur l'île, une quinzaine d'espèces de lémuriens se sont éteintes (dont l'Archaeoindris fontoynonti qui pesait de 160 à 200 kg).


Autrefois les lémuriens occupaient donc toute l'île avec une grande variété d'habitats: forêts sèches à feuilles caduques, forêts de plaine, forêts épineuses, forêts sub-humides, forêts humides et mangroves.

L'arrivée de l'homme sur l'île il y a 1500 à 2000 ans a eu des répercussions importantes, non seulement par la réduction des populations de lémuriens, mais aussi de leur diversité. En raison de la destruction de leurs habitats et de la chasse, au moins 17 espèces et 8 genres ont disparu et les populations de toutes les espèces ont diminué.
Et la tendance ne s'arrête pas malgré la protection résultant de leur inscription en 1973 dans la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). En 2008, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a classé 90% des lémuriens dans la catégorie des "espèces vulnérables" et près de 20 espèces sont particulièrement menacées.
Il semble que le poids de la tradition des fady se perde. Aujourd'hui, dans l'est du pays, des braconniers chassent les lémuriens. Certaines populations (10 à 20%) de cette région sont attirées par le prix avantageux de cette viande (2000 Ar le kilo), moitié prix par rapport à celle du poulet.
Et aucun chasseur n'a encore été arrêté !

Aujourd'hui, l'aire de répartition des lémuriens est limitée à 10 % de l'île, soit environ 60 000 km2. La plupart des forêts et donc des lémuriens se trouvent à la périphérie de l'île.

CLASSIFICATION

La classification complexe et mouvante des lémuriens repose sur des critères anatomiques, les modes de vie et maintenant sur des analyses génétiques.

La plupart des 98 (ou 99?) espèces de lémuriens vivants dont le poids va de 30 grammes à 9 kilogrammes sont réparties en quinze genres et cinq familles.
- Famille des Cheirogaleidae: 5 genres, 31 espèces
- Famille des Daubentoniidae : 1 genre, 1 espèce (+1 espèce éteinte) Aye-aye
- Famille des Indriidae: 3 genres, 19 espèces
- Famille des Lemuridae: 5 genres, 21 espèces (+1 genre et 2 espèces éteints)
- Famille des Lepilemuridae: 1 genre, 26 espèces.

Trois autres familles ont disparu entre 2000 et 500 ans par rapport à aujourd'hui, du fait de l'homme, soit 8 genres et 17 espèces...
- Famille des Archaeolemuridae: 2 genres, 3 espèces (toutes éteintes) dont l'Archaeoindris fontoynonti qui pesait de 160 à 200 kg!
- Famille des Megaladapidae: 1 genre, 3 espèces (toutes éteintes)
- Famille des Palaeopropithecidae: 4 genres, 8 espèces (toutes éteintes).


ESPECES RENCONTREES

Au cours de notre périple, nous avons seulement vu une douzaine d'espèces de lémuriens soit 8,50% de celles qui sont recensées (et toujours vivantes).

Dans la famille des Cheirogaleidae, nous avons rencontré:
- Microcèbe roux (Microcebus rufus).

Dans la famille des Indriidae, nous avons rencontré:
- Propithèque de Verreaux (Propithecus verreauxi)
- Propithèque à diadème (Propithecus diadema)
- Propithèque de von der Decken (Propithecus deckenii)
- Propithèque de Milne-Edwards (Propithecus edwardsi)
- Indri ou babakoto (Indri indri).

Dans la famille des Lemuridae, nous avons rencontré:
- Hapalémur gris (Hapalemur griseus)
- Hapalémur doré (Hapalemur aureus)
- Maki catta (Lemur catta)
- Lémur fauve ou brun (Eulemur fulvus)
- Lémur à ventre rouge (Eulemur rubrimenter)
- Vari noir et blanc (Varecia variegata).

Un regret, nous n'aurons pas eu la chance de voir "la danse des sifakas" lorsqu'ils se déplacent sur le sol dans un mouvement à la fois vertical et horizontal par sauts successifs sur un mode qu'on ne retrouve chez aucun autre mammifère. Quadrupède dans l'environnement arboricole, au sol ils se sont adaptés à une forme de bipédie et leur marche ressemble plutôt à un galop. Cette bipédie est également pratiquées par les indris et plus rarement par les makis cattas (au sol, ces dernier marchent habituellement sur leur quatre pattes).

Après avoir rencontré ces adorables peluches que sont les lémuriens, on en viendrait à regretter qu'ils ne soient pas les ancêtres de l'Homme plutôt que leurs laids cousins les singes.

Même les vitrines de Noël 2012 des Galeries Lafayette du quartier de l'Opéra à Paris leur font un clin d'oeil avec les sacs Louis Vuitton !

...et quelques mots sur les "lézards"

DIVERSITE...

Les lézards au sens très général du terme forment un sous-groupe des sauriens, les Lépidosauriens, à côté de celui des Archosaures (crocodiles et oiseaux). Par certaines caractéristiques, certains de ces animaux empruntent des caractères aux crocodiles, aux serpents ou aux tortues! Ils ont ordinairement quatre membres, rarement deux et quelquefois aucun. Leurs doigts sont garnis d'ongles crochus; ils ont des dents; ils ne subissent pas de métamorphose.

Les lézards se répartissent en 9 grandes familles (une bonne trentaine de "familles" en tout) comportant plus de 440 genres et plus de 4500 espèces !
Madagascar abrite plus de 210 espèces de "lézards".


..QUELQUES RENCONTRES

Au cours de notre périple, nous avons rencontré quelques espèces appartenant à quatre des "super-familles".

- Les Chaméléontoïdés: la queue des caméléons a la faculté de s'enrouler pour soutenir l'animal qui par ailleurs possède des yeux indépendants.
- Les Iguanidés: le dos et la queue des iguanes sont assez ordinairement pourvus d'une crête parfois, haute et dentelée et la queue peut être armée d'écailles épineuses disposées par anneaux.
- Les Geckonoïdés: les geckos ont la particularité d'avoir des doigts qui leur permettent d'adhérer aux surfaces les plus lisses et même de se tenir accrochés sous une feuille ou un plafond, ce sont aussi les seuls sauriens capables d'émettre des cris.
- Quant aux divers lézards à proprement parler, ils forment la famille des Lacertoïdés.

Manao ahoana ! Bonjour !

Debout à 7h30, après moins de 6 heures de sommeil. Nous avons à peine eu le temps d'apprécier le confort de notre chambre au Chalet des Roses.
Petit-déjeuner continental qui nouspermet de faire connaissance avec les sachets de l'incontournable thé malgache TAF...

A 9 heures nous avons rendez-vous avec Richard, le responsable de notre agence pour un briefing d'avant circuit. Afin de ne pas nous retarder, il commence à nous expliquer notre circuit sans attendre une jeune stagiaire qui est en retard!

Pour démarrer, ce n'est pas vraiment un rythme mora mora ("doucement, lentement") que l'on prête traditionnellement aux Malgaches.
Peut-être que les traditions se perdent car ce que l'on a pu percevoir de la vie des Malgaches au cours de notre circuit, c'est qu'ils étaient loin d'être oisifs et qu'ils s'affairaient souvent à des travaux pénibles. La notion peut en revanche tout à fait s'appliquer aux transports collectifs...

A10h, c'est parti avec Patrick au volant d'un 4x4 Mitsubishi Pajero. C'est un véhicule de seconde main, importé du Japon comme en témoigne le volant placé à droite. Confortable, avec climatisation dont nous ne ferons pas usage car la température est agréable et lorsque nécessaire on peut baisser facilement les vitres électriques, ce qui ma foi est bien commode pour saisir quelques photos sur le vif.
Nous avons environ 200 km à parcourir pour cette première étape sur la fameuse Route Nationale 7, sur la route de nos vacances françaises, non pas vers la Côte d'Azur mais vers la côte sud-ouest de Madagascar!
Il faut commencer par remplir le réservoir. Dans la station Jovenna où nous faisons le plein, je suis effaré par le prix des carburants: le litre de gasoil à 2710 MGA (ou Ariarys) soit pratiquement 1 €uro, le revenu journalier moyen d'un salarié malgache... La grande bouteille d'eau achetée en boutique revient à un demi Euro (et un peu plus du double dans les restaurants). Pas cher pour nous mais inabordable pour le Malgache de base.

Nous découvrons les embarras de circulation dans une ville qui a grandi trop vite, sans plan directeur et sans infrastructures pensées pour l'automobile. Facteur aggravant le relief vallonné. Facteur favorable: la pauvreté limite le nombre de véhicule et leur taille. On dit que Madagascar est un "musée vivant de l'automobile française" et c'est vrai. On y voit en quantité tout ce qui a circulé chez nous depuis les années 1960-70 et notamment des quantités de Renault 4 mieux connues sous le nom de 4L. Ceci n'empêche pas de voir également leurs aînées 2CV Citroën. Ce qui est remarquable, c'est le relatif bon aspect extérieur des véhicules. Ici, on a l'air d'accorder de l'importance à l'apparence. Ce qui n'empêche de voir souvent des capots levés et des mains dans le cambouis. Souvent ces véhicules ont un petit quelque chose d'étrange dans leur allure... Après observation plus attentive, on les trouve un peu "haut sur pattes" (suspensions adaptées pour avoir un plus grand débattement sur les pistes), avec en quelque sorte un petit air de famille avec les races de poulets haut sur pattes que l'on voit sous les tropiques...

L'agglomération d'Antananarivo est très étendue, une bonne douzaine de kilomètres à partir du centre, pour la quitter en direction du sud. Plus on s'éloigne et plus les espaces de rizières viennent se mélanger aux zones d'habitation.
A 13 km au sud de la ville, nous passons près du Palais présidentiel d'Iavoloha sans le savoir car Patrick ne nous l'a pas indiqué. C'était le palais mégalomaniaque que se fit construire lors de son premier mandat Didier Ratsiraka, le quatrième président du pays (1976-1993).

Sur la route, nous pouvons voir les premiers petit* chariots astucieusem*nt bricolés que de jeunes Malgaches poussent et tirent pour transporter toutes sortes de marchandises, du bois, du fourrage, des sacs de charbon de bois et des sacs de riz qu'ils laissent dévaler dangereusem*nt les côtes dès que c'est possible. Ces engins improbables expriment la débrouillardise de ces gens démunis: roues faites de rondelle de bois, de roulements à billes, direction actionnée parfois par un volant récupéré sur des voitures ou des camions, freins fait de patins de bois frottant sur les roues... Une spécialité malgache parmi d'autres...

La route est particulièrement dégradée car c'est un axe très emprunté. Aux nids de poule et aux accotements ravinés, il faut ajouter les rétrécissem*nts à une seule voie pour le passage de nombreux ponts, les piétons aux abords des localités, les petit* chariots, les véhicules en pannes, les taxis-brousse à l'arrêt à une halte....

Premier arrêt, à 11H, aux environs d'Ampangabe, pour voir un étal d'artisanat de vannerie en raphia coloré et tressé, objets plus ou moins utilitaires du genre chapeau (satroka), accessoire apprécié des Malgaches, ou jouets et objets décoratifs. A l'arrière de l'étal, s'affaire tout un clan de plusieurs familles, avec leurs enfants car la rentrée n'a pas encore eu lieu, s'affère au travail sur le raphia ou aux feux qui chauffent les cocottes où mijote le déjeuner. Cette cuisine au bois à l'inconvénient de dégager beaucoup de fumée et les objets achetés en garde encore l'odeur des mois après notre retour...

Les lanières de raphia qui sont ainsi tissées ou tressées proviennent d'un palmier de zone humide dont les feuilles peuvent atteindre 25 m de long, un record! Ce n'est pas pour rien que le nom désignant la fibre se trouve être d'origine malgache puisque Madagascar a pratiquement le monopole du raphia employé dans le monde.

Aux abords de la route, outre les rizières et les premiers fours à briques en cours de cuisson si l'on en juge à la fumée qui s'en dégage (du bois est intercalé dans la meule entre les briques de terre crue) et d'autres sont en train de refroidir (il faut attendre trois semaines), on peut observer déjà les méfaits de la déforestation qui favorise le ravinement des collines à la saison des pluies. Ces cônes de ravinement sont désignés avec un mot malgache, lavaka (qui signifie "trou"), mot passé dans le langage international des géomorphologues.
Contrastant avec le vert des rizières, la couleur rouge de la latérite s'impose dans le paysage et dans les maisons faites en pisé ou en briques. Les maisons de ce style, en brique et à étage, sont apparues sous l'influence du fameux Jean Laborde, conseiller de la Reine Ranavalona Ière (première moitié du XIXe s). Les plus anciennes sont couvertes de chaume tandis que le toit de certaines constructions récentes est en tôle. Ces maisons récentes sont parfois recouvertes par des enduits modernes faits avec un mortier à base de ciment et peint de diverses couleurs. Seuls points communs, elles comportent un étage (parfois deux pour les maisons récentes les plus cossues) et n'ont pas de cheminée d'où des traces de fumée sur les façades, au-dessus des fenêtres. Heureusem*nt que Madagascar est une île peu affectée par la sismicité car la plupart de ces maisons s'effondreraient comme de simples châteaux de cartes.
Des églises multiples dans le moindre village (protestante et catholique) et parfois au milieu de nulle part. Plus loin, un long étal de grandes statues de la Vierge Marie occupe l'accotement.
Un petit air landais ou périgourdin avec des publicités pour le foie gras de canard. La technique de gavage a été expérimentée au début des années 1960 et la filière s'est développée vraiment à partir des années 1980 avec la société Bongou.

Il est bientôt midi lorsque nous arrivons à Ambatolampy après avoir traversé des paysages à l'incroyable palette de couleurs.


AMBATOLAMPY [ambatoulamp']

Avant de déjeuner Patrick en aluminium avec la technique de coulage "à moule perdu". Dans une impasse à la chaussée en terre défoncée, première fabrique fermée nous dit-on pour finalement se raviser et nous dire que se tient dans la cour un "banquet-pique-nique" de fête de retournement de mort (Famadihana) mais que des ouvriers travaillent quand même...
A cette heure de la journée et avec tous les foyers disposés dans la cour pour fondre de vieux morceaux d'alu (y compris des morceaux de blocs moteurs) à l'aide de charbon de bois, il fait particulièrement chaud et enfumé. Mon épouse frôle le malaise vagal et ne voit donc pas grand chose du processus de fabrication.


Pourquoi travailler l'alu et non pas la fonte? L'alu est l'un des métaux qui fond à assez basse température, 660°, donc sa métallurgie est abordable de façon artisanale (en recyclage du métal car sa fabrication initiale à partir de la bauxite, un minerai pauvre, est complexe -utilisation de produits chimiques- et coûteuse, particulièrement en énergie électrique).
En recyclage, la fusion du métal n'est donc pas trop difficile à obtenir. La partie la plus étonnante de la fabrication concerne la réalisation du moule ou plutôt des moules et le coulage proprement dit.
Quatre ouvriers s'affèrent dans l'atelier où l'on assiste à quelque chose de spectaculaire.
Les moules sont fait d'un sable très fin, de couleur sombre, humidifié pour se tenir. Le moule intérieur correspond au pâté de sable fait avec le contenu d'une cocotte-modèle retournée sur un plateau. Ce moule est réutilisé et retouché e si nécessaire. Ce moule est recoiffé par la cocottee-modèle afin de confectionne le moule extérieur qui est fait de deux cadres de bois qui sont remplis de sable fortement tassé afin de pouvoir être retirés méticuleusem*nt afin de dégager la cocotte-modèle. Maintenant, ces moules extérieurs viennent emboîter le premier moule. Pour que l'ensemble se maintienne bien en place, outre des guides faits de tiges d'acier traversant les moules extérieurs, deux ouvriers grimpent sur l'assemblage pendant la phase de coulage! Dans l'espace ménagé ainsi entre moule intérieur et moule extérieur on coule l'aluminium fondu que l'on verse le contenu en fusion d'un creuset (une petite poche de transport) dans un orifice de moule supérieur jusqu'à ce que qu'un évent faisant office de trop-plein rejette le métal excédentaire. Rapidement les ouvriers qui travaillent pieds nus procèdent au démontage du moule, libèrent la nouvelle cocotte et le cycle de fabrication recommence. Après refroidissem*nt les cocottes brutes passent dans un atelier de finition où on ébarbe les bavures.

Tout cela nous aura mis en appétit lorsque nous nous attablons pour déjeuner une petite demi-heure plus tard "Au Rendez-Vous des Pêcheurs - depuis 1951 Restaurant Gastronomique". Il n'y a pas foule et le service traîne un peu. Mes accompagnatrices se laissent tenter par des plats à base de porc ou de volaille. Pour ma part, j'attaque mon premier repas typiquement malgache, un copieux "romazava de zébu aux brèdes mafana" servi en cocotte alu comme il se doit.
Décodage: le romazava mafana, c'est une sorte de pot au feu dont les légumes sont uniquement les feuilles de ces brèdes mafana (Acmella oleracea parfois appelée "cresson de Pará" et originaire d'Amérique du sud), les fleurs jaunes et les feuilles de brèdes mafanas ont un goût piquant (mafana veut dire "chaud") et poivré très persistant en bouche avec une sensation légèrement astringente, après coup.
Coût du plat servi accompagné au choix de riz, pois chiches ou rougail (sorte de ratatouille à base de tomates, oignons, gingembre, citron, piment): 10 000 MGA soit 3,50€. La grande bouteille d'eau (1,5 l) tout comme la grande bière THB de 65 cl coûtent 3000 MGA.

Trois quarts d'heure plus tard, il faut songer à reprendre la route. Le soleil est ardent et sa position septentrionale nous rappelle que nous sommes dans l'hémisphère austral, ce qui nous surprend moins depuis notre circuit péruvien.
En traversant la ville, c'est l'occasion de voir les premiers pousse-pousse. Cette invention japonaise et non pas chinoise qui s'est répandue à travers le monde depuis la fin du XIXe s. a été particulièrement adoptée par les Malgaches, toujours dans sa version d'origine, la traction humaine. La version modernisée de type tricycle (ou cyclo-pousse) est peu représentée. On verra ces "hommes chevaux" courant dans les rues de toutes les bourgades et villes traversées le long de la Nationale 7. Et n'allez pas croire que ce moyen de transport est destiné aux touristes. Les Malgaches en font usage pour se faire transporter, parfois à deux ou trois (une mère et des enfants par exemple), ou pour le transport d'objets (madriers...), sacs et colis.

Dans la campagne, des maisons se font plus coquettes avec leur pisé peint dans des pastels rosés. Nous commençons également à remarquer les premiers tombeaux monumentaux érigés dans les champs. Près d'une rivière, les lavandières étalent le linge à sécher sur des rochers. Et plus loin,les troupeaux de zébus se dirigeant vers les abattoirs de la capitale font étape dans des pâturages.
Les fonds de vallées sont occupés par des rizières ainsi que les premières pentes cultivées en esthétiques terrasses, héritages des lointaines migrations indonésiennes. Moins gracieusem*nt, on aperçoit de temps à autre les fumées de feux, brûlis (tavy) ou feux de forêt... Puis ce sont des femmes occupées à casser des cailloux au bord de la route (ça nous rappelle l'Inde ou la Birmanie). Des vendeurs de charbon de bois ont installé de vraies barricades de sacs blancs au bord de la route. Un moment nous longeons la voie ferrée allant d'Antsirabe à Tamatave (Toamasina), en passant par la capitale.

En approchant d'Antsirabe, surprise de voir un tuk-tuk Bajaj, la grande marque indienne pour ces engins. Ne parlait-on pas de l'Inde à l'instant ? Un auto-rickshaw égaré? En fait, il faut savoir que Madagascar accueille une importante communauté indo-pakistanaise qui "prospère" dans le commerce... Mais c'est plutôt un flot de pousse-pousse que l'on va rencontrer ici car Antsirabe a la réputation d'être "la capitale des pousse-pousse".


ANTSIRABE ("là où abonde le sel ") [antsirabé]


Antsirabe est la troisième plus grande ville de Madagascar après Antananarivo et Toamasina (ex-Tamatave), avec une population qui pourrait être estimée à près de 200 000 habitants.
La ville a été célèbre à l'époque coloniale: "ville d'eaux de l'hémisphère sud", à l'atmosphère rafraîchie par l'altitude (c'est l'endroit le plus froid du pays) ce qui est apprécié à la saison chaude. La ressource thermale est à mettre en rapport avec l'environnement d'anciennes montagnes volcaniques. Cette activité a péricl*té tandis que quelques activités industrielles ont pris la relève: embouteillage de l'eau minérale gazeuse, brasserie de la fameuse bière THB (Three Horses Beer) et textile.

Première visite d'artisanat au programme, un petit atelier de travail de gemmes. Rien d'étonnant avec la grande variété de pierres semi-précieuses que la Grande Ile recèle. Nous sommes gentiment reçu par les lapidaires de la "Taillerie de la Ville d'Eau Chez Joseph".

Un peu plus tard, cette fois il s'agit d'un artisanat plus banal puisqu'il s'agit d'un atelier de confiseur "Chez Marcel" où nous passerons une petite demi-heure. L'atelier ne paie pas de mine mais l'accueil est charmant. On bous fait une démonstration complète de fabrication de bonbons en nous proposant de choisir deux parfums naturels parmi une quinzaine. Nous optons pour citron et gingembre. Ca va piquer un peu...
Le sucre est fondu dans une cocotte en alu pour en faire un sirop épais. Pour le type de bonbons croquants que l'on va nous fabriquer, il faut porter le sirop à environ 140°, au stade "cassé". A la température requise le sirop est versé sur une sorte de paillasse, une pierre de granit huilée. La poudre des ingrédients apportant le parfum est ajoutée et travaillée d'abord à la spatule puis lorsque le sirop aura unpeu refrodit et commencé à se figer, la pâte est travaillée à la main et étirée pour y incorporer de l'air. Le malaxage continue en étirant le cordon de pâte sur une tige métallique. Après quoi, trois formes sont données aux bonbons: découpage en biais avec des ciseaux en forme de berlingots dits "bonbons à la française", bonbons coupés au fil puis roulés en boule dits "bonbons malagasy" et enfin technique plus sophistiquée, passage du cordon de pâte entre les rouleaux d'une presse à bonbons qui y imprime des motifs après quoi il est facile de séparer les bonbons d'autant qu'après refroidissem*nt leur matière est devenue cassante.

La journée sera riche en visites puisque quelques minutes plus tard nous nous retrouvons "Chez les Six Frères", un atelier travaillant la corne de zébu.
Cette démonstration nous permet d'assister au travail d'ébauche d'un objet décoratif en forme d'oiseau stylisé. Là aussi nous passerons une petite demi-heure.

Les cornes récupérées dans les abattoirs sont chauffées et à un moment donné, un coup sec frappé sur la corne permet d'en détacher le cornet osseux (le chauffa*ge liquéfie les tissus entre os et kératine). A noter que la couleur de la corne dépend de la couleur de la robe du zébu duquel elle provient. Ensuite, c'est un travail plus artistique d'entaillage à la scie, de chauffa*ge pour assouplir la kératine afin de déformer et tordre certaines parties, puis de polissage au touret, à la lime, à la toile émeri, à la lame de verre en guise de grattoir et pour finir, lustrage avec de la cendre. La fabrication complète de ce modèle d'oiseau demande trois heure de travail, un ouvrier en produit donc trois par jour...Les déchets transformés en farine servent d'engrais et d'aliment pour le bétail.
Côté boutique on peut voir la grande variété d'objets que l'on peut faire avec la corne. Objets utilitaires comme peignes ou chausse-pieds, verres, couverts, coupe-papier... Objets de parures: pinces à cheveux, bracelets, colliers, bagues, pendentifs, boucles d'oreilles... en couleurs naturelles ou teintés. Objets décoratifs plus ou moins fantaisistes: coffrets à incrustations de corne, oiseaux, poissons, bateaux, insectes monstrueux...


Il est déjà 16h30 et le tour de ville pour voir les bâtiments coloniaux sera donc vite expédié. Après coup, j'ai constaté que nous avons débouché sur l'avenue de l'Indépendance, avec derrière nous l’Hôtel des Thermes. Remontant l'avenue, nous sommes passés entre la Poste et la Stèle de l'Indépendance à la gloire des 18 ethnies du pays ...sans que Patrick nous les signale le moindrement du monde.

Photo rapide depuis la voiture en passant devant le bâtiment à tour centrale de la gare construite en 1923 mais nous n'aurons pas le loisir d'observer les maisons merina à colonnes, ni de jeter un coup d'oeil à la cathédrale de la Salette ou de voir l'établissem*nt thermal construit en 1917 (qui d'après la doc a une architecture qui rappelle celle de la gare).
Nous quittons la ville toujours au milieu d'une dense circulation de pousse-pousse.
La région située aux alentours de la ville d’Antsirabe s'appelle le Vakinakaratra. Il est un peu plus de 17 heures quand nous arrivons dans la bourgade de Manandona, un village entouré de rizières. Le jour baisse, lorsque nous quittons la route pour prendre sur notre droite une piste qui traverse les rizières et qui bientôt, de plus en plus défoncée, grimpe sur un coteau.

MANANDONA [manandoun']

A 17h15, sur notre gauche, un grand tombeau familial derrière une bâtisse.
Nous voici arrivés au terme de l'étape, notre gîte Bakobako, chez Jean-Auguste et Honorine Rabary, à Ambohitrimanjato. Il se situe vers les 1400 m. d'altitude, au pied de la montagne Ibity (2254 m.). Le village compte 370 habitants dont la moitié d'enfants (environ 6 par famille).

Bakobako, c'est une onomatopée évoquant le roucoulement du pigeon malgache ( "coo-coo-ooooooooo") et c'est aussi un mot malgache signifiant "gentils" lorsque l'on qualifie des jeunes enfants car on ne doit jamais dire qu'ils sont beaux ou jolis. Tiens donc, voila un point commun avec l'Inde !

Quelques mots sur nos hôtes.
Ce gîte et ses hôtes sont évoqués sur le site des voyageurs Claudie et Jacques. Si nous sommes d'accord avec eux sur le surnom de "vieux coq" dont s'affuble lui-même le maître des lieux, en revanche il y a un petit problème sur son prénom car il s'agit de Jean-Jacques et non pas d'Eugène. Le personnage haut en couleur est débordant de dynamisme malgré ses 78 ans. Il se fait aussi appeler Dada Bary (dada signifie grand père et bary est un raccourci du nom de famille). C'est un ancien technicien hydraulicien en charge de la gestion de l'irrigation des rizières. Après l'indépendance en 1960, il a bénéficié d'un séjour de 18 mois en Camargue pour se former.


On est bien accueilli ici. Ce sera l'une des deux seules étapes du circuit où l'on nous offrira un pot d'accueil: bière (une THB de 65 cl !) et cacahuètes. Jean-Auguste est aussi un conteur et un animateur qui manie l'humour avec art.
En excellent français, il raconte sa vie et celle des membres de sa famille en émaillant le tout d'anecdotes tandis que la nuit tombe vers 18 heures. Notre conteur remonte même jusqu'à un grand-père qui eut rang de gouverneur de la Reine! Il parle de son épouse Honorine, maîtresse cuisinière, spécialiste du zébu. Il évoque aussi ses enfants, certains partis à la ville, et en particulier son fils Jean Lamour dont il semble très fier et auquel il nous confiera demain pour la ballade dans les villages et les rizières.
Personnage intéressant et ...intéressé lorsqu'il nous montre sa "collection", en fait un sac en plastique rempli de pièces de monnaies étrangères auquel des euros font défaut puis il embraye sur sa "collection" de billets de banque en nous proposant un curieux (é)change: un billet de 10 000 MGA contre un billet de 5€, ce qui lui procurerait ainsi un gain de 4 000 MGA puisque le cours est de 2 800 MGA pour un Euro!

Maintenant quelques mots du gîte.
Nos habituels voyages organisés en groupe ont pu nous amener à loger dans des hôtels peu confortable mais nous ne sommes ni des routards ni des trekkeurs et nous ne nous attendions pas à la grande rusticité du gîte (je serais tenté d'écrire son inconfort), surtout que notre première nuit malgache avait été fort écourtée.
Le gîte se présente sous forme d'une grande maison à étage dont le rez-de-chaussée est précédé par une galerie-terrasse. A chaque niveau, on trouve deux chambres lesquelles comportent deux lits superposés soit 4 personnes. La maison comporte donc 16 couchages. Dans une maison voisine, il y a également deux chambrées à 4 couchages. Jean-Auguste peut donc accueillir jusqu'à 24 personnes... Ailleurs sur le site du gîte on trouve mention de 52 lits (!). Ce soir nous ne sommes que trois pensionnaires tandis que le gîte doit être au complet le soir suivant. En fait dans le cadre des actions de développement s'appuyant sur le tourisme, il existerait également quatre autres gîtes aux environs.

L'installation électrique est des plus sommaire (fils souples, dominos apparents) et l'éclairage n'est assuré que pendant environ deux heures grâce à un groupe électrogène faiblard. Avec un bat-flanc et un matelas plutôt mince, le couchage est dur. La protection antimoustique se limite à des spirales à brûler qui, en raison de l'humidité, refusent de brûler.
Un mot sur les sanitaires. Il n'y en a évidemment pas dans le gîte. Des petit* cabanons non loin de là dans le jardin en font office. L'eau ne coule pas de robinets ni de chasse d'eau. Des seaux d'eau froide et même chaude, à la demande, sont mis à disposition. Vase de nuit également disponible...

La salle de restaurant se trouve dans un petit bâtiment face au gîte.

Avant le dîner, entre 19h et 19h30, Jean-Auguste nous a concocté un petit spectacle sans prétention pour lequel il mobilise une demi-douzaine de jeunes gens pour faire l'orchestre et une quinzaine d'enfants, dont certains de ses petit*-enfants. Les instruments relève de l'inventivité malgache: guitares à cordes faites avec des câbles de freins de vélo, banjo à cordes en fil de pêche... et plus traditionnels tambours en peau de zébu. Dans la traditions malgache, danses et chants empruntent parfois à l'actualité: "danse de la reine", "danse des kalaks" (les Kalachnikovs utilisées par les dahalos, les voleurs de zébus"), "danse exotique"... Quête pour les musiciens tandis que les enfants espèrent de sacs de bonbons. Comme nous avons le souci de préserver leur dentition, nous n'avons rien de tel à leur proposer. Nous remettons un peu d'argent à Jean-Auguste contre la promesse qu'une partie sera transformée en cahiers et crayons.

A table!
Honorine n'a pas failli à sa réputation de cuisinière pour le dîner.
Une surprise la légèreté de la vaisselle que nous aurions pu prendre pour de la faïence. En réalité il s'agit de fine tôle émaillée et décorée, que Jean-Auguste qualifie de "vaisselle de le Reine" puisqu'il s'agit d'une technique héritée de Jean Laborde, le conseiller de la Reine Ranavalona Ière (première moitié du XIXe s).
Dîner très (trop) copieux: délicieuse soupe de légumes (on en reprend), hachis de zébu accompagné de choux-fleurs, tomate et radis, côtelettes de porc grillées accompagnées de mange-tout et pour finir salade de banane compotée.

Mal dormi: trop mangé et couchage trop dur! De plus, on perçoit l'aurore au travers des volets dès 5 heures.

A 7heures, petit-déjeuner tout aussi copieux que le dîner de la veille. Confiture maison, fromages et miel aux goûts particuliers, thé, café, chocolat au lait (à base de lait concentré Socolait). Egalement des galettes à pâte blanche faites à base d'une farine grossière de riz, des sortes de pancakes sans oeuf. Et aussi du "pain français", en fait il s'agit d'un pain blanc trop pétri, à mie très légère, comme on en trouvait chez nous il y a une trentaine d'années. Au cours de notre voyage, nous retrouverons pratiquement partout cette même texture de pain.

Ainsi réconfortés, notre petit groupe de vazahas (prononcer [vaza]) peut aborder la matinée de découverte des villages et rizières de la plaine en compagnie de Jean Lamour, le fils de Jean-Auguste. Outre son activité de guide et son implication dans une association de développement local, il exerce le métier d'architecte-ingénieur et il dirige des projets de construction y compris à Tananarive.

Vazaha

La notion de vazaha est un moyen de catégoriser l'étranger par l'apparence physique, celui venu d'ailleurs, sans notion péjorative ou raciste. Le terme peut aussi être appliqué à un Malgache qui a vécu longtemps hors du pays. Enfin, il peut en être fait usage pour désigner une personne au statut social élevé, comme on dirait "patron". Mais a contrario, d'un expatrié bien acculturé, on dira qu'il n'est plus vazaha ou alors que c'est un "vazaha gasy" (étranger malgache).
La notion de vazaha se décline comme celle de vahiny, invité. Quand on est parfaitement intégré, on n'est plus invité mais on est comme chez soi.
Quant aux Blancs nés dans le pays, ce sont des zanatany, des "fils du sol".

D'autres désignations ethniques s'appliquent aux étrangers notamment ceux venant d'Asie: Karana pour les Indo-pakistanais et Sinoa pour les Chinois.

A 7h45, avec nos chaussures de marche aux pieds, nous quittons le gîte avec un sac léger (il faut quand même compter 1,5 litre d'eau par personne) et sans même porter notre pique-nique. Nous allons parcourir environ 8 km en 4 heures de marche très tranquille.
Un coup d'oeil dans le hameau voisin avec ses maisons plus ou moins anciennes et plus ou moins vastes, en pisé, en brique, à toit de chaume, à toit de tôle, élémentaires, à terrasse couverte... Les enfants sont adorables, souriants et polis et apparemment en excellente santé. Près du hameau, on peut voir une sorte de fumière où les déchets ménagers et animaux sont mis en compost, un lieu qui ne déplaît pas à une poule venue picorer accompagnée de sa couvée et à un porcelet tacheté qui vient y fouiner.
Un peu plus loin, nous voyons quelques jeunes gens et des garçons affairés à la fabrication de briques crues: pétrissage et moulage, briques mises à sécher au soleil avant de rejoindre les murs de la maison voisine en construction. Puis nous passons devant l'école primaire à 4 cours: CE1-CE2 et CM1-CM2 avec des dessins et maximes peints sur les murs ("Nettoyer, c'est bien", "Ne pas salir, c'est mieux"...). Le monument voisin érigé en 1998 commémore le quatre-vingt-cinquième anniversaire de sa création ("R. M. 1913-1998 85 taona...").


Puis nous continuons à descendre vers la plaine en accompagnant un bout de chemin deux enfants conduisant trois zébus au pâturage. Maintenant nous allons marcher sur les chemins de terre des hameaux, le long des canaux d'irrigation et parfois sur les diguettes séparant les parcelles. Nous rencontrons Honorine qui s'en va faire des courses à vélo.
On découvre les rizières. Aucune mécanisation et pratiquement aucun recours à la traction animale (nous ne verrons qu'un attelage qui, semble-t-il, ne procédait qu'à l'ameublissem*nt d'une terre déjà retournée) pour le travail de la terre. Les seuls zébus que l'on voit sont gardés en pâturage sur des parcelles en chaume ou sur les digues. En effet, certaines parcelles ne sont pas encore retournées, d'autre sont en cours de labour à l'aide de bêches à long fer légèrement arrondi. Ces outils sont utilisés de façon curieuse, on enfonce le fer non pas en s'aidant du pied mais en précipitant le fer de toute sa force appliquée sur le manche. Pour les jeunes filles à marier, plus le fer de la bêche est long, plus celui qui la porte est un parti enviable.
Autre curiosité, l'ouvrier se place sur la partie retournée et attire la motte vers lui. Dans certaines parcelles, on peut voir le vert très tendre des semis de riz dont les plans commencent à être repiqués ailleurs dans la boue par les femmes. Notre guide nous explique que l'on fait deux récoltes par an dans cette région. Voyant que certaines parcelles sont transformées en "carrière" pour en extraire la terre non loin de four à briques, Jean-Lamour indique que c'est un moyen de pallier la baisse de production qui se manifeste au bout de quelques années, il est bon d'extraire la terre usée pour en faire des briques et retrouver un sol neuf.


On ne cultive pas seulement le riz comme on peut le constater: manioc (qui se bouture simplement avec des bout de tiges), taro ou "oreille d'éléphant" (Colocasia esculenta), patate douce, papaye, pomme de terre, petit* pois, tomates, orge, armoise (Artemisia)... De cette plante (à ne pas confondre avec l'ambroisie, sa cousine allergisante) à fleurs jaunes d'origine chinoise on extrait une substance médicamenteuse, l'artemisinine, pour soigner les malades atteints de paludisme. Depuis 2006, la société Bionexx a développé la culture sur quelques centaines d'hectares à Madagascar mais il semble que cette culture soit de moins en moins rentable pour les producteurs.
Autres cultures, cette fois dans les potagers, celles de différentes variétés de brèdes (divvers légumes à feuilles comestibles).
Les paysans les plus pauvres exploitent moins d'un hectare et doivent trouver un complément de revenu en travaillant comme journaliers dans des fermes plus importantes, dont la surface peut atteindre la trentaine d'hectares. Ce qui se traduit dans la taille et l'apparence des fermes mais étant précisé que le summum de richesse se manifeste dans les maisons colorées de fonctionnaires! On voit même une vieille Renault posée là au bord d'un sentier, aussi déplacée que s'il s'agissait d'un Ovni!
Nous visitons d'ailleurs une modeste maison dont l'unique pièce du rez-de-chaussée sert de cuisine et salle à manger. Le noircissem*nt du plafond et du haut de murs résulte de l'absence de cheminée. Heureusem*nt, comme on le constate, à la saison sèche, on fait souvent la cuisine à l'extérieur. Une échelle permet d'accéder à la chambre collective des membres de la famille.
Dans une ferme plus riche, nous arrivons lorsque la maîtresse de maison est en train de vanner le riz. Dans une cour voisine, des tubercules de manioc sèchent au soleil.
Nous croisons des troupeaux et aussi des villageois et de nombreux enfants, toujours courtois et ne sommes jamais importunés. Cette règle du jeu que l'association pour le développement a définie est bien intégrée par les habitants en contrepartie des avantages collectifs que leur apportent les retombées du tourisme.


Près d'un hameau, un panneau en bois est disponible pour affichage libre, une sorte de dazibao à la malgache. On peut y lire des messages en français ou en malgache, écrits à la craie ou au charbon : "La fille de M... est très jolie", "Je t'aime. Au revoir", "Mauvaise habitude de vazaha ...paresseux". Plus loin nous arrivons devant une cabane en planche dont la façade ouverte sert de comptoir à une épicerie de campagne devant laquelle la foule se presse. Les lavandière sont à l'oeuvre dans le canal principal où barbotent les canards et où les zébus viennent aussi s'abreuver (et s'ils ne faisaient que cela!).
Des maisons en construction: l'une que l'on commence à couvrir de chaume et l'autre dont les dernières briques des pignons sont en cours de pose tandis que le drapeau malgache qui la surmonte témoigne de son achèvement imminent. Un bon moment plus tard, nous passons près d'une carrière où des hommes tirent des moellons de granit avec l'outillage le plus rudimentaire. Nous arrivons au pied de la cascade de la source sacrée, surmontée d'un petit barrage permettant de dériver une partie de l'eau vers le canal d'irrigation. C'est l'une des seules occasions où l'on nous parlera de fady, de tabou. Ici il est interdit de se baigner dans la rivière. Par contre rien n'interdit au jeune couple d'amoureux que nous apercevons de franchir le barrage en quête de quelque coin tranquille!

Un peu plus loin on voit des femmes venant des rizières où un four à brique est installé en transportant sur leur tête des paniers contenant au moins une douzaine de briques (15 kg probablement), sous un soleil déjà ardent, il est 10h30. Arrivées sur le sentier aux abords d'un hameau, le relais est pris par des fillettes qui emportent de la même façon la moitié de la charge.
Maintenant nous rentrons carrément dans les rizières, nous dirigeant vers le centre de la plaine. Sur les diguettes on aperçoit des aigrettes (ou pique-boeufs ou encore garde-boeufs) venues compléter leur repas d'insectes par quelques grenouilles ou crustacés (écrevisses)...
Bien entendu, Jean Lamour est connu de tous et semble respecté comme un notable, qu'il n'est pas! car il se refuse à se présenter aux élections locales. En revanche, il a un rôle d'éducateur, discutant ici avec une femme atteinte d'une tumeur au cerveau qui a besoin de médicaments, là avec un adolescent qui travaillent dans une rizière et qu'il soutient dans ses études de fin de lycée pour l'orienter par la suite vers l'Université...


LES VATOLAHY, pierres dressées malgaches

A l'époque des royautés, seuls les nobles érigeaient des Vatolahy ou "pierres mâles".
C'est une tradition très ancienne qui remonte aux premiers habitants de Madagascar.
Ce type de monument dont la taille et l'ornementation dépendent de la puissance du groupe social de ceux qui l'ont érigé était destiné à commémorer un événement important: funérailles, circoncision, réconciliation, passage du roi... et plus rarement à borner une frontière.

Un autre hameau, d'autres maisons, des villageois... Une pierre levée au bord d'un chemin. Ce mégalithe qui dépasse du sol sur environ 1,50m. n'est pas une borne mais un vatolahy, une stèle ou "pierre royale" commémorant le passage ici d'un roi mérina il y a trois siècles.

Plus loin, un avis (filazana) en langue malgache invite à inscrire les élèves en vue d ela rentrée du 5 octobre (comme nous! qui rentrerons en France ce jour là).

Nous terminons notre visite par un petit atelier de tissage et d'élevage de vers à soie de Clarisse et Haingo. Outre la soie d'élevage issue des larves de Bombyx élevées dans des paniers remplis de feuilles de mûrier, on y travaille aussi la soie sauvage dont on fait des écharpes...

Il est bientôt midi et tout cela nous a ouvert l'appétit. Nous allons pique-niquer sous un petit préau de l'école primaire d'Ambohiponana. L'établissem*nt qui bénéficie de financements d'ONG a l'air important mais reste rustique... nous en utilisons les "cabinets" en toilette sèche avant de manger. Environ 350 élèves y sont accueillis dans 8 classes.
Jean Lamour a apporté le pique-nique dans son sac: copieuse salade végétarienne à base de plusieurs légumes et d'oeuf dur émietté et orange en dessert.

Après ce repas, nous retrouvons Patrick et son 4x4 à la sortie du hameau tandis qu'un attroupement d'enfants se forme autour des vazahas en train de changer de chaussures.

Au revoir Jean Lamour et bon vent pour tes projets.
Nous avons passé une agréable et instructive matinée en ta compagnie.
Nous avons vu tellement de choses mais pas le Palais Royal indiqué au programme!


Sur la piste conduisant à la Route Nationale 7 nous croisons Jean-Auguste, alerte comme une jeune homme, qui rentre à pied du village principal.
Nous retrouvons le paysage de collines chauves par l'effet des feux de brousse que l'on aperçoit souvent et avec pour corollaire des marchands de sacs de charbon au bord de la route.

AMBOSITRA [amboustch']

Après une soixantaine de kilomètres avec le cadre des montagnes de l'Ankaratra, nous avons quitté le pays mérina pour celui des Betsileo, plus précisément des Zafimaniry, un sous-groupe des Betsileos, et nous arrivons à Ambositra.

Un peu avant l'agglomération, sur le bord droit de la route, Patrick fait un arrêt à l'atelier de marqueterie et sculpture zafimaniry sur bois précieux (bois de rose, acajou, palissandre...) "Arts Malagasy - Jean et Frère". Ce n'est pas notre jour de chance car une bonne partie du personnel (le tiers ou la moitié!) se trouve absent ce jeudi, pour des causes qu'on ne sait pas trop bien nous préciser: fête de retournement de mort (famadihana)... Toujours est-il que nous ne verrons que des sculpteurs au travail, ce qui est commun, mais ne verrons aucun travail de marqueterie, beaucoup plus passionnant selon les témoignages que j'en ai recueilli (technique de découpage notamment). Le savoir-faire du travail du bois des Zafimaniry a fait l'objet du classem*nt de la culture zafimaniry, proclamée par l'UNESCO chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité en 2003 puis inscrite en 2008 sur la liste patrimoine culturel immatériel de l’humanité.


Nous passons Ambositra sans visiter le quartier de Tompon'I Vinany, ni l'église des Jésuites ni le Palais Royal (encore un de raté!) mais il vrai que l'heure tourne. Il est près de 15 heures et nous avons encore 85 kilomètres à parcourir soit environ deux heures de trajet si l'on adopte cette mesure des distances plus appropriée ici. Et toujours des fumées de feux, brûlis (tavy) ou feux de forêt. Les maisons en pisé se font plus nombreuses.
Les défaillances mécaniques et la fatigue aidant sont causes d'accidents. C'est sans doute ce qui est arrivé au camion que nous voyons renversé sur le côté de la route. Nous passons très près de feux de brousses qui sont comme toujours hors de contrôle.
Notre chauffeur à demi rassuré nous indique qu'à partir de maintenant nous entrons dans une des "zones rouges" pour les attaques par les bandits, les dahalos, voleurs de zébus et détrousseurs de voyageurs. Il ajoute qu'il vaut mieux ne plus être sur la route à la nuit venue... Pour limiter les risques, et de panne, et d'embuscade, les taxis-brousse qui roulent la nuit se déplacent en convois de 5 ou 6 véhicules.

16h20, c'est la panne! Ca n'arrive pas qu'aux taxis-brousse.
Même si nous ne sommes qu'à environ trois kilomètres de notre destination, c'est ennuyeux. Il y a là nos affaires et puis pour la suite du circuit. Patrick est catastrophé. Il a la responsabilité de nous acheminer. Le véhicule appartient à son patron, Richard. Et il a clairement en vue qu'il va perdre les 6 jours suivants où il devait nous accompagner jusqu'à Ifaty. Apparemment aucun témoin n'a alerté sur un problème et c'est a vapeur s'échappant du capot qui révèle un gros problème de kjoint de culasse ou même, selon les dires de Patrick, de fissure de culasse. Après dix minutes, le moteur ayant un peu refroidi, il y met ce qui nous reste d'eau et, pour compléter, demande à des villageois passant par là d'aller nous chercher de l'eau au ruisseau qui coule en contrebas avec nos bouteilles vides. Ceux-ci s'acquittent bien de la commande et reçoive de petit* billets en échange de l'eau trouble rapportée. Avec ce dépannage de fortune, nous arrivons à destination un peu avant la nuit, vers 16h45.


AMBOHIMAHASOA [ambouhimasou]

L'Ecolodge de l'Ialatsara ou "Lemur Forest Camp" se trouve en bordure de route, sur la gauche, quatre kilomètres avant d'arriver à la ville d'Ambohimahasoa.
Ouvert en 2002, il est tenu par Daniel Rajaona, un grand malgache métissé (mais ne le sont-ils pas tous, plus ou moins?) d'apparence bourrue mais fort sympathique qui vit ici pendant la belle saison avec Bérénice française dans la grosse maison voisine du restaurant. C'est d'ici que demain la matinée nous devons partir à la découverte de la Réserve privée de l'IADE (Ialatsara Développement Ecoutourisme).

Nous aurons encore une nuit rustique car nous logeons dans des bungalows légers sur pilotis,non totalement clos (pointes de pignons non fermée). Eau dans des seaux, y compris l'eau chaude livrée sur demande. Moustiquaire bien pratique au-dessus du lit mais pas du tout d'électricité. Il faut mettre les batteries à charger dans la salle de restaurant. On peut s'éclairer à la bougie posée sur le chevet mais ça ne me semble pas judicieux avec les voilages des moustiquaires et un bâtiment tout en bois. Il vaut mieux utiliser une lampe électrique si on n'a pas oublié de s'en munir.
Le camp se trouvant au milieu des bois, nous allons entendre des bruits divers de branchages, d'animaux. D'ailleurs Daniel nous a dit de prendre la précaution d'accrocher à un clos de la salle de restaurant ce que nous pourrions avoir de comestible avec nous, bananes, bonbons... car cela pourrait amener des animaux à s'introduire dans les bungalows, notamment les lémurs à ventre roux (Eulemur Rubriventer) .
Les 14 bungalows dont trois dotés de toilettes intérieures (nous en bénéficions) peuvent accueillir 20 pensionnaires mais nous ne serons que cinq ce soir, nous trois et un jeune couple d'Alsaciens en voyage de noces.
Nous voyons Patrick aller et venir, suspendu à son portable et faisant grise mine. Richard ne tient pas à faire réparer par ici et il faut trouver une solution pour ramener le 4x4 à Tana. Quant à Patrick, il devra rentrer en empruntant les traditionnels moyens de transport du pays...

En attendant le dîner, entre 18 heures et 18 heures 45, on nous propose de faire une brève visite nocturne dans les parages du camp sous la conduite de Jean-Baptiste. C'est une option un peu chère: 70 000 MGA. Cela nous permet de faire connaissance avec Jean-Baptiste qui nous guidera la matinée suivante (et qui a guidé cette après-midi les Alsaciens).
Munis de lampes de poche (les frontales c'est mieux), nous aurons l'occasion d'y voir nos premiers lémuriens, les plus petit* de tous les primates, une espèce de grosse souris aux grands yeux en raison de son mode de vie nocturne, le microcèbe roux (Microcebus Rufus). Moins de 15cm pour le corps et moins de 30 cm avec la queue et un poids moyen d'environ 50 grammes. Il y a un peu de tricherie pour les observer facilement. En écrasant un peu de banane, on répond à leur régime alimentaire omnivore. Il existe une autre espèce de lémurien nocturne dans cette réserve, mais nous ne la verrons pas, les lépilémurs (Lepilemur) qui pèsent un peu moins d'un kilo.
Nous apercevrons également des caméléons de couleur verte (la Réserve abrite 7 espèces de caméléons) dont on peut observer l'extraordinaire capacité à mouvoir leurs yeux de façon indépendante (d'où un champ de vision horizontale de180° et verticale de 90°), leurs mouvements de déplacement imperceptibles d'une seule patte à la fois, comme au ralenti, et ils sont agités par un lent balancement qui simule l'effet du vent sur les branchages. Les caméléons sont emblématiques de Madagascar car la moitié des espèces existantes dans le monde y sont endémiques. Selon les espèces, leur taille s'échelonne entre 2 et 50cm.
Puis ce sont des mantes religieuses (de bien drôles d'amantes et pas si religieuses que ça, qui n'attendent parfois même pas la fin de l'accouplement pour dévorer leur amant!) également vertes, tout cela se confondant parfaitement avec les feuillages, brindilles et branchages qui les portent.

Dans une "ambiance refuge" la demi-pension incluse dans le forfait nous offre un (trop) copieux dîner: soupe de légumes, curry de poulet accompagné de riz et de feuilles bouillies de tétragone (sorte d'épinard) et pour finir, un crumble à l'ananas.


La nuit ne va pas être très reposante. Il fait vraiment frais à près de 1500 m. De plus il y a du vent et les bungalows ne sont pas du tout étanches aux courants d'air. Et tous ces bruits!
Pendant la nuit les chiens de garde du camp auront quelques épisodes d'aboiements. A l'aurore, dès 5 heures, ce seront d'autres bruits: concert de braiments d'ânes, de chevrotements de chèvres et de chants de coqs, chocs proches de cognées et haches des bûcherons suivis après un court silence des craquements du bois lorsque des arbres s'abattent dans la forêt.
Mais ce voyage n'est-il pas un peu placé sous le signe de l'aventure?

Au fait pourquoi toute cette ménagerie? Daniel nous explique que cela permet l'autosuffisance par rapport aux besoins en viandes et légumes-feuilles pour son restaurant.

Après un petit-déjeuner continental, nous faisons nos adieux à Patrick avant de partir à la découverte de la réserve pendant la matinée. Cela tombe bien car ce temps est mis à profit par Richard pour organiser le relais avec un autre véhicule et un autre chauffeur.

A 9 heures, bien chaussés, nous partons tous les trois en visite sous la conduite de Jean-Baptiste. Il est très aimable et parle très bien français et connaît bien son sujet mais gagne-t-il correctement sa vie? Sa mise permet d'en douter. C'est sans doute pour cela qu'il rêve de venir en France qu'il voit comme un Eldorado. Nous essayant de lui faire comprendre que pour lui la vie pourrait ne pas être si rose que cela chez nous...

Quelques mots sur la réserve: en 2012 elle couvre 2500 hectares dont 500 ha de forêt d'eucalyptus, 1000 ha de pinède et 1000 ha constitués par un lambeau de forêt primaire. Les spécialistes des lémuriens y ont observé jusqu'à six espèces de lémuriens.
Parmi les espèces diurnes, signalons: l'hapalémur gris (Hapalemur Griseus) ou lémur des bambous, 80cm queue comprise (la queue mesure près de la moitié de la longueur totale de l'animal) pour 1kg, lémur à ventre roux (Eulemur rubriventer), 80-90cm queue comprise pour environ 2kg et le rare et menacé sifaka ou propithèque de Milne-Edwards (Propithecus Diadema Edwardsi), la troisième plus grande espèce de lémuriens par sa taille d'environ un mètre (queue comprise) pour 6 kilos. Pendant une partie de l'hiver austral, ils hibernent dans des terriers ou des arbres creux. A la différence des autres espèces de sifaka, ils ont une robe sombre. Cette espèce appartient à la famille des Indris et nous aurons la chance d'en observer tout à l'heure.

Nous allons pendant un bon moment grimper à travers une forêt d'eucalyptus. Ce n'est pas un arbre endémique puisque originaire d'Australie mais il a été introduit par les colons il y a un siècle. Ce type de plantation couvre plus de 150 000 hectares à Madagascar. Son avantage, sa croissance rapide, grâce à ses feuilles qui produisent de la photosynthèse par leur deux faces, a pour contrepartie plusieurs inconvénients: il s'oppose à la biodiversité car il est invasif et quasi exclusif. De plus il appauvrit les sols. Il produit toutefois un excellent charbon de bois et après abattage, cet arbre a la faculté d'émettre des rejets. Avec le taillis qui en résulte, pas besoin de renouveler la plantation. L'exploitation de cette forêt est conduite de façon raisonnée: on n'abat la totalité d'un secteur ce qui évite l'érosion. Ne sont coupés que les arbres de taille moyenne (avec des haches il serait difficile de s'attaquer à des arbres de 60m de haut et de 6 ou 7m de circonférence) qui correspondent à des repousses de 3 ou 4 ans. Il n'est fait place nette qu'à l'emplacement des charbonnières ou "meules" qui ne sont pas hémisphériques comme en Europe mais sous forme de parallélépipèdes.
Nous rencontrerons les bûcherons et passerons près de nombreuses meules à divers stades de la fabrication, de la mise en place des bûches et des branchages servant de combustible à la mise en sac du charbon, en passant par la couverture en terre (afin d'éviter l'apport d'air qui produirait la combustion alors qu'on recherche seulement la carbonisation produite par une chauffe lente mais prolongée). Le cycle de fabrication s'échelonne sur une semaine. Une charbonnière fournit 30 sacs de 25kg. Autres infos: un sac est venu 3000 MGA (soit 6 fois moins qu'en Somalie, un autre pays pauvre en train de se "déforester" en exportant du charbon de bois) et il faut compter qu'en moyenne un malgache consomme deux sacs par mois pour la cuisson soit une dépense de près de 2 Euros et demi (pour un revenu moyen mensuel de 30 Euros).
Notre guide nous fait découvrir l'étrange araignée-crabe qui ne mord pas bien que tenue au creux de la main, ainsi que des caméléons, fourmilières et termitières.
Arrivés dans la pinède qui coiffe la colline, la végétation de sous-bois se diversifie et l'on voit de nombreuses espèces d'orchidées qui malheureusem*nt ne sont pas en fleurs à cette saison. Si nous avons souvent entendu le chant du courol vouroudriou ou coucou-rollier (Leptosomus discolor), nous pourrons en observer un perché dans un arbre, de taille intermédiaire entre pigeon ramier et tourterelle.
Au sommet de la colline un poste de défense avait été ménagé dans une tranchée taillée dans le granit. Nous avons une vue sur la vallée en contrebas et sur la colline voisine qui sont recouvertes par la forêt primaire vers laquelle nous allons nous diriger. De ce point de vue on aperçoit également la petite ville d'Ambohimahasoa à quelques kilomètres de là.
Jean-Baptiste communique par des cris avec deux pisteurs que nous rejoignons en descendant vers la vallée. Ils ont repéré un groupe de propithèques de Milne-Edwards (Propithecus edwardsi) au pelage foncé et nous frayent un chemin dans la jungle à grands coups de machette. Il faut suivre leurs déplacements dans la cime des arbres. On peut admirer leurs déplacements acrobatiques avec des sauts de branche en branche. Nous aurons le loisir de voir cinq adultes avec leur tâche caractéristique blanche au bas du dos et un bébé qui s'agrippe à sa mère. L'heure n'est pas très propice pour les observer car à 11 heures le soleil est presque au zénith et du coup nous voyons les lémuriens à contre-jour. Ces animaux se déplacent et en deux jours ils peuvent rejoindre la Réserve de Ranomafana distante de 40km à "sauts de lémurien".
Mais déjà il faut songer à rentrer. Nous remontons vers la pinède puis redescendons vers le camp au travers des eucalyptus.

Midi. Nous retrouvons le restaurant de Daniel qui nous sert une "salade de vermicelle" en entrée puis un curry de porc accompagné de pommes de terre et de haricot. Un flanc d'oeuf vient terminer le repas.

Nous commençons à nous inquiéter pour la suite car à 13 heures nous ne voyons toujours pas de véhicule...


Un peu de patience et nous voyons arriver un 4x4, toujours un Japonais de seconde main (volant à droite) mais cette fois il s'agit d'un Nisan Patrol. Dominique, notre nouveau chauffeur-guide travaille pour Mad Trekking, une agence de Fianarantsoa à laquelle Richard a demandé de le dépanner.
Dominique a une formation de guide et il a un moment exercé cette activité mais, à celle-ci, il a préféré la conduite. On n'en doute pas et on pourra constater qu'il conduit parfaitement: vigilance, manoeuvres toujours sures et respect des autres usagers de la route, de quelque type que ce soit (petit chariots, piétons, zébus, véhicules à l'arrêt).

Nous avons environ 80 km à parcourir pour atteindre Sahambavy, le terme de notre étape journalière. Nous poursuivons notre traversée du pays Betsileo. Nationale 7 toujours en mauvais état, troupeaux de zébus (un mois de sursis avant l'arrivée aux abattoirs de Tana), chariots petit* mais pourtant encombrants, cultures en terrasses, feux de brousse, collines dénudées, fours à briques et un nouveau camion dans le fossé.

Nous dépassons un étrange cortège, une troupe joyeuse et endimanchée avec quelques personnes pourtant sur les épaules en civière recouverte d'un linceul. Il s'agit de festivités de retournement des morts (famadihana).

Nous quittons la Nationale 7 en direction de l'est, par une petite route qui a un moment nous fait passer au-dessus de la ligne de chemin de fer reliant Fianarantsao à Manakara. Trajet que nous aurions dû effectuer le lendemain avec le train pittoresque s'il n'était pas tombé en panne... Justement, un sifflet de train! Etrange! A ce moment nous longeons la voie sur notre droite et l'on voit venir soudain le fameux train qui n'est pas en panne mais quelque peu cassé avec sa locomotive toute de guingois probablement à la suite d'un déraillement survenu il y a 11 jours, le 10 septembre. Avec seulement deux wagons au lieu des quatre habituels, à petite vitesse, le train regagne Fianarantsao et ne sera sans doute pas remis en service avant longtemps... La seconde motrice, hors d'usage depuis déjà longtemps, aura-t-elle encore assez de pièces de rechange à fournir à sa collègue?

SAHAMBAVY [sahambav]
A l'approche du village de Sahambavy (avec sa petite gare et un hôtel au bord d'un joli lac ), la route devient carrément mauvaise. De son ancien revêtement ne subsistent que quelques plaques.

Il est 15 heures lorsque nous arrivons à Sahambavy ("le champ des femmes"), village de 17000 habitants.


Ici la production du thé ne remonte pas très loin, une quarantaine d'années. Les premières boutures venant du Kenya furent plantées en 1969-70 à l'initiative de l'Institut Français du Café et du Cacao pour être testée dans un environnement a priori favorable (altitude de 1250 m et climat humide). Cela abouti en 1978 à la construction d'une première usine gérée alors par l’Etat. En 1996 les plantations furent privatisées au profit d’une société anonyme, la SIDEXAM (Société d'Investissem*nt et D'EXploitation Agricoles à Madagascar), actuellement sous contrôle mauricien. Le domaine compte près de 335 hectares (ou 385?) de plantations dont 94 hectares sont gérés par les paysans eux-mêmes. Comme la transformation du thé nécessite beaucoup d'énergie pour son séchage qui doit être rapide, la Sidexam a planté une forêt d’eucalyptus de 522 hectares pour la production de bois de chauffe.
La saison de la récolte se situe entre les mois de septembre et mars. La production journalière est en moyenne de 20 tonnes de feuilles humides, toutes ramassées à la main, par environ 250 personnes, soit 80kg par cueilleuse car il s'agit évidemment de femmes! A partir de 5kg de feuilles vertes on obtient 1kg de thé séché. La production annuelle de thé est d'environ 500 tonnes, principalement du thé noir. En dehors de la vente directe, une part de la production est expédiée vers Tana où elle est conditionnée en dosettes sous la marque TAF mais l'essentiel, 80% de la production, est exporté (notamment vers la Bourse de Mombasa au Kenya).

Plus agréablement, puisque nous sommes tout près de notre hôtel qui est au bord du lac, nous profitons d'un peu de temps libre pour grimper sur la colline voisine au milieu des plantations de théiers et nous y balader très tranquillement pendant une heure sur les chemins d'exploitation de la plantation. Magnifique spectacle que toutes ces collines couvertes de théiers qui descendent vers la vallée et le lac. Mais le paysage est étrange car des parcelles entières sont toutes grises, comme mortes. En y regardant de plus près, on se tend compte qu'en réalité les théiers de ces parcelles ont été sérieusem*nt rabattus afin de rejeter avec des jeunes branches dès la prochaine saison des pluies.
Bientôt nous apercevons un groupe de cinq jeunes (on le devine à leur tenue vestimentaire) qui gravissent la colline en courant. Où diable s'en vont-ils donc ? Nous aurons bientôt la réponse. Ils nous rejoignent. Ce sont des lycéens, encore en vacances, et nous commençons à parler de tout et de rien. De nous et surtout d'eux, de leurs études et de leurs projets d'avenir. D'après leurs dires, ils sont bons élèves et ne manquent pas d'ambition visant des métiers de médecin, avocat... Justement, pour les aider à financer leurs études, voila qu'ils sortent de leur sacoche, des cartes ornées de découpages qu'ils nous proposent afin de les aider à financer leurs études car leurs professeurs les dissuadent de mendier! OK! mais un petit conseil, répartissez de manière égalitaire vos achats sinon vous verrez la bonne humeur générale se dissiper ("Et moi? Et moi?")...
Après notre bonne action auprès de Radoniaina Angelo Rakotoarisoa et de sa joyeuse bande de copains repartis aussi vite qu'ils étaient venus, nous nous asseyons pendant que le soleil baisse à l'horizon, face à nous.

La visite de la manufacture n'est pas passionnante. Après 15 heures, il n'y a plus grande activité à voir. La plupart des machines (notamment les rouleuses) sont arrêtées. Un coup d'oeil sur le banc de flétrissage qui sert à ramener à 30% le taux d’humidité des feuilles avant de les réduire en poudre. Un autre sur le local d'ensachage et l'employée peu motivée qui nous guide n 'a qu'une hâte, celle de nous conduire dans le magasin de vente et sans même faire d'efforts pour nous faire déguster.

Il est pratiquement 17 heures lorsque nous arrivons à l'Hôtel du Lac. Un petit saut en voiture pour aller à l'annexe à 5 minutes de là. L'hôtel est superbe et son annexe n'est pas mal non plus avec ses bungalows dans un petit parc, tout à côté de la ligne de chemin de fer que nous aurions dû emprunter le lendemain pour "descendre" vers Manakara.
A 19 heures, retour à l'hôtel pour dîner. Cadre agréable et personnel stylé. Nos choix se portent sur trois plats différents mais au même tarif (26000 MGA): salade variée (tomate, chou-fleur, grains de maïs, oignon, carotte râpée, haricots verts...) avec une friture de petit poissons, cuisse de canard confite (gana ritra) accompagnée de pommes de terre sautées, feuilles cuites, petites tomates, croquette de purée... et enfin un gros steak de zébu avec le même accompagnement que le plat précédent. Ajoutons y une bouteille de vin (rouge à 11°) "Grand cru d'Antsirabe" pour 9000 MGA (un peu plus de 3 Euros). Il vient du Domaine de Saofierenana et est élevé par le négociant d'origine chinoise Chan Fao Tong.

Nuit calme. Aucun passage de train sur la voie ferrée toute proche... Et pour cause!

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Au nord, l'autre réseau des chemins de fer malgaches

Madarail...

C'est tout au nord de l'île, à Anivorano, dans la région de Diego-Suarez, que les premiers rails furent posés en 1901, pour une ligne que devait atteindre Tananarive (Antananarivo) par la côte est (TCE) mais cette partie ne s'est pas concrétisée. En revanche, à son autre extrémité, la ligne reliant Tananarive à Brickaville (Vohibinany) dans les environs de Tamatave a été ouverte officiellement le 1er Avril 1909 alors que la construction de la gare de la capitale n'était pas terminée (inaugurée un an après). C'est en 1913 que la ligne a rejoint Tamatave. Un embranchement fut développé vers le nord, la région du Lac Alaotra, avec la ligne MLA (Moramanga-Lac Alaotra). La ville d’Ambatondrazaka fut reliée à Moramanga en 1922.
Les travaux pour la ligne sud reliant Tananarive et Antsirabe ont débuté en 1912 et la ligne TA (Tananarive-Antsirabe) fut mise en service le 15 Octobre 1923.

En 1944, une société fut mise en place pour exploiter les Réseaux Nord et Sud. Ce sera la Régie Générale des Chemins de Fer d'Outre-Mer dont le nom évoluera par la suite en Régie des Chemins de Fer de Madagascar (RCFM). En 1974, bien après l'indépendance (1960), la société fut nationalisée puis rebaptisée Réseau National des Chemins de Fer Malagasy (RNCFM) en 1982.
Les années 1990 voient le réseau se dégrader aussi l'’Etat décide-t-il en 2002 de privatiser le RNCFM qui devient MADARAIL ou Madagascar Railways, en le confiant à l'opérateur privé Comazar, filiale du goupe Bolloré. En 2008, l'entreprise passe sous le contrôle de l’opérateur belge Vecturis.

...et ses deux trains touristique.

"Le concept est unique en son genre! Vous êtes libres de concevoir votre parcours. Nos trains touristiques partent à l’heure, au jour et à la gare de départ de votre choix, pour une destination choisie par vous-même. Découvrez la richesse et la variété des paysages malgaches, dont certains, impressionnants ne peuvent être visibles que par la voie ferrée."

Avec la Micheline "Viko Viko",
Une sorte d’autobus roulant sur rail inventé dans les années 1930 et qui peut atteindre les 50km/heures. Elle est aménagée avec 19 fauteuils en osier, un coin bar à l’arrière et son parquet en bambou

Avec le "Trans Lemurie Express"
Il comprend un ou deux wagons "Classe Palissandre" de 52 places chacun, accompagné(s) d’un wagon fourgon pour groupe électrogène et bagages. Ils sont entièrement réhabilités avec des matériaux précieux (parquet en bois de Palissandre) et originaux (sisal, labradorite, quartz, marbre cipolin.).
Pour l'agrément des voyageurs, musique d'ambiance, bar en palissandre massif et raphia tressé, de prises électriques pour utiliser ordinateurs portables ou pour recharger les batteries des appareils électroniques.

Service assuré le week-end vers Andasibe et Antsirabe et location privée possible.
- Ligne Antananarivo-Côte Est (TCE) reliant Antananarivo à Taomasina (Tamatave) en passant par Andasibe en 10 heures avec "Viko Viko" et 12 heures avec "Trans Lemurie Express"
- Ligne Antananarivo-Antsirabe (TA) en 4 heures 30 avec "Viko Viko" et 5 heures avec "Trans Lemurie Express".

LES RESEAUX FERROVIAIRES

Le réseau sud des chemins de fer malgaches

L'attraction touristique

Cela aurait dû être l'un des temps fort du voyage, inoubliable, pittoresque et interminable avec au plus rapide une dizaine d'heures dans un tortillard, le "TGV malgache" (Train à Grandes Vibrations! tient donc! ça nous rappelle le Vietnam).

Cette ligne d'environ 165 km est exploitée par la FCE (Fianarantsoa Côte Est). Le voyage s'effectue au mieux à la vitesse moyenne de 15 à 17km/heure, compris les temps d'arrêt dans les 16 arrêts dans les gares intermédiaires. Lorsqu'il roule, le train fait son petit 20km/heure et pousse même des pointes à 30 ! Bref, un trajet qui dure de 8 à 10 heures (voire 12 heures !).

Après des études lancées en octobre 1920, le chantier a débuté en 1927 (ou 193-26?) et la ligne a été ouverte en 1937 (ou 1936?), au prix de la vie de 5 000 à 10 000 ouvriers. Elle assure actuellement le transport de 150 000 voyageurs et 15 000 tonnes de marchandise par an dont les récoltes de quelque 200 000 petit* paysans. Chaque semaine six voyages sont normalement assurés, trois dans chaque sens. Pour le trajet complet, il en coûte 20000 MGA (7€) en première classe et 14000 en seconde (5€).

Le train est tiré par une motrice diesel Alsthom qui date de 1956 achetée d'occasion par la compagnie. Normalement elle tracte un wagon de marchandises et trois wagons de voyageurs de couleur verte avec liserés jaunes: un wagon de première où se retrouvent les touristes vazahas (la compagnie ne leur vend que cette classe), deux wagons de seconde pour les autochtones.

En franchissant 48 (56 d'après le programme de Richard?) tunnels, qui se traversent sans éclairage dans les voitures (le plus long dépasse le kilomètre), et 67 (76 d'après le programme de Richard?) ponts et viaducs, elle traverse le pays de l'ethnie Tanala ou Antanala puis le pays Antaimoro ("peuple de la côte") en descendant les 1100 m d'altitude qui séparent Fianarantsoa de l'Océan Indien dont une vingtaine de kilomètres en falaise avant Tolongoina, avec une pente à plus de 3,5%! qui serait la plus forte au monde. Compte tenu du relief, du climat (les cyclones de l'an 2000 avaient provoqué 280 éboulements représentant 150 000 m3 de déblais) et des moyens techniques et financiers pour l'exploiter cette ligne est fragile, sans compter avec les vols de rails! Malgré des travaux de remise en état du matériel et des voies réalisés en 2002 et 2007, certaines parties de la voie sont en si mauvais état que les passagers peuvent voir les rails se tordre dangereusem*nt au passage du convoi, ce qui peut expliquer certains déraillements. Evidemment lors des cyclones, le service n'est plus assuré et c'est plutôt rassurant.

Au long du parcours, quantités de choses à voir:. Superbes chutes de la Mandriampotsy et de Faraony... Passage de la végétation un peu aride des hauts plateaux à celle des forêts de hautes futaies puis à la forêt tropicale avec les ravinalas ou "arbres du voyageur", bananier, fougères arborescentes et jacquiers..

Nuit calme. Aucun passage de train sur la voie ferrée toute proche... Et pour cause!
Dès 7 heures nous retournons à l'hôtel pour prendre un excellent petit-déjeuner continental amélioré avec yaourt maison, salade de fruit, jus de fruit frais. Après cela, nous profitons d'un petit quart d'heure pour nous promener dans le parc entourant l'hôtel. Superbe par la variété des fleurs, par le cadre sur le bord du lac noyé dans le brume à cette heure matinale, lac où sont installés certains bungalows sur pilotis. Il y a peut-être un revers à y loger... les moustiques!

7h45, c'est parti pour une journée en 4x4 en lieu et place du pittoresque trajet en train vers Manakara.

Dix kilomètres de petite route le long de la voie ferré pour regagner la Nationale 7. Fours à briques dont la combustion est réglée à partir des prises d'air ménagée à la base des meules comme on peut le voir. Et donc, maisons de briques!

Nous reprenons la direction du nord pour quelques dizaines de kilomètres avant de bifurquer vers l'est, via la Nationale 45, un embranchement qui nous permet de rejoindre la route Nationale 25. Enfin des bonnes routes dont le revêtement a été refait il y a cinq ans grâce à des aides d'ONG, des pays étrangers (USAID) ou des organismes multilatéraux relevant des Nations Unies, de la Banque Mondiale..

Champs d'armoise (Artemisia), culture intercalaire mal payée mais qui n'occupe le terrain que pendant trois mois. Piétinement de rizière par un groupe d'une dizaine de zébus en vue du repiquage prochain du riz dans certaines parcelles. Cela ne semble pas beaucoup les amuser et certains parviennent à échapper à leurs bouviers.

Intéressant arrêt au village d'Anjamba pour y voir un atelier où quatre forgerons sont à l'oeuvre. A partir de plaquettes d'acier d'environ 30x10x2 cm, ils forgent des bêches, douille comprise. Une grosse pièces d'acier récupérée leur sert d'enclume et le feu est activé par un soufflet à deux tuyaux (comme on l'a également vu en Birmanie).
Ici la population n'a pas l'air très prospère si l'on en juge aux vêtements usagés et sales, notamment ceux des enfants crasseux qui quémandent à coup de "Vazaha sitlos" (stylos!) et de "Bonbons Vazaha".

Un quart d'heure après avoir quitté ce village, nous arrivons aux jolies chutes d'Andriamamovoka.

Peu après, c'est le centre de Ranomafana (la localité compte 10000 habitants, campagnes comprises), avec des maisons "à pans de bois" et torchis, un petit marché. C'est une petite station thermale comme son nom malgache l'indique "eau chaude".
Court arrêt. Tour rapide au petit marché. Nous repérons déjà l'endroit où nous dormirons dans deux jours, au retour de Manakara. Les traditionnels chariots à quatre petites roues sont parfois remplacés dans cette région par des brouettes entièrement faites en bambou (roue comprise).


10h15, on reprend la route pour la région de l'ethnie Tanala. Les forêts de hautes futaies cèdent la place à la forêt tropicale avec les ravinalas ou "arbres dy voyageur", des quantités de bananiers, fougères arborescentes, jacquiers et badamiers...

Le ravenala ou ravinala, "l'arbre du voyageur",
emblème de Madagascar et de la compagnie Air Madagascar

Ce n'est pas véritablement un arbre. Cette plante est endémique à Madagascar. On laissant de côté les termes des classification botaniques pour utiliser des termes anthropologiques, on pourrait dire que c'est un lointain cousin des palmiers et un cousin germain du bananier. Avec ses feuilles érigées en éventail et orientées pour présenter le moins de prise possible aux grands vents (cyclones), il atteint 20 mètres de haut. Il pousse dans les sols frais.

En perçant un trou à la base de chaque feuille (la gaine foliaire du pétiole) on peut "tirer de l'eau", jusqu'à un litre, en réalité de la sève sans goût particulier. C'est cela qui lui vaut son surnom "arbre du voyageur" puisqu'il est possible de se désaltérer de cette façon.

Mais les Malgaches lui ont trouvé bien d'autres usages, notamment des matériaux pour la construction des cases traditionnelles. Les panneaux des murs, sont fait avec des pétioles fendus, falafa. Le toit est fait tout simplement avec les feuilles, raty. Du tronc on tire des planches, rapaka. Le Ravintsara est utilisé en phytothérapie par ses feuilles séchées mises en infusion ou en décoction et son huile essentielle très prisée pour ses vertus antivirales et immunostimulantes...Enfin, il procure aussi une matière grasse comestible et également utilisée pour les cosmétiques...

Donc "arbre" providentiel à plus d'un titre!


Nous faisons une pause peu après, à quelques kilomètres avant Irondro où nous devons déjeuner. Nous surplombons une rivière dans laquelle des dizaines d'orpailleurs s'activent, des femmes et des enfants pour l'essentiel. En fait c'est un orpaillage un peu particulier car ce ne sont pas des sables ou graviers de la rivière qu'ils "lavent" dans leur batée mais de la terre que d'autres ouvriers apportent de la colline voisine. A un peu plus loin, un modeste site d'orpaillage occupe une dizaine de personnes.
C'est également l'occasion d'observer près d elà différentes plantes tropicales directement au bord de la route: caféiers, avocatiers en fleur, litchis, girofliers, canneliers, palmiers à raphia...


A Irondro est une petite localité située au niveau d'une fourche, là où la RN25 s'oriente vers le nord-est en direction de Mananjary (l'amélioration de ce tronçon a bénéficié d'aides de l'Union Européenne en 2009), au bord de l'Océan Indien, tandis que la RN12 qui part d'ici, plein sud, rejoint Manakara, également sur la côte.

Il est midi et quart et Dominique avise un endroit où l'on pourrait se restaurer. Le connaît-il ou se laisse-t-il séduire par l'enseigne "Hôtel Tsimialona Le Goût du Voyage Mandrosoa Tompoko"? En fait d'hôtel, c'est un hotely dont la salle de restaurant enfumé et sombre est vraiement une gargote. Au long des routes on peut voir d'ailleurs de nombreux établissem*nts qui assument pleinement leur fonction en se baptisant "Gargotte".

Allons-nous bien manger? En tout cas nous n'allons pas nous ruiner. Il y a trois plats au choix, tous à 3000 MGA soit 1,07€.
"Akoho, sauce Rony": des morceaux de poulet cuit dans un bouillon relevé au gingembre
"Hen'Omby, sauce Tsaramaso": émincé de zébu sauté avec une sauce à base d'oignon, relevée à l'ail et au gingembre
"Hena Kisoa, sauce Tsaramaso": sauté de porc
Riz en accompagnement. Si on le souhaite, on peut aussi relever les plats avec du piment.
Au lieu d'eau en bouteille, Dominique se fait servir une boisson traditionnelle, du bouillon de cuisson de riz. Encore mieux que de l'eau simplement bouillie...

Nos choix porteront sur les deux premiers plats. Poulet peu copieux avec des morceaux surtout constitués d'os (l'akoho malagasy est souvent efflanqués). Quant au zébu est s'est avéré très coriace. Il faut chasser les mouches qui se posent sur le riz.
Venons-en au riz. Copieusem*nt servi à la mesure des habitudes malgaches mais avec un fort goût de fumée (cuisine au bois) et des grains cassés et même quelques grains de sable. Rien d'étonnant quand on en voit séchernon loin de là sur le bord de la rue, voire sur la chaussée.

Evidemment nous sommes les seuls vazaha dans l'établissem*nt qui se rempli peu à peu, notamment avec l'arrivée d'un groupe d'enfants encadrés par quelques adultes. Dans la pénommbre, on aperçoit des publicité pour la "Sûr'Eau" ou le rhum Ankarana...
Une expérience intéressante que nous avons faite là... mais que nous n'aurons pas forcément envie de renouveler! Faut-il remercier Dominique?

Comme nous ne nous sommes pas attardés longtemps, il est 12h45 et cela nous laisse un peu de temps pour se balader dans le village qui s'avère être une étape de mi journée pour de nombreux Malgaches et vazahas, surtout en raison de la "panne" de train. Notre déambulation permettra de prendre un dessert sur le pouce en achetant de délicieuses petites bananes pour quelques centimes d'euro.

Une demi heure plus tard, nous reprenons la route. Le paysage change encore devenant austère, de plus en plus découvert. Les collines sont soit dénudées et parfois ravinées, soit couvertes d'une sorte de savane herbeuse verte. On ne voit ni bétail, ni cultures, tout juste quelques bananiers et ravenalas dans les vallons.

On sent que la route descend vers la côte, vers le pays de l'ethnie Antaimoro. Vallées et rivières permettent à nouveau de créer des rizières. 15h15, nous sommes près de Manakara et Dominique nous propose de voir une attraction unique au monde. Nous descendons sur une zone enherbée et observons. La ligne de chemin de fer coupe en biais ce qui ressemble à une large route goudronnée... Ce n'est pas une route mais la piste de l'aéroport local. Après tout, la route donnant accès au Rocher de Gibraltar coupe bien son aéroport...

MANAKARA 38 000 habitants [manakar']

Puisque l'on vient de parler de train, en abordant Manakara, nous allons jeter un coup d'oeil à la gare déserte à l'enseigne "Fianarantsao à la Côte Est". A l'intérieur on peut toujours voir une affiche manuscrite annonçant les départs à 6h45 les mercredi, vendredi et dimanche et le message vraiment étonnant "Train à l'heure, Merci et Bon Voyage".

Quelques centaines de mètres et nous débarquons à l'hôtel La Vanille. Charmant accueil par la propriétaire des lieux. Chambres spacieuses mais défraîchies, à l'image de cette ville tropicale un peu abandonnée et qui s'abandonne avec un charme subtil et suranné. Climatisation en panne dans l'une de nos chambres mais un joli petit jardin autour et l'on voit que les produits de la mer qui seront servis le soir sont livrés tout frais pêchés.

Nous partons faire un petit tour à pied, vers Manakara Be, une pointe et non pas une île, coincée entre l'embouchure de la rivière de Manakara et l'océan, un quartier résidentiel chic avec des demeures coloniales et où se trouve "Le Trou du Commissaire" ( !), où La Vanille possède une annexe de bungalows en bord de plage.

Mais nous nous arrêterons au pont franchissant la rivière. La moitié du tablier de ce pont métallique genre "Eiffel" s'est effondrée il y a douze jours, dans la matinée du 10 septembre lorsqu'un camion transportant 30 tonnes de sel (on peut lire dans la presse que le Ministre des Transports parle de 60 tonnes, là se serait vraiment une surcharge considérable même pour un 38T) a voulu le franchir alors que, compte tenu de sa vétusté (ancienneté et surtout absence d'entretien), le poids maximum autorisé avait été limité à 25 tonnes (dans la presse on mentionne 20 tonnes mais on nous a même parlé de 8 et même 5 tonnes seulement, qui croire?). De toute façon, même à l'origine (1910) ce pont ne pouvait faire passer des véhicules de plus de 35T.
Spectacle ahurissant de voir des personnes escalader les monceaux de pont pour gagner l'autre rive en s'agrippant à un filin parfois d'une seule main l'autre portant quelque charge. Dans cette "cordée" nous apercevons la propriétaire de notre hôtel qui rentre chez elle ou qui se rend à son annexe.
L'autre solution, moyennant modique rétribution (200 ou 300 MGA), est de faire appel aux pirogues dédiées à la pêche ou aux promenade des touristes qui se trouvent ainsi utilisées comme bacs. C'est aussi la solution utilisée pour transporter des bidons de carburants vers la centrale électrique de la JIRAMA qui se trouve de l'autre côté!

Nous rebroussons chemin et allons faire un tour en centre ville: églises (les paroissiens de l'église Sainte Thérèse se rendent à la messe célébrée le samedi soir), hôtel de ville, villas cossues à l'apparence d'hôtels mais demeures de Chinois aisés.

De retour à l'hôtel La Vanille, il fait complètement nuit et survient une coupure de secteur qui va durer deux heures et demie. Un groupe électrogène poussif tardera longtemps avant d'accepter de prendre partiellement le relais. Au dîner aux chandelles, nous nous partageons entre une demi douzaine de camarons (très grosses gambas) grillés ou en brochettes, accompagnés de légumes sautés (carottes, mange-tout, oignon, courgette, oignon). et frites. Prix de plat: 15 000MGA. Pour terminer deux bananes copieusem*nt flambées au rhum. Tarif: 3 000MAG. Soit par personnes (hors boisson) l'équivalent de 6,50€.


Nuit calme.

Tôt, à 8 heures le lendemain Dominique nous a conduits à l'entrée du pont effondré où il nous présente au guide qui va nous accompagner pendant la matinée dans la lagune, sur le canal, la rivière et ses rives. Ce tout jeune guide qui vient de terminer sa formation en juin et dont Dominique a été le tuteur s'appelle Arthur Bien-Aimé LE ZOMA que nous nous contenterons d'appeler Arthur. Il mérite son titre de guide car il parle parfaitement notre langue et connaît son sujet sur le bout du doigt. Il est vrai qu'il semble tout particulièrement attaché à sa contrée.

A l'entrée du pont, nous descendons par un court sentier dans le village de case des piroguiers. Nous voici embarqués dans une pirogue couverte avec quatre piroguiers dont un placé à l'avant de l'embarcation. Ils pagaient à un rythme incroyable.
Le temps est agréable, ciel dégagé et température d'environ 25°.
Nous allons partir sur la gauche, autrement dit vers le nord. Nous sommes sur la rivière Manakara. Nous longeons le pont effondré ce qui nous permet de constater à quel point il était rongé par la rouille puis nous nous dirigeons vers l'embouchure. Sur la droite, nous longeons la pointe qui sépare la lagune de l'océan. Des petit* maisons de pêcheurs y sont installées et l'on peut en voir certains qui réparent leur pirogue ou revoient son étanchéité en appliquant un genre de goudron sur les parties abîmées.
Nous croisons des pirogues de pêcheurs qui rentrent. Bien qu'ils naviguent à contre courant, certains n'ont pas besoin de pagayer car ils ont hissé une voile rudimentaire et le petit vent soufflant du large suffit pour les faire avancer.

Bientôt, nous arrivons au port abandonné. Sur la gauche, les quais et les bâtiments des entrepôts sont déserts tandis qu'en face, sur notre droite, on voit un cimetière de bateaux où gisent des chalands et des barges rouillées et échouées. Il est loin le temps où le port donnait du travail à 1500 dockers.
La décision d'installer ce port de la partie sud du littoral orientale de l'île à Manakara plutôt qu'à Mananjary a été prise en 1921, la liaison ferroviaire avec Fianarantsoa étant plus courte de 41km.
Le port a fermé en 2008. ll s'avérait inadapté pour accueillir les navires actuels qui devaient jeter l’ancre au large tandis que les marchandises devaient être transbordées d'où perte de temps, coûts supplémentaires, pertes et vols de marchandises liés aux manutentions supplémentaires. Pourtant en juillet 2009, le ministre des Tranports, Rolland Rajantoelina, déclarait "la remise en marche du port de Manakara devra se concrétiser cette année"...
Aujourd'hui on s'oriente vers une autre direction en choisissant de développer le site de Marohita, à 20 km au sud de Mananjary et situé sur le canal des Pangalanes. Il pourrait abriter un port en eau profonde et disposer d’environ 80 000 ha de terrains plats tout autour.
L'enjeu, c'est l'exportation de sables noirs riches en zircon et surtout en ilménite (oxyde minéral de fer et de titane) vers la Chine.

De l'ilménite on extrait le titane, un métal léger entrant dans la composition d'alliages pour ses propriétés très intéressantes telles que sa résistance à la corrosion, sa résistance à l’érosion et au feu, sa biocompatibilité, mais aussi ses propriétés mécaniques permettant de créer des pièces fines et légères, tout en étant très solides (secteur aéronautique et spatial notamment). Il a également des applications dans le secteur de la chimie.
L'exploitation de cette ressources relève du consortium anglo-autralo-malgache QMM (QIT Madagascar Minerals) réunissant une filiale du groupe anglo-autralien Rio Tinto (fondée en 1893), la QIT (Quebec Iron and Titanium) qui détient 80% du capital de QMM et l'Etat malgache représenté par l'OMNIS (Office des Mines National des Industries Stratégiques) qui détient le reste. De vives controverses ont cours actuellement à propos de la concession pour la recherche et l'exploitation au profit d'une société chinoise Mainland Ltd (émanation de la China Geo Engineering Corporation) arrivée à Madagascar en 2008 pour exploiter 26000 carreaux miniers sur le littoral Est du pays. Il semble que la société serait passée au stade de l'exploitation sans l'aval des autorités et en portant des atteintes à l'environnement.

Nous sommes maintenant tout près de l'océan, le vent est plus vif et l'eau un peu plus agitée. Nous obliquons vers la gauche, vers un rive sableuse où des pirogues ont accosté. Arthur nous explique que les piroguiers viennent faire leur marché en vue de notre pique-nique qu'ils vont nous organiser en guise de déjeuner.
A côté des pêcheurs qui ravaudent ou ramendent (pour faire plus simple, disons qu'ils raccommodent) leurs filets, les femmes nous présentent dans des bassines le maigre produit de la pêche. Maigre par la quantité mais de beaux poissons et crustacés: poisson trident, "poisson épine" (l'arrête dorsale), grosses crevettes camarons, langoustes...


Nous repartons dans l'autre direction et juste avant d'arriver au port nous prenons un petit canal sur la droite, en fait il s'agit du Canal des Pangalanes. Ce canal a été aménagé il y a un siècle. Long de 700 km (dont 500 navigables), il relie Toamasina (Tamatave) à Farafangana, parallèlement à l'Océan Indien. Il se poursuit donc encore sur une centaine de kilomètres plus au sud pour atteindre Farafangana.
Nous nous contenterons d'y faire une brève incursion d'un quart d'heure sans en saisir l'intérêt, en dehors de dire que l'on est allé sur ce canal...
Nous repassons devant le port et on a la surprise de voir sur le quai un camion et quelques ouvriers qui déchargent du matériel. Tient donc, le port revivrait-il bientôt? Non!
.En fait il s'agit d'éléments métalliques destinés à la construction d'un pont provisoire (?) dit pont Bailey (pont à éléments préfabriqué d'une portée maximale de 60 m conçu primitivement pour un usage militaire en permettant le passage de chars dont l'invention au cours de la Seconde Guerre Mondiale est due à Donald Bailey, ingénieur civil de l'Armée britannique). La société chinoise Mainland a proposé son aide espérant ainsi se refaire une virginité en se conciliant la population de Manakara jusqu'à là hostile à ses projets d'exploitation d'ilménite dans la région. La mise en service était prévue le 10 octobre 2012 (l'inauguration a eu lieu le dimanche 28 octobre).

Maintenant nous remontons la rivière en direction du sud et nous passons sous la partie non effondrée du tablier du pont. Sur notre droite nous laissons un village où se déroule une messe dominicale dans une case destinée au culte. La rivière est peu profonde à certains endroits et l'on voit des pêcheurs avec de l'eau jusqu'à la taille tirant leurs filets tandis que d'autres relèvent les nasses installées près des rives herbeuses. Bientôt sur la gauche, apparaît un étrange monuments fait d'arcades blanches.
Après avoir débarqué, nous découvrons qu'il s'agit du mémorial Mausolée d'Ambarakararay ("Fasan'Ireo Mahery Fo") édifié en mémoire des insurgés nationalistes abattus le 29 mars 1947 par les tirailleurs sénégalais de l'Armée française. Les constructions et les totems en fer à représentation de zébu ont été fraîchement repeints pour la commémoration du 65ème anniversaire des évènements qui s'est déroulée en présence d'Andry Nirina Rajoelina, Président de la Transition!
Près de là se trouve un cimetière chrétien, avec de nombreux tombeaux de familles malgaches mais aussi chinoises. Tout près, un groupe de femmes et d'enfants, pauvres d'apparence, retourne le terrain. Ils déterrent des petit* cailloux qu'une communauté de religieuses leur a commandés...

Nous rembarquons pour aborder un peu plus loin, toujours sur la gauche, dans un village de pêcheurs de requins, crevettes et crabes. Nous allons le visiter pendant une petite demi-heure, ce qui permet aux piroguiers de souffler. C'est un village de 500 ou 600 habitants dont une large moitié d'enfants.

Nous sommes accueilli par un groupe d'une dizaine d'enfants qui se baignent tout nus. Nous allons voir un peu comment vivent les habitants dans leur case perchée sur de courts pilotis. On peut même voir une case en cours de construction, l'armature et la charpente sont terminées, la couverture végétale est en place, il reste à poser les panneaux des murs et le plancher. Passage devant le petit étal de l'épicier local (riz, haricots, échalottes, tomates, lentilles...). Des poulets haut sur pattes comme on en voit dans les pays tropicaux cherchent leur pitance.

Ces volailles sont le résultat de croisem*nts entre des races issues de la poule Bankiva (poule brune de la jungle ou Gallus gallus), avec des apports de "type malais" et de "type cochin", animaux peu productifs (50 oeufs par an) et à la chair dure à cuire.

Déjà des aliments mijotent dans les cocottes installées à l'extérieur. Du linge est étendu à séché sur le sol. Des pêcheurs réparent leurs filets. Plus loin, un groupe de jeunes joue aux cartes. Des grapheurs ont orné certaines cases de dessins naïfs voire exotiques comme le portrait de Michkael Jackson. Attention aux toiles d'araignées où une énorme femelle de néphile doré (vue à contre-jour, on ne voit pas le doré). Ces insectes se rencontrent en Afrique australe et dans les zones voisines de l'Océan indien. Madagascar connaît la sous-espèce Nephila inaurata madagascariensis. Heureusem*nt, elle est beaucoup plus inoffensive que sa cousine d'Amérique du Nord, la célèbre veuve noire.
On voit bien qu'il s'agit d'un village de pêcheurs car à certaines cases sont accrochées de spectaculaires mâchoires de requins. D'ailleurs on peut voir des ailerons en train de sécher avant de s'en aller vers l'Asie. Passage à la boutique d'artisanat de raphia avec de jolis petit* chapeaux typiques à bords étroits appelés satrokas (prononcer [satrok]), paniers et cabas appelés sobikas (prononcer [soubik]).

A propos du chapeau malgache satroka

C'est une tradition vestimentaire qui résiste, au moins dans les campagnes, avec ses variantes Merina, Betsileo, Bara, Atandroy, de Manakara, de Mananjary ou de Diego...
C'est un repère identitaire par sa forme et sa matière. Chez les Atandroy (Sud), il est conique et se porte lors des événements de la vie sociale, des mariages aux enterrements. Chez les Bara, il est à bord roulé. Sur les Hauts Plateaux, chez les Betsileo, il est en forme de bonnet quadrangulaire porté avec le lambaoany (ample et long vêtement fait d'une pièce de tissu) pendant des cérémonies...


Laissant ici le piroguier-cuistot avec les provisions, nous reprenons la pirogue pour aborder un peu plus loin sur l'autre rive.


Arthur nous guide à travers une plantation. Nous y découvrons diverses espèces végétales, arbres comme les jacquiers, litchis, badamiers, canneliers, ou citronniers, herbes aromatiques comme la citronnelle de Madagascar. On peut aussi y voir des népenthès (plantes carnivores poussant sur un sol pauvre). Plantes plus communes et comestibles comme les ananas (pas encore murs) ou le manioc.


Une partie de ces plantes sont destinées à produire des "simples", c'est-à-dire des extraits de plantes utilisés en phytothérapie. Ici, on produit donc des essences et huiles essentielles obtenues par distillation des éléments végétaux à la vapeur d'eau.
Justement, nous arrivons près d'une distillerie artisanale, il n'y a aucun doute sur le caractère artisanal quand on voit l'alambic fait de bric et de broc. L'entreprise familiale occupe neuf personnes, à la fois dans la plantation de 10 ha et ici, à la distillerie que l'on ne verra pas fonctionner... C'est dimanche!

Le procédé de distillation consiste à faire traverser, de bas en haut, la cuve remplie de plantes aromatiques par de la vapeur d'eau chauffée (ici, au bois) dans une chaudière voisine. L'essence de la plante qui se dégage sous forme de gaz est mêlée à la vapeur d'eau. A la sortie de la cuve de distillation, le mélange gazeux traverse un serpentin baignant dans l'eau froide ce qui provoque la condensation du gaz. A la sortie du serpentin, le liquide aboutit est recueilli dans une cuve de décantation où on prélève dans la partie supérieure l'huile essentielle de densité inférieure à celle de l'eau. Par mesure d'économie, l'eau réchauffée qui sort du serpentin est récupérée pour la chaudière. Après distillation, les feuilles servent dengrais organique dans les plantations

On nous explique qu'il faut distiller 500kg de feuilles de niaouli (un arbre dont le nom scientifique est Melaleuca quinquenervia) pour obtenir 3,5 kg d'huile essentielle. Avec le camphrier (Cinnamomum Camphora), appelé ici ravintsara, le rendement est bien moindre puisqu'une tonne de feuilles ne produit qu'un kilo d'huile essentielle très prisée pour ses vertus antivirales et immunostimulantes. Autre huile essentielle, celle d'eucalyptus citronné (Eucalyptus Citriodora). Ces trois arbres ont en commun d'appartenir à la famille des Myrtacées. Dans un autre registre, on nous présente l'huile de Calophyllum, bénéfique pour la peau mais à l'odeur peu engageante.

Ces fabricants achètent les feuilles de niaouli aux paysans qui vont les récolter dans les forêts où il pousse à l’état sauvage dont ils exploitent également le bois pour le chauffa*ge.
Seuls 10% de la production de cette distillerie est écoulée en vente directe, le reste étant acheté par des grossistes qui fournissent des entreprises comme la société malgache Homeopharma ou, chez nous, Yves Rocher. Une partie est vendue à un concurrent chinois qui exporte vers son pays d'origine.

Après ces explications, c'est le moment des achats: huiles essentielles aux pouvoirs pratiquement miraculeux et capable de soigner quantité de maux et de maladies. Mais il n'y a pas que les huiles car on nous propose aussi du miel de litchis conditionné dans des bouteilles en plastiques serties plus aptes à supporter le voyage que des récipients en verre (effectivement on n'a pas eu de souci).

Nous regagnons le rivage et retournons vers le village dans le secteur du "Trou du Commissaire". Après avoir débarqué, nous traversons le cordon littoral sableux planté de cocotiers en direction de la plage protégée de la grande houle et de requins par une barrière corallienne pour la sécurité des baigneurs. Mais tel n'est pas notre but car nous devons repartir l'après-midi et pour l'instant, il est justement midi et quart et on songe à manger ce que le chef aura préparé pendant notre visite à la plantation: les poissons achetés ce matin et des légumes achetés aux villageois.

A l'ombre des palmiers, le cuisinier a installé son foyer et son matériel: foyer, gril, cocottes... La table est rapidement dressée sur une grande nappe imprimée à motifs bleus. C'est un pique-nique très élaboré, pas de sandwichs. Nous disposons d'assiettes émaillées type "vaisselle de la reine" que la brise ferait bien voler et de tous les couverts nécessaires:cuiller à soupe, fourchette, couteau et petite cuiller.
Le menu est copieux car nous avons environ des camarons de taille moyenne (mais une demi-douzaine par personne), deux gros "poissons épines", des carottes râpées sautées, des feuilles de brèdes avec des fruits blancs en forme d'oeuf et à saveur amère (aubergine?) et bien sûr du riz très bien cuisiné. En dessert, nous avons une tranche et demie d'ananas chacun. Et pour finir, on nous a même chauffé un café! Super!

On remballe tout le matériel que les piroguiers remportent au bateau.

Quelques minutes pour jouer aux boules sur la plage avec des noix de coco... enfantillages!
Nous retraversons le village pour retourner à la pirogue. Derniers sourires des enfants qui ne nous ont jamais importunés.


Les piroguiers mettront moins d'une heure pour rentrer car ils bénéficient du courant. En tout, ils aurons pagayer sur une distance d'une douzaine de kilomètre!

Nous avons passé plus de huit heures en compagnie d'Arthur et de ses camarades sans voir le temps s'écouler.

Il est 14h30 lorsque nous retrouvons la terre ferme, Dominique et son 4x4. Nous avons environ 190km à parcourir jusqu'à Ranomafana soit environ 3h30 de trajet. Nous arriverons donc largement après la nuit tombée.

On redéfile donc à l'envers le paysage vu deux jours plus tôt et c'est là qu'on regrette bien que l'aller ou le retour n'ait pu être effectué en train.


RANOMAFANA [ranmafan']


Nous sommes logés "Chez Gaspard", des bungalows très propres, confortables et installés dans un parc petit mais superbe, en bordure d'un torrent. L'établissem*nt appartient à la Mission de l'ECAR (Eglise CAtholique Romaine) et se trouve près de l'église Notre-Dame de Fatima que les paroissiens ont le projet d'agrandir et de doter d'un clocher. Mais Chez Gaspard n'assure pas la restauration (sauf le petit-déjeuner évidemment). Nous irons donc chercher notre pitance ailleurs dans la petite ville complètement plongée dans l'obscurité.

Nous allons dîner au plus près à l'hôtel Le Grenat. Il fait frais et il n'y a plus de place en salle (priorité aux pensionnaires!). Nous irons donc dans le jardin, à l'arrière du bâtiment. Le service est long et on pourrait aussi avoir des doute sur les préparations.

Certains vont apprécier un velouté de légumes genre potiron (5000 MGA), d'aucun préfère une courgette farcie avec des miettes de poisson (7000 MGA). Vient ensuite une cuisse de poulet rôti accompagnée de légumes sautés: carottes, haricots et pommes de terre (15000 MGA). Hors boisson, nos trois repas nous reviendront à 62000 MGA soit 22€ pour 3 personnes.


De retour Chez Gaspard, nous passerons une excellente nuit.

Dès 6 heures, l'envie de me balader dans le petit parc et s'est environ me démange. Brume sur les montagnes que le soleil vient caresser. Débauche de bougainvilliers, fougères arborescentes et autres palmiers auxquels de perfides araignées néphile ont accroché leur toile, ce qui permet d'observer le dimorphisme sexuel, la disparité de taille entre la grande femelle d'environ 10cm (pattes comprise quand même) et son minuscule mâle.

Excellent petit-déjeuner dans la grande salle où se trouve l'accueil.

Nous quittons l'hôtel en 4x4 et nous arrivons très vite à l'entrée du parc situé non loin de la localité. Nous sommes matinaux car une longue journée nous attend car pour arriver à Ranohira ce soir, il faudra parcourir plus de 350 km.


Parc National de Ranomafana classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 2007,
(avec 5 autres Parcs du littoral oriental)
A 7h15, nous sommes pris en mains par Jimmy qui sera notre guide dans notre courte visite du Parc National puisque normalement on ne doit lui consacrer que 2 heures! Le parc se situe à une altitude de 1300-1400 mètres et s'étend sur 41000 ha.
Le parc n'organise plus de visites nocturnes qui perturbent trop les animaux. A propos du microcèbe, le petit lémurien nocturne que nous avons vu à l'Ialatsara, Jimmy précise que lorsque cet animal ne dort pas dans un arbre creux ou un ancien nid d'oiseau, il se confectionne un nid de feuilles fraîches qu'il renouvelle tous les trois jours avant qu'elles se dessèchent et ne puissent plus le camoufler à ses prédateurs, notamment les fossas (Cryptoprocta ferox), félins endémiques de Madagascar.


Concernant les espèces diurnes de lémuriens, trois sont particulièrement représentées. C'est d'abord l'hapalémur doré (Hapalemur aureus) ou lémur bambou doré qui neutralise l'acide cyanhydrique contenu dans les feuilles de bambous en consommant périodiquement un peu d'argile. Il pèse environ 2 kg. Ce lémurien vit en groupe de 4 ou 5 individus dirigé par une femelle dont le pelage du ventre est blanchâtre mais ils se séparent pour dormir afin de moins attirer le prédateurs.
Nous aurons la chance d'être conduits vers un petit groupe d'hapalémurs dorés (Hapalemur aureus) par nos pisteurs. Plus loin, les pisteurs trouvent deux lémurs à ventre roux (Eulemur rubriventer) qui pèsent environ 2 kg et qui vivent également dans le Réserve de l'Ialatsara mais là-bas, nous le les avions pu vus
Le parc héberge également le lémur fauve (Eulemur fulvus) ou lémur à front roux (ou encore maki brun) qui pèse environ 3 kg.

Comme nous sommes en dehors de la saison des pluies, nous n'aurons pas eu l'occasion de voir de serpents.

A 9h30, nous sommes de retour au parking tandis que l'on peut voir trois rapaces planant au-dessus du parc. Après une vingtaine de kilomètres nous retrouvons la Nationale 7 dont nous allons parcourir un court tronçon pour la troisième fois! Toujours aussi peu sympathique cette route!
Après une heure de route nous passons près d'un grand marché champêtre qui se tient près d'une petite localité (peut-être Ambalakely). Malheureusem*nt le temps manque pour s'y arrrêter Lorsque les Malgaches que nous croisons ne portent pas le chapeau tradionnel sur la tête, c'est qu'il est remplacé par le tout aussi traditionnel panier rempli des achats qu'ils ont effectués.

Nous sommes tout près de Fianarantsao...


FIANARANTSOA [fianarant'sou] ou [fianar]

Fianarantsoa est la capitale du pays Betsoléo, peuplée de 150 000 habitants. C'est la quatrième ville du pays après Antananarivo, Toamasina et Antsirabe. Elle fut fondée de toute pièce suite à la volonté de la Reine Ravalalona Ière en 1830 avec la volonté de civiliser la population d'où l'étymologie du nom de la ville "le bon apprentissage" ou "la ville où l'on enseigne le bien".

Passage à la pompe carburant. Toujours hors de prix
Il nous faut des timbres pour poster nos cartes postales Le bureau de Poste se trouve juste en face de la gare, point de départ du train Fianarantsoa à Côte Est (FCE).

Profitant sans doute de l'inactivité de la gare, des marchands de canapés ont envahi une partie de la place Nous avons envie de faire les curieux et nous entrons dans la gare comme dans un moulin L'horloge sur le fronton de la gare indique pile heures A l'intérieur du hall, un avis (filazan) informe que le train pour Manakara est supprimé, sans indication de date de reprise du service!
Des matériaux (fer à béton) et des sacs au contenu indéterminé mais malodorant traînent là.


Nous passons à la Poste, de l'autre côté de la rue. Nous tombons mal car un groupe d'une dizaine de vazahas a déjà envahi les lieux et un apporte une animation sans doute inhabituelle. La préposée est littéralement débordée. Elle n'a pas les timbres sous la main et ceux-ci doivent être contingentés car dans le bureau voisin où elle va les chercher en ne lui en remet qu'une centaine. Mais ça ira.


Dans un box ménagé dans un coin du hall, des employées se livrent à des travaux de remplissage de tableaux comptables au crayon à papier et à la gomme...

Dominique nous fait passer à une boutique où l'on vend des huiles essentielles "Alambic sous les Tropiques Arômes arrangés du Betsileo et des Côtes Produits paysans", ce qui fait double emploi avec notre visite d'hier à la distillerie artisanale de Manakara.

Nous reprenons la voiture et nous grimpons au point de vue du Mont Kianjasoa à 1370 m. d'altitude d'où l'on domine la ville qui est à presque 200 mètres plus bas. Nous n'y sommes pas tranquilles très longtemps car sommes bientôt assaillis par une troupe d'ados cherchant à nous vendre des découpages "pour financer les études car les professeurs disent que ce n'est pas bien de mendier".

Redescendus, Dominique nous laisse au pied de la vieille ville, près de la cathédrale d'Ambozontany, de style toscan. Construite en 1871, ce lieu de culte est venu s'ajouter aux temples protestants construits auparavant dans la ville.
La montée vers la ville haute par une rue toute en larges marches serait agréable dans ce qui ferait penser à un de nos villages perchés du Midi si l'on n'était pas sollicité par les restaurateurs mais ça n'a rien d'anormal puisqu'il est midi. Tout en montant tranquillement, on passe devant un dispensaire puis on peut voir des tas de bidons jaunes et des seaux déposés pour la livraison d'eau. On peut aussi observer le lavoir où une demi-douzaine de femmes s'affairent, plus loin des maisons coloniales bien restaurées puis l'on passe devant un premier temple de l'église réformée de Madagascar (FJKM), puis un second portant la date de 1859. Le sommet de cette colline portait jadis un rova, un palais merina, qui a été remplacé par une école. En redescendant nous tombons dans le pièges d'enfants qui cherchent à se faire payer des fournitures scolaires. Ca tombe bien, il y a une boutique qui vend ce genre de chose un peu plus bas. Va pour un cahier. On devrait sentir l'arnaque et un moment plus tard Dominique nous confirme que ces enfants ne vont pas à l'école mais qu'ils font un petit commerce des fournitures qu'on leur a offertes et qu'ils revendent.

Petit arrêt devant les bureaux de l'agence Mad Trekking pour laquelle travaille notre chauffeur Dominique.
En voiture, nous traversons "le quartier des affaires" où l'on voit les agences bancaires: Bank of Africa, BFV Société Générale, BNI Crédit Agricole, la Direction Régionale des Télécommunications et l'Hôtel de Ville (Lapan'ny Tanana). Nous poursuivons en passant près du marché du Zoma, sans nous y arrêter et rejoignons la "route du sud".


Sortis de la ville un peu après midi et demi, Dominique ne nous signale pas le vigoble de Lazan'i Betsileo, pas plus qu'un peu plus tard le village d'Amjamany dominé par sa colline sur laquelle deux aviateurs français s'étaient crashés pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ce paysage figurait sur les anciens billets de 500 Francs malgaches.
Nous avons le spectacle d'un paysage qui devient déjà un peu moins vert, où la roche des collines est mise à nu par l'érosion. Les maisons semblent plus modestes. Des dépôts de bidons en plastique sont là sans doute pour la livraison d'eau "potable". Et toujours les troupeaux de zébus qui montent vers Tana. Quelques rizières, parfois de petites maisons à pan de bois et remplissage de torchis. Des champs d'armoise (Artemisia)... Peu à peu nous perdons de l'altitude. La vallée d'Ambalavao apparaît bientôt tandis que dans un arrière-plan lointain et brumeux se découpent les reliefs du Massif de l'Andringitra, un Parc National, magnifique terrain d'aventure pour les trekkeurs.


Il est 13h45, lorsque nous arrivons dans la bourgade d'Ambalavao.


AMBALAVAO [ambalava]

Ambalavao, "où il y a un nouvel enclos", est une petite ville de 35 000 habitants voisine du pays Bara. D'ailleurs au XVIIIème siècle le clan de pasteurs et guerriers Bara “Zafimanely” tenta d'étendre son territoire vers le nord, afin de s’emparer de la vallée fertile de la rivière Manantanana. Ce n'est qu'avec l'intervention des Mérina que la frontière du pays Betsileo fut rétablie.

Pour déjeuner nous faisons escale à l'hôtel-restaurant "Aux Bougainvillées". Les choix se dispersent entre confit de canard (12000 MGA) et plats de zébu en filet ou zébu genre bourguignon (15000 MGA). Même dispersion pour les desserts, entre banane flambée (7000MGA) et bananes sauce chocolat (6000 MGA).


Nous sortons de table pour faire deux pas car, sans faire d'avantage d'efforts, dans la cour de l'hôtel on peut voir un atelier de papier Antaimoro ou Antemoro.
La technique avait été apportée dès le VIIe siècle par les Arabes sur la côte sud-est, dans la région Antaimoro (autour de Manakara) pour y transcrire le Coran. Elle était en voie de se perdre lorsque l'homme d'affaires français, Pierre Mathieu, la remit à l'honneur en 1936 en y ajoutant une idée décorative avec l'inclusion de fleurs. Ce papier épais et filandreux, de couleur beige, à fibres apparentes, est fabriqué à partir des fibres de l'écorce de l'avoha, un arbuste de la même famille que le figuier et le mûrier, qui pousse dans l'extrême sud de Madagascar. C'est pour cela que l'on trouve une telle similitude avec le "papier shan" de Birmanie fabriqué lui aussi la fibre d'un mûrier (Broussonetia papyfera). Rappelons au passage que le papier a été inventé en Chine dès le premier siècle de l'ère chrétienne.
Après une cuisson pendant quatre heures, cette pulpe est battue à l'aide de maillets en bois afin de bien disperser les fibres. On obtient une pâte qui est diluée dans l'eau et versée dans un bac au font duquel est disposée une toile sur un cadre. Il faut enviorn 400g de pâte pour garnir un cadre de 1,50x0,75 m. Puis le cadre est sorti du bac et sur la pâte fraîche, selon l'humeur de la décoratrice et selon les fleurs de saison, on ajoute des fleurs, pétales, feuilles ou tiges séchées. Pour les fixer dans le papier, elle les recouvre très légère couche de pâte. Il ne reste plus qu'à faire sécher la feuille au soleil pendant quelques heures après quoi elle se détache facilement de son support.

A part cela, l'autre célébrité de la ville est son grand marché aux zébus, le deuxième du pays (après celui de Tsiroanomandidy, dans le centre ouest du pays), mais nous sommes un jour sans. C'est aujourd'hui lundi alors que le marché a lieu le mercredi.
Les touristes dont le timing n'est pas trop serré auraient la possibilité des visiter la vallée de Tsaranoro oule parc écotouristique d'Anja permettant d'observer facilement divers lémuriens.

En quittant Ambalavao, première rencontre avec la plaine et la savane du pays Bara. Seule constante les troupeaux de zébus se dirigeant vers le nord mais le paysage devient quasi désertique avec seulement du sisal, plante de la famille des agaves (originaires du Mexique).

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LES ZEBUS

Ce bovidé (Bos taurus indicus) est originaire de la péninsule indienne où il fut domestiqué il a de 6000 à 8500 ans. Il se serait diffusé vers l'Afrique en passant par le l'Arabie et le Proche-Orient il y a 3000 ou 4000 ans. Son introduction à Madagascar est beaucoup plus tardive (et pour cause puisque le premier peuplement de l'île de remonte qu'à 2000 ans) avec les migrations de populations bantoues et arabes au premier millénaire de l'ère chrétienne. C'est aussi un héritage africain par le symbolisme religieux et le statut qui est conférés au bétail.

UNE RICHESSE...

Il n'y a pas deux fois plus de zébus que d'habitants comme l'un de nos guides a pu le dire, ni même autant que d'habitants comme on peut le lire parfois. En fait on en compte environ 10 millions soit à peine un pour deux habitants. Il est vrai que très longtemps, il y avait d’avantage de zébus que d’habitants ! mais les proportions se sont inversées aujourd’hui.

Néanmoins le zébu est omniprésent dans le décor. En témoignent les immenses troupeaux qui, du Sud remontent jusqu’aux portes de la capitale. Les gardiens qui parcourent en plusieurs semaines des centaines de kilomètres le long de la RN7 auraient un intérêt commercial à transporter leurs bêtes en camion mais ils se plient au poids de la tradition…
Au-delà de la viande qu’il procure, le zébu est l'objet de vénération et très souvent associé à des rites cultuels (sacrifices). A l'occasion d'évènements rituels comme la première coupe des cheveux d'un enfant (à deux mois), la circoncision, le décès et surtout le "retournement de mort" (famadihana), selon le nombre d'invités et donc selon la richesse de l'invitant, on tue des veaux ou des zébus. La fête peut réunir 1000 invités et conduire au sacrifice de 5 zébus...
Bien plus qu’un simple capital, le zébu est le symbole de toutes les valeurs. La couleur de sa robe exprime les circonstances joyeuses ou douloureuses de la vie. Les bucranes (crâne et cornes) ornent les tombeaux et leur nombre est alors en rapport avec la puissance du défunt. C'est pourquoi chez les Mahafaly, des"aloalo" ornent également les tombes. Il s'agit de sculpture totémiques racontant la vie du défunt et présentant le dessin de zébus.

Les zébus représentent souvent la seule richesse d'une famille et constituent la principale source de viande. La valeur d'un seul animal équivaut à près de deux ans de salaires d'un petit employé ! Le prix moyen d'un animal est de l'ordre de 800 000 à un million d'Ariary. Dans l'actuel contexte d'insécurité, les éleveurs du sud en sont réduit à brader leur cheptel à la moitié de ce prix.
C'est un signe extérieur de richesse, un patrimoine, une réserve plutôt qu'une véritable source de revenu car l'animal n'est peu adapté aux gros travaux agricoles et ne produit guère de lait.
Ce cheptel augmente de 0,8% par an (soit 800 000 têtes). Au niveau du pays, la valeur totale de ce cheptel est estimée à 4,5 milliards d'euros.

En raison de l'accroissem*nt démographique, les basses terres ont été transformées en rizières et en cultures vivrières ce qui a conduit à la réduction des pâturages productifs. Ne disposant plus que de pâturages pauvres sur les terres hautes, maigres et soumises à la sécheresse, il n'est pas possible d'entretenir de gros animaux (il faut disposer de 8 ha par bête au lieu de 3 ha dans le contexte ancien).
Si malgré tout les effectifs se maintiennent, la qualité se dégrade et le poids moyen des zébus adultes baisse, passant de 250 à 180 kg. Dans ces conditions il ne faut pas s'étonner de voir usage limité qu'on en fait comme outil de travail: traction de petites charrettes ou au piétinement des rizières inondées avant repiquage. Ces bêtes n'ont pas un poids suffisant pour tirer une charrue.
Les femelles ne donnent naissance qu'à un veau toutes les années et demie et un bon tiers des veaux meurent peu après leur naissance. De plus, il semble que l'on conserve dans les troupeaux un nombre excessif de mâles par rapport aux nécessités de la reproduction, donc au détriment de la production laitière (très faible avec 3 à 4 litres de lait par jour en période de lactation).
Dans les régions à sols riches alluvionnaires, le cheptel pourrait être amélioré par croisem*nt et ainsi permettre de disposer d'animaux de trait (comme on le verra du côté d'Andasibe). A l'opposé, dans les régions de savane à faible pluviométrie, il faudrait importer des "veaux démarrés" venant de régions naisseuses afin qu'ils puissent profiter du reverdissem*nt des pâturages à la saison des pluies (à partir de janvier) et atteindre un poids critique leur permettant de se développer au cours des trois années suivantes.

...CONVOITEE !

En pays bara, le vol de l'animal vénéré, le zébu, était une tradition villageoise consistant pour les jeunes gens à prouver leur virilité, un rite non violent de passage à l'âge adulte, preuve de courage et de force. L'adolescent gagnait ainsi le respect de sa communauté... surtout si son exploit finissait en prison !

Mais les vols de zébus qui défraient désormais la chronique malgache ont pris la dimension d'un vaste trafic sanglant. En quelques mois, plus de 14 000 têtes de bétail ont été volées.

Aujourd'hui, le dahalo ne vole plus pour la gloire mais pour l'argent. Il ne s'empare plus d'un animal avec son courage pour seule arme mais de troupeaux entiers avec d'innombrables comparses en bandes organisées munis de kalachnikovs et fusils d'assaut. Il a les traits d'un jeune paysan du sud ayant fini son service militaire, sans perspectives. Il arrive qu'un notable, un militaire ou un homme d'affaires lui propose d'utiliser son savoir acquis dans le maniement des armes à ces fins criminelles. Ils bénéficient aussi de complicités parmi les populations, et plus haut encore, dans l'administration et dans l'armée.

Depuis juin 2012, une difficile traque de ces bandits qui attaquent les villages a été entreprise dans les régions d'Atsimo-Atsinanana et d'Anosy et en juillet près d'une centaine de bandits ont été arrêtés. Mais leur chef, l'insaisissable Remenabila, continue de se terrer avec ses hommes dans les zones inaccessibles du sud de l'île. Sa tête a été mise à prix par les autorités qui offrent une prime colossale de 100 millions d'Ariarys (36 000 euros) à qui le livrera "mort ou vif" et seulement 20 millions d'Ariarys (7 000 euros) à qui indiquera où il se cache. Il a même été fait appel à l'armée pour lutter contre ce fléau mais ont peu rester sceptique sur l'efficacité de cette action quand on sait à quel point existe une porosité entre les représentants de loi et ceux qui l'enfreignent.

Ces voleurs de zébus en bandes organisées ont l'habitude de prévenir les villageois qu'ils vont les attaquer afin de les intimider et ainsi avec l'espoir de ne rencontrer aucune résistance de leur part.
Ce premier week-end de septembre 2012, dans l'arrière-pays de Fort Dauphin, les choses ne se sont pas déroulées selon ce plan car les éleveurs ont tendu une embuscade aux voleurs. Elle a fait près de 100 morts dont 90 bandits appartenant à une bande d'environ 130 voleurs lors de deux opérations punitives menées par des villageois. Ce massacre a eu lieu dans une zone d'accès malaisé de l'arrière-pays de Fort Dauphin. Sur les quelques 100 zébus, les villageois en auraient récupéré 98.

Une bonne surprise et un sujet d'étonnement, l'état de la Nationale 7 est meilleur maintenant. Sans doute faut-il considérer que ce n'est parce qu'on en prend meilleur soin mais simplement parce que plus on s'éloigne de la capitale et moins le trafic y est intense et donc l'usure qui va avec...

Et le paysage? Un monde minéral, ocre rouge, avec des reliefs vigoureux. Il fait chaud en milieu d'après-midi, 30°. Sans doute un peu de monotonie et de fatigue si la précédente étape était déjà lointaine. C'est sans doute ce qui est arrivé au taxi-brousse qui a raté un pont (rappelons qu'ils ont à gabarit réduit) et s'est retrouvé à moitié retourné, dans la petite rivière en contrebas, peu après avoir passé les rochers des Portes du Sud.

Vers 16h30, se dresse devant nous une curieuse montagne formée par la superposition de deux blocs arrondis et aplatis. Il s'agit du "bonnet de l'évêque", une sorte de calotte posée sur un crâne.

Le jour décline vite, il est 17h15. Barrage de police que nous franchissons sans contrôles puis Dominique fait un appoint de carburant à Ihosy ([ioutch]), toujours aussi cher, 1€ le litre (2760 MGA).
Notre route va longer le Plateau d'Horombe, sur notre gauche mais notre chauffeur a d'autres préoccupations car il nous précise que nous trouvons maintenant au coeur de la "zone rouge" ou sévissent les bandes de voleurs de zébus et autres détrousseurs de grand chemin.

Comme la nuit devient bientôt complète c'est avec soulagement que l'on arrivera à destination à l'Isalo Ranch à 18h30, sans avoir aperçu toutes les beautés du "Colorado malgache", avec juste un bref arrêt à Ranohira où Dominique nous présente à notre guide Méthode (si si, c'est son nom) pour la journée suivante dans le Parc National.

Après la toilette bien nécessaire après cette très longue journée (qui, rappelons-le avait commencé par la visite du Parc National de Ranomafana) nous avons bon appétit lorsque nous nous installons pour dîner au restaurant de l'hôtel où nous sommes en demi-pension pendant deux journées. D'aucunes jouent la prudence avec un potage aux croûtons. Plus téméraire, j'opte pour une jolie présentation avec brochette de croûtons et de petites tomates farcie d'une macédoine ainsi que de concombres recouverts d'une sauce froide.
En plat principal, on optera soit pour la côte de porc grillée nappée d'une sauce, soit d'une darne de tilapia. Accompagnements identiques: petites carottes, petit* oignons et riz délicieusem*nt cuisiné. En dessert, on a opté soit pour une tarte accompagnée d'une sauce genre crème anglaise (avec signature "Isalo Ranch" à la sauce chocolat!) soit pour une île flottante.

A 5km de la bourgade et à 200m de la nationale et après un court épisode de "tempête de vent" vers 21h30, la nuit sera calme dans notre confortable bungalow familial à deux chambres avec sanitaires partagés. Electricité d'origine solaire contingentée ce qui signifie de mettre les batteries à recharger dans la salle du restaurant qui reste alimentée. L'hôtel compte une vingtaine de bungalows.

6 heures du mat!
Premiers regards sur l'environnement. Nous avons une terrasse orientée vers l'ouest ce qui nous offre une vue splendide sur des reliefs tabulaires du plateau de Keliambahatsy éclairés par le soleil matinal. Le début d'une merveilleuse journée.

Le jardin permet de faire connaissance avec quelques plantes grasses ou épineuse ("Epine du Christ") de cette région semi désertique. Plantes étranges avec un tronc renflé, non pas des baobabs nains mais des pachypodiums, ce qui ne signifie pas "pied d'éléphant" mais "pied épais". Statues érotiques provenant de tombeaux, la statue masculine n'était pas émasculée à l'origine comme en témoigne l'absence localisée de patine...


Parc National de l'ISALO

Petit-déjeuner rapidement avalé car nous avons rendez-vous au village de Ranohira ([ranouhir]) à 7 heures avec notre guide Méthode. Sur le court trajet, étrange spectacle d'un camion remorquant un bateau stationné au milieu de nulle part, en tout cas bien loin d'un rivage.


Arrivés à Ranohira, en attendant notre guide, nous faisons quelques pas sur la place du village et on voit un grand calicot annonçant que dans deux jours se tient à Ranohira une Journée Internationale du Tourisme avec orientation à la mode du jour, "le durable". Une jolie demoiselle, "Petit Nalit dit Felana", en profite pour distribuer sa carte de professionnelle en "massage général et spécial".

A 7h15, nous embarquons Méthode et, après 25 minutes de piste, on nous dépose pour l'aventure pédestre, munis des chaussures adéquates et de deux litres d'eau.

Notre guide Méthode en quelques mots.
D'origine Betsileo, catholique, bien intégré en pays Bara, il a 53 ans et exerce le métier de guide depuis 1992. Il s'exprime parfaitement et est toujours attentif à la forme et aux attentes de ses clients. Quand il ne fait pas ce travail, il redevient paysan.

Et quelques autres mots sur l'Isalo.

C'est un massif gréseux taraudé par l'érosion qui lui donne un aspect ruiniforme, orienté en gros nord-sud qui s'étend sur 180 km de long par 20 km dans sa partie la plus large. Il couvre 116 000 ha dont 70% sont intégrés au Parc National. Créé en 1962, le parc a été ouvert au public en 1992.La végétation de base est celle d'une savane à palmiers satranas d'où émergent des arbres appelés tapias qui résistent au feu. La flore du parc compte quelque 400 espèces. Quant à la faune, on dénombre 14 espèces de lémuriens diurnes et 77 espèces d'oiseaux
Environ 10 000 personnes vivent autour du Parc et près de 20 000 visiteurs y viennent chaque année. L'accès au Parc n'est possible qu'accompagné d'un guide agréé. Méthode nous confirme que malgré son expérience, il pourrait d'y perdre dans les secteurs qui lui sont moins familiers.
L'incendie survenu le 17 septembre 2010 a ravagé 8% du parc malgré l'intervention de plus de 600 personnes pour lutter contre le sinistre.

. Pendant que nous attaquons la montée vers le plateau, Méthode nous fait observer un Coucal Toulou en plumage nuptial, tout noir sauf les ailes roux vif. Plus loin, dans les branches supérieures des arbres, on apercevra de façon fugace nos premiers makis cattas partis en quête de leur pitance (des fruits). On a juste le temps de bien remarquer leur magnifique queue annelée où se succèdent stries noires et blanches.


La falaise que nous abordons est parfaitement mise en valeur par la lumière matinale qui réveillent ses ocres et révèlent les formes étranges résultant d'une érosion ruiniforme de ce massif gréseux: becs et cavités mais dans un dessin beaucoup plus brutal que ce que l'on peut observer sous d'autres latitudes (par exemple à Pétra, en Jordanie). Ce qui pouvait passer pour une tête d'aigle vue de loin, peut de plus près faire penser plutôt à une tortue. Ce sont aussi les premières grottes utilisées pour des inhumations provisoires, fermées par de simples murets de pierre sèche.

L'étrange pratique malgache des double funérailles, ne serait apparue et en tout cas généralisée qu'au XVIIe s. (comme d'ailleurs la pratique de la circoncision) d'après Wikipédia qui pourtant ne manque pas de la relier à des traditions du sud-est asiatique (pour notre part, nous avions été étonnés par la survivance d'une pratique un peu similaire dans les campagnes du Tonkin, dans le nord du Vietnam). Ne serait-elle donc pas bien plus ancienne puisque le fond du peuplement malgache est venu d'Asie?
Les premières funérailles (fandevenana) font passer du monde des vivants à celui des morts. Cérémonie triste et strictement familiale.
Par contre, après disparition plus ou moins complète des parties corruptibles, la seconde inhumation dite "retournement des morts" (famadihana) fera passer le défunt dans le monde des ancêtres (drazana). Tient donc, encore un point commun avec l'Asie.
Selon les tribus, ces cérémonies ont lieu entre trois et sept ans après les premières funérailles puis sont généralement suivies d'autres retournements à un rythme plus espacé, entre cinq et dix ans (par exemple trois ans puis sept ans sur les Hautes Terres). Méthode nous expliquera que ce n'est pas le cas ici. Ces cérémonies se déroulent en hiver, de juillet à septembre.

Si l'on n'en reste qu'au niveau de l'expression "retournement", on peut se demander de quoi il peut bien retourner. S'agirait-il simplement de retourner ce qui reste du défunt (par exemple de passer de face tournée vers le haut à face retournée vers le bas)?
En ce qui concerne la pratique des Baras de cette région, Méthode explique qu'un groupe d'hommes valides grimpent jusqu'à la grotte qui a servi de lieu d'inhumation provisoire afin récupérer les restes du corps, en veillant à ce que ne manque aucun des taolam-balo, "les huit os fondamentaux" (humérus et cubitus des deux bras ainsi que fémur et tibia des deux jambes), et les rapportent au village. Les femmes ont la charge macabre de gratter les os pour en détacher les lambeaux de tendons, puis les os sont lavés avant d'être enduits avec de la graisse de bosse de zébu afin que le zébu tienne compagnie à l'ancêtre. Selon la richesse de la famille, c'est alors l'occasion des festivités villageoises qui peuvent durert jusqu'à trois jours et amener au sacrifice de quatre ou cinq zébus. Après quoi, les ossem*nt recouverts d'un lamba (linceul) neuf sont placés dans un cercueil également neuf qu'un groupe d'hommes conduit au lieu de sépulture définitif, dans une grotte située plus haut dans la falaise et réservée à une famille.
Voilà, l'ancêtre s'en est ainsi RETOURNE à sa nouvelle demeure.

Accompagné de ces visions morbides, bientôt nous mettons pied sur le plateau, encadré de quelques crêtes et défoncés par des canyons, un paysage lunaire ou plutôt martien en raison des couleurs chaudes. Certains pachypodiums nains ont même réussi à s'installer carrément à flanc de falaise. Le renflement de la base de leur tige renferme une matière spongieuse qui stocke l'eau absorbée à la saison des pluies (eau non consommable pour les humains!). En cette saison, ces arbrisseaux sont dépouillés de leurs feuilles et leur floraison jaune va disparaître dans quelques semaines.
Plus loin, une vieille souche a été disposée comme un bucrâne, un crâne sacré de zébu surmonté de ses cornes. Méthode nous arrête près d'un buisson qui ne possède plus que quelques grandes feuilles. A nous d'y dénicher un grand et étrange insecte. Pire que de chercher une aiguille dans une meule de foin, pourtant ici les brindilles ne sont pas en nombre. Un indice: quel angle les branchettes forment-elles avec la branche qui les porte? Un angle aigu orienté vers le haut direz-vous et vous aurez vite la solution car certaines branchettes semblent tournées vers le bas. En fait il s'agit des pattes antérieures d'un phasme, tête dirigée vers le bas. Parfait camouflage.

Un rocher déchiqueté de la falaise évoque une gueule de crocodile ou plutôt de quelque monstre préhistorique aux dents acérées. Toujours des tombeaux, une maigre végétation où l'on peut voir une parente des kalenchoes de nos fleuristes. Nous atteignons une nouvelle crête avec vue imprenable à 360° (mais avec la technologie qu'est-ce qui n'est plus imprenable?). Paysage similaire à perte de vue, crêtes et plateaux entrecoupés de canyons.

Au sol, résultant de l'érosion, une roche évoque étrangement la forme de la Grande Ile tandis que nous sentons comme surveillés par les orbites menaçantes d'un barbare gothique genre "skull warrior". Encore un tombeau provisoire, dont le cercueil en fer blanc (signe manifeste de la richesse de la famille du mort) dont on voit encore les peintures décoratives a été abandonné sur place après avoir été vidé.


Pour changer, à l'approche d'un canyon, de la fraîcheur.
Un ruisseau aux eaux émeraudes dont savent tirer parti quelques fougères et de beaux spécimens de pandanus. Un peu plus loin il tombe en cascade dans la Piscine Naturelle où un jeune couple déjà arrivé va bientôt nous céder la place. Il est 9 heures, nous avons marché tranquillement pendant une bonne heure et quart soit le modeste parcours d'environ 3 kilomètres. Quelques précautions pour ne pas glisser en descendant vers le petit plan d'eau.
Une petite demi heure de baignade et il faut repartir car un peu long et monotone va suivre avant la pause déjeuner.

Nous longeons un moment le canyon avec ses pandanus et autres palmiers-bambous, avant de nous engager au coeur du plateau aride tandis que nous voyons débouler une horde de touristes descendant de la crête que nous avions passée il ya mainteant plus d'une heure. Ouf! Ils se contenteront sûrement d'un aller-retour à la Piscine Naturelle.
Végétation rabougrie d'herbes, plantes grasses (kalenchoes et haworthia) et pachypodiums. Quant au règne animal, on retrouve une nouvelle fois l'araignée géante néphile. Courte pause à l'ombre pour se rafraîchir et observer des nids de foumis Crematogaster ranavalonis curieusem*nt accrochés dans les arbres et présentant l'aspect de carton. Puis un caméléon dont on peut observer l'extraordinaire capacité à mouvoir ses yeux de façon indépendante, "l'un tourné vers le passé et l'autre vers l'avenir". En revanche nous ne verrons pas de scorpion.
Nous arrivons dans la zone du Canyon des makis sérieusem*nt endommagée par l'incendie de 2010 dont les traces sont bien visibles. On peut admirer la capacité de résistance au feu de certains petit* arbres, tapias (Uapaca bojeri), dont les feuilles servent de nourriture aux larves de landibe, les vers à soie sauvage. Cela tient à l'épaisseur de son écorce, tout comme pour les chênes-lièges de nos forêts méditerranéennes.
Dans un coin encore vert d'un canyon, il faut avoir l'oeil expert de Méthode pour apercevoir au loin deux superbes et grands lémuriens sifakas blancs à taches noires (ou prophitéque de verreaux). Déception mais c'est partie remise pour un autre jour. Jolis arbustes épineux aux fleurs rouge corail retombant en cascades, ressemblant à un flamboyant, l’érythrine à crête de coq (Erythrina crista-galli), originaire d'Amérique du sud. Son nom vient de ses fleurs en forme de crêtes de coq (en latin crista galli).

Après deux heures de marche et être descendus dans un canyon, nous arrivons à l'aire de bivouac de Namaza où l'on est en train de nous concocter un pique-nique amélioré (mais non compris dans le forfait cette fois). Sous une paillote voisine, les foyers sont allumés et des porteurs ont assuré le ravitaillement en charbon et en denrées. Avec sa nappe en tissu imprimé, la table est solidement dressée puisqu'il s'agit d'une grossière maçonnerie de blocs de pierre formant table et bancs.

Midi! Le déjeuner est servi. Au menu: une salade de carottes et haricots émincés avec un demi-oeuf dur, 2 ou 3 boulettes (par convive) de viande de zébu à la sauce tomate, accompagnées d'un riz genre cantonaise, avec morceaux de carottes et haricots verts et des petit* pois et en dessert 2 ou 3 tranches d'ananas. Tarif: 18000 MGA soit 6,50€ par personne, hors boisson).
Un intermède en cours de repas résulte de l'irruption dans le voisinage d'un inoffensif serpent des arbres (snake tree) qu'un pisteur récupère sans crainte afin de le porter dans un lieu plus écarté, pour la tranquillité de l'animal et pour la nôtre.


Avant 13 heures, nous attaquons la seconde phase de notre programme, la Cascade des Nymphes qui remplace le parcours dans le Canyon des makis.

Bon plan pour l'après-midi: marche au frais le long d'un ruisseau et en une demi-heure nous sommes arrivés à la Cascade des Nymphes. Ambiance fraîche où ne nous attarderons guère plus d'un quart d'heure car nous décidons d'opter pour l'option à 20 000 MGA/personne pour nous conduire à la Piscine Bleue et à la Piscine Noire soit environ 3 kilomètres de plus, en empruntant toujours le lit presque à sec des rivières.
Trois quarts d'heure pour atteindre la superbe Piscine Bleue qui en réalité semble plutôt verte. Un petit effort supplémentaire de quelques minutes nous amène à la mystérieuse Piscine Noire.


Vers 14h45, nous redescendons le lit de la rivière en direction de la zone de bivouac pique-nique de Namaza où nous sommes de retour un peu avant 15 heures. Et là, quel plaisir de pouvoir admirer trois groupes de makis cattas comptant chacun une douzaine d'individus en pleines agapes florales au-dessus de nos têtes. Chaque groupe a un territoire de 6 à 9 hectares et il se déplace quotidiennement sur près d'un kilomètre au sein de ce territoire. Tout en mangeant ils émettent des cris divers, sortes de ronronnements, grognements, grincements, ronflements, crachements et miaulements.
Il y en a partout, ça vole littéralement d'arbre en arbre. Ils jouent aux équilibristes en mangeant les fleurs et en emportant leur petit. Nous nous régalons de ce spectacle pendant une demi-heure, en esquivant les catas que pourraient provoquer sur nos frusques par les cacas lâchés par les cattas.
Ces lémuriens sont polygames et leur régime alimentaire est de type omnivore opportuniste, avec une large base de produit végétaux (fruits surtout) et accessoirement d'insectes (tels les phasmes) et larves. Ce sont les lémuriens qui ont l'organisation sociale la plus poussée. Les groupes sont dirigés par une ou deux femelles. Ils communiquent beaucoup par signaux à l'aide de leur queue.

En descendant vers le parking nous pouvons observer de près un iguane à queue épineuse (Oplurus quadrimaculatus).

Nous reprenons la piste vers 15h45 et ravis pour ses prestations, nous déposons Méthode au bourg de Ranohira, sur notre chemin et nous revoici à l'Isalo Ranch.

Pour clore cette belle journée, dommage que Dominique n'ait pas jugé utile de nous faire profiter du coucher de soleil sur les rochers de la Reine de l'Isalo ou au travers de la Fenêtre de l'Isalo pourtant à moins de 10km de là par la RN 7. Nous nous contenterons du coucher de soleil sur le plateau face à notre bungalow et de l'animation qu'engendre les feux de brousses que l'on peut voir non loin de notre terrasse, à quelques kilomètres de là, vers l'ouest, au bord de la RN 7. Heureusem*nt, les larges coupe-feux aménagés autour de l'hôtel nous rassurent un peu.


Ce soir, avant le dîner, à partir de 19 heures, le personnel de l'hôtel donne pendant un peu plus d'une demi heure un spectacle gazi sans prétention de musique, chants et danses traditionnelles de différentes ethnies: Baras évidemment puisque nous sommes au coeur de leur région, Mérinas et Betsileo du centre, Vezos et Sakalavas de l'ouest dont le visage des femmes porte un maquillage décoratif... tout comme leurs enfants, filles et garçons, venus regarder le spectacle!
Une danse retient l'attention, celle des Baras, avec des fusils en bois, elle évoque la pratique traditionnel du vol de zébu par les jeunes hommes en espoir de beau mariage.

En pays bara, le vol de l'animal vénéré, le zébu, était une tradition villageoise consistant pour les jeunes gens à prouver leur virilité, un rite non violent de passage à l'âge adulte, preuve de courage et de force. L'adolescent gagnait ainsi le respect de sa communauté...
Mais les vols de zébus qui défraient désormais la chronique malgache ont pris la dimension d'un vaste trafic sanglant.
Aujourd'hui, le dahalo ne vole plus pour la gloire mais pour l'argent. Il ne s'empare plus d'un animal avec son courage pour seule arme, mais avec d'innombrables comparses munis de kalachnikovs et fusils d'assaut. Même si ces vols à grande échelle et autres embuscade tendues aux convois empruntant la RN 7 se produisent en pays Bara, les auteurs des faits n'appartiennent pas à une ethnie particulière.

Au dîner ce soir, nos choix gastronomiques vont être très disparates.
Pour commencer, soupe au chou et au lard ou jolie tulipe de fruits de mer et salade d'aubergine ou tourte au topinambour et fromage.
Pour suivre, steak de zébu grillé avec assortiment de légumes et ananas sautés et d'un peu de riz quand même. Pas de candidat parmi nous pour le poulet grillé ou la brochette de porc.
Pour finir, flan pâtissier ou duo de fruits flambés (banane et ananas).

De retour au bungalow, nous sommes rassurés, l'incendie s'est éteint et par chance ce soir il ne se lève pas un grand coup de vent comme la veille. Après avoir si bien mangé, allons pouvoir dormir? La fatigue d'une marche d'une bonne douzaine de kilomètres sous une trentaine de degré viendra compenser...


Après le petit-déjeuner et un regard aux jolies couleurs de l'Isalo illuminé par l'aube, départ à 8 heures en direction du Canal du Mozambique.
Au bout de 4 ou 5km, Dominique nous dépose sur la gauche à la Maison de l'Isalo, un petit musée centre d'interprétation en visite libre. Nous y passons une vingtaine de minutes.
Par contre, quelques kilomètres plus loin, il aurait pu nous signaler le rocher dit "la Reine de l'Isalo" et faire un tout petit détour vers la "Fenêtre de l'Isalo".
Etrange attitude pourtant rien dans notre comportement à son égard ne peut l'expliquer... Peut-être que de son point de vue juge-t-il ces rochers comme sans intérêt. Il nous a bien dit lors de nos premiers contacts que "le côté guide" n'était pas ce qu'il aime le plus.

Les déconvenues vont se poursuivre avec lui alors que ce jour là rien ne nous presse.

Route plutôt bonne. Seulement 240 km à parcourir même si l'on passera sans aucun contrôle la dizaine de barrages de police ou de gendarmerie qui les jalonneront.


ILAKAKA

Notre programme prévoit le passage au gisem*nt de saphirs d'Ilakaka. Nous ne le ferons pas.

Dominique nous averti que cette ville farwest en a tous les défauts et que les touristes y sont des proies.
La découverte ici en 1998 du plus grand gisem*nt en corindons à ciel ouvert au monde a été à l'origine de cette ville-champignon qui a poussé de part et d'autre de son artère unique, la RN 7. Aucune cohérence dans l'architecture, à l'image de la diversité ethnique et religieuse que l'on peut percevoir (calots et robes blanches de Musulmans Sri Lankais, d'ailleurs on voit une mosquée à la sortie de la ville...). Des sources bibiliographiques indiquent que la production mondiale de saphirs est assurée à 40% par Madagascar (10 tonnes par an) alors que d'autres situent sa contribution à 15%.
En fait c'est aux abords d'Ilakaka, là où les prospecteurs creusent comme des rats, que vivrait la plus grande partie des quelques dizaines de milliers de personnes attirés par le miracle ou le mirage de l'or bleu.

Dominqiue consent cependant à nous arrêter chez un lapidaire d'origine suisse installé à la sortie de la ville, sur la gauche. Notre visite expresse en dix minutes du show-room Color Line ne nous permet pas vraiment de découvrir les 102 couleurs de saphirs et l'exposition de fossiles. Marc Noverraz travaille les pierres depuis plus de 20 ans et est arrivé à Ilakaka en 2000. Avec un collègue guinéen, il organise des visites de mines de saphir. Cette gemme est une pierre précieuse que l'on trouve principalement à Madagascar et au Sri Lanka (des terres qui étaient proches avant la fracturation du Gondwana et la dérive des continents). Une affiche propose la visite guidée des mines en 2 heures au tarif de 20000 Ar par personne. Dominique n'y tient pas car le danger ne vient pas cette fois de "la faune locale" mais des installations...


Nous reprenons la route.
Quelques tombeaux... sans commentaires.
Quant aux arrêts mentionnés dans le progamme pour les photos de baobabs de la Forêt de Zombitse-Vahibasia, ils n'auront pas lieu.
Peut-être Dominique a-t-il de bonnes raisons quand même? Il fait déjà 30°. Dans les minuscules hameaux, les gamins ne nous gratifient pas de leur sourire et des habituels "Bonjour vazaha" mais au lieu de cela certains crachent même en direction de la voiture.
Barrage de police avec des herses signalées par des bouteilles d'eau vide embrochée sur les piques...
Un peu après 9h30, apparaissent les premiers baobabs qui jaillissent çà et là d'une sorte de savane où les rares cultures sont surtout le manioc en raison de la faible pluviométrie puisque l'épisode pluvieux ne dépasse pas ici une semaine. Des parcelles sont protégées par différentes cactées. Finies les maisons en dur et à étage. Les villages sont constitués de cases en matériaux purement végétaux ou en torchis (remplissage par un mortier d'argile et de paille d'une armature faite de perches).

Après Sakaraha, nous allons voir quelques zones plus prospères où l'on pratique la culture sur brûlis (tavy). Nous avons quitté le pays des Bara pour celui des Sakalava-Vezo.
La nature semble redevenir plus ingrate après Mahaboboka tandis que l'on croise de nombreuses charrettes tirées par des paires de zébus. Les couleurs vives des vêtements des femmes se font plus africaines. Tient! pour changer une église "ortodksa". Et des dépôts de sacs de charbons qui se font plus rares mais il y a si peu d'arbres qui pourraient encore en faire.
Quant aux tombeaux, ils deviennent très nombreux et très divers lorsque nous effleurons le pays Mahafaly mais ne suscitent ni commentaires ni arrêts photos et on doit se borner à des prises depuis la voiture. Certains ressemblent à de grands parallélépipèdes de 10 mètres de côtés faits de pierres posées sans mortier et plus ou moins dégradés. D'autres, plus récents (ou plus récemment réutilisés) ont une maçonnerie enduite et recouverte de peinture plus ou moins défraîchie. Ils sont orientées vers les points cardinaux et des piliers marquent les angles sur lesquels on peut y voir des totems de zébus en peinture à défaut d'alaolo en bois sculpté. Quelques tombeaux portent une maisonnette sacrée, une sorte de petite chapelle édifiée au milieu de leur terrasse. Décorant cette maisonnette, on peut aussi bien voir la peinture d'une sorte de centaure (torse d'homme sur un corps de zébu?) qu'une croix en carreaux de faïence (type salle de bains). D'autres tombeaux sont surmontés d'une simple croix de bois ou de rien!

Si, nous aurons un arrêt. Il s'agit d'une pause technique que nous demandons un peu avant 11 heures. Il est bien temps. Arrêt en rase campagne, avec l'abri symbolique d'une très maigre forêt sèche. Nous avions à peine eu le temps de répondre aux nécessités, qu'une troupe d'enfants sortis d'on ne sait où nous rejoignait, se faisant très quémandeurs. Il est temps de déguerpir. Dominique doit en sourire...

A Andranavory, une large piste rouge s'ouvre sur notre gauche en direction du Grand Sud. C'est la Nationale 10 qui s'en va vers Fort-Dauphin (rebaptisée Tollagnaro). Passons.
Les maigres ressources que peut dégager l'agriculture de cette région aride limitent le nombre de bovins et le bétail le plus adapté est alors représenté par les chèvres dont on voit paître des troupeaux au milieu des tombeaux ou que l'on croise sur la route.

Le paysage change peu à peu. Des buissons épineux dépouillés de leurs feuilles en cette saison. Une végétation plus haute qui a un peu l'allure des épineux et des cactus mais de couleur vert de bris apparaît également. Soudain, à 11h30, dans le lointain l'horizon est barré par la mer ou plus exactement le Canal du Mozambique, une annexe de l'Océan indien pour ne pas faire court. Les pousse-pousse et surtout les tricycles (vélo rickshaws) nous signalent la proximité de la ville.


TULEAR [touliar]

C'est Tuléar la coloniale créée en 1895, renommée Toliara ou Toliary ([touli'ar]). La ville compte près de 120 000 habitants pour une agglomération de l'ordre de 200 000 (curieusem*nt mon Routard donne une agglomération de 2 800 000 habitants donc pas une simple erreur de zéro en trop).

Pour les touristes qui séjournent à Tuléar, souvent à partir du port de Mahavatse, il leur est proposé de rejoindre Anakao, à une bonne vingtaine de kilomètre plus au sud, par le canal du Mozambique. Voyage folklorique qui commence par un transfert en charrette à zébus à travers la grève et dans l'eau afin de pouvoir embarquer sur les vedettes amarrées à quelques centaines de mètres du rivage. Anakao est un village (12000 habitants) de pêcheurs Vezo et d'agriculteurs Mahafaly.

Comme il est tout juste midi, Dominique nous conduit au marché des coquillages. Un marché aux souvenirs pour les touristes: de jolis coquillages de toutes sortes certes (notamment des porcelaines de différentes tailles) mais aussi des papillons sous vitrine, bouteilles de sables de couleur évoquant des symboles du pays (lémuriens, baobabs, arbre du voyageur), fossiles transformés en objets décoratifs polis (ammonites débitée en rondelles), des miniatures de voitures en bois et surtout en fer blanc tiré des canettes, des nappes brodées et des pareos imprimés qui font penser à la Polynésie, des sculptures en bois mais pas d'alaolo, de copies de totems mahafaly.

C'est aussi l'occasion de voir le maquillage du visage de certaines vendeuses. Il serait plus exact de parler de masques de beauté dont le but pour les paysannes était à l'origine de se protéger de l'ardeur du soleil. On peut lire qu'il serait fait à base d'argile rouge mais il semble que le plus souvent il s'agisse de tabaky, une poudre faite soit à partir d'écorce soit de racines de bois de santal. Dans un but purement esthétique, on peut se contenter de dessiner au pinceau des motifs pointillistes. Tient, voilà quelque chose qui nous rappelle le thanaka des femmes birmanes.
Une demi-heure pour de menus achats.

Passons maintenant à table.
Sur le court trajet, nous passons près d'une sorte de gare routière. Ici c'est le terminus pour beaucoup de taxis-brousse et le relais est pris par des camions bâchés et des vieux bus indiens "Tata" surchargés qui vont circuler sur les pistes vers le grand sud. On se demande comment les galeries supportent le poids de tout ce qu'on y accumule.


Dominique nous propose l'hôtel-restaurant "Chez Alain" dans un quartier sans charme, le quartier "Sans fil".
Après la prise de nos commandes, nous avons tout loisir d'observer les alaolo, les totems funéraires, qui décorent le petit jardin où des tables sont dressées pour les convives. Par exemple, on peut y voir une étrange sculpture, une tête de brebis surmontant un corps femmes (y -a-t-il une forme féminine du centaure?). Si l'on sort du classique zébu, d'autres alaolo sont surmontés d'une charette tirée par des zébus, d'un taxi-brousse, d'un gendarme motocycliste en train de verbaliser un contrevenant...

Question nourriture, on fera simple après une matinée si peu remplie. Poisson pour les dames, en filet ou en brochette avec accompagnement de légumes sautés et frites et pour moi je vais tester un plat traditionnel, le ravitoto. Pas tout à fait traditionnel car il ne s'agit pas ici d'un ragoût de porc et de feuilles de manioc mais de lard auquel on a ajouté des morceaux de dinde. Bien sûr, un bol de riz en accompgnement.
Coût des différents plats: de 11000 à 12000 MGA.

A 13h45, nous sommes prêts pour aborder la vingtaine de kilomètres de piste de sable qui nous séparent de notre fin d'étape à Ifaty.
A la sortie de la ville de Tuléar , en direction du nord, on traverse une sorte de décharge publique à ciel ouvert si l'on en juge aux milliers de sacs plastiques qui jonchent le sol et que l'air de l'océan éparpille. Cette zone sert aussi de gare ou de dépôt à pousse-pousse. Par des plaques de bitumes qui subsistent parfois et provoquent de brusques cahots, on devine qu'il y eut ici une route. Chacun sait ce qu'il reste de ce qui est édifié sur le sable... En tout cas, la piste est encombrée de camions-bâchés (en guise de bus) se dirigeant vers le nord et surtout de charrettes. On slalome et par moment on circule à gauche.
Bientôt en suivant la côte, on aperçoit une mangrove et dans le lointain l'ourlet blanc de la barrière de corail qui délimite le lagon.

IFATY [ifat]

Il est un plus de 14h30, lorsque Dominique nous confie à la patronne de l'hôtel Nautilus. Mission accomplie. Il va se reposer cet après-midi avant de remonter vers son agence de Fianarantsoa demain.

L'hôtel qui semble assez bien rempli, appartient à un couple d'expatriés qui ont manifestement adopté un rythme de vie mora-mora.
Attention, l'établissem*nt comporte trois catégories de bungalows et nous aurons la moins bonne. Les bungalows encastrés dans la dune, puis ceux construits un peu au-dessus et dominant le rivage. Enfin au fond du parc et d'allées de sable, on trouve une batterie de bungalows sans caractère et sans vue depuis la terrasse. Les nôtres! Et zéro pour la déco. La literie repose sur un bloc de maçonnerie et ce sont aussi des "parpaings" qui servent de table de chevet. Spartiate!

ll y a ne piscine qui pourrait être sympa si l'on n'y retrouvait pas les poils du chien de la maison qui vient s'y baigner avec sa maîtresse. Quant à la plage, elle est décevante car très étroite et n'est pas faite d'un parfait et fin sable blanc dont on pourrait rêver par ici. Très vite, elle cède la place à de rugueux rochers de coraux morts. Un peu plus au nord, du côté de Mangily, il y a mieux.
Même l'eau n'est pas sympathique comme on pourrait s'y attendre dans un lagon. Elle est très agitée et salie par les algues qu'elle remue. La cause de tout cela, c'est l'alizé qui souffle dans le Canal du Mozambique et fracasse ses vagues sur la barrière de corail à quelques kilomètres d'ici et dont l'entêtant rugissem*nt nous est apporté par le vent.
Profitons de cet après-midi pour nous reposer, nous détendre et nous cultiver en cherchant dans nos guides les explications qui nous ont fait défaut.
On se trouvera d'autres occupations pour la journée libre de demain. La patronne ne se mouille pas trop au sujet des prévisions météo. Une chose certaine, il ne peut que faire beau. Quand au vent et à son effet sur l'état de la mer, c'est autre chose. Pourrait-on passer la barrière de corail pour aller observer des baleineaux et leur mère (40€ pour 3 heures) comme c'était encore possible la semaine dernière (mais nous sommes tout à fait en fin de saison)? Les piroguiers feront-il des balades dans le lagon? Les sorties à la pêche au gros (70€ l'heure)? Les baptêmes de plongée (50 à 100€)? Le snorkeling (location PMT, palmes, masque et tuba au tarif de 5€ la demi-journée).

En soirée, le ciel ne se prête même pas à faire de jolis couchers de soleil alors même que le rivage est tourné vers l'ouest.


Le dîner va être l'occasion de mettre fin à ma poussée d'acrimonie et à mes jérémiades et me réconcilier avec les bonnes choses.
Pendant une journée et demie, nous sommes en libre pour nous occuper comme pour manger. Nous allons donc craquer pour des langoustes (trois demies par personne) accompagnées de légumes sautés, frites (soit 32000 MGA ou 11,50€ par personne) et d'un petit vin blanc. En dessert deux tranches d'ananas flambées (7500 MGA) ou un quart d'ananas taillé en pirogue (7000 MGA).
La table est bonne et le service très stylé, un peu affable même qui ferait presque penser à l'ambiance que les romans rendent lorsqu'ils évoquent les serviteurs noirs dans les plantations du sud des Etats-Unis avant la Guerre de Sécession.

Après ces agapes, le grondement qui vient toujours de la barrière de corail va-t-il nous bercer?
Finalement nous avons bien dormi et c'est avec étonnement que nous sommes saisis par le silence ambiant. Plus de rugissem*nt au loin. L'écume de la barrière de corail à peine visible. Et l'eau du lagon devenue d'huile.
Nous ne prenons donc pas notre petit-déjeuner très tôt et les activités pour la matinée se trouvent compromises. Piscine pour les dames tandis que pour mon compte je me décide vers 9 heures de faire une petite balade le long de la côte, en direction du village principal, Mangily, à 4 kilomètres plus haut nord.
Je peux d'ailleurs apercevoir des pensionnaires qui se sont mieux levés que nous et qui ont embarqué sur des pirogues se dirigeant vers la barrière de corail. Il s'agit de pirogues à simple balancier et dotées d'une voilure rudimentaire, un carré de toile. Quant à moi, la marche alterne les zones sableuses fatigantes et celles de rochers de coraux morts délicates (attention aux entorses). En traversant les villages, c'est l'occasion de voir de plus près la vie des familles. Les enfants qui n'ont toujours pas repris les cours jouent, évidemment. Les femmes qui ne vaquent pas après la cuisine papotent. C'est aussi l'occasion d'apprécier la décoration peinte sur certaines pirogues tirées sur le sable. Plus loin, un couple tire un filet vers la plage...

Je suis de retour au bord de la piscine à 11 heures. Petit repos avant le déjeuner. Quelques mots échangés avec les autres touristes nous apprennent que ceux qui ont fait les sorties en pirogue d'environ deux heures au cours de la matinée en sont satisfaits. L'eau étant redevenue parfaitement limpide, il était même possible de voir les coraux sans se mettre à l'eau. Ils leur en avait coûté 10000 MGA par personne (+ redevance de 5000 MGA au profit de la Réserve Marine pour ceux qui se sont mis à l'eau).


LA FORET DES BAOBABS

Cet après-midi, Robinson, l'un des serveurs du restaurant, organise une sortie en chars à boeufs ou plus exactement en charrette à zébus dans une forêt sèche où poussent entre autres espèces, différents baobabs. Pour une sortie de deux bonnes heures, il nous est demandé 15000 MGA soit un peu plus de 5€. Chaque charrette tirées par une paire de zébus emporte trois passagers en sus du cocher.
La proposition semble rencontrer un grand succès puisqu'on va former une caravane d'un dizaine de charrettes sous l'autorité de Robinson qui à 14h30 non seulement changé de rôle mais aussi d'allure.
Les zébus sont rapidement attelés à un joug rudimentaire attaché à un timon. En guise de guides, chaque extrémité d'une sangle est reliée à une corde faisant le tour de la tête de chacun des animaux en traversant ...leur cloison nasale!


Par moment la balade prend l'allure d'une course de chars.
Ce n'est pas le grand confort mais on a connu pire. Les charrettes sint dotées de ressorts à lames pour amortir les cahots et ceux-ci sont rares puisque l'on se trouve sur un terrain sablonneux. C'est qu'ils galopent bien ces zébus là (ne pas confondre avec zébulons, nom que l'on donne ici à leurs petit*!) et leurs pointes doivent être de l'ordre 15 ou 20km/h. Notre équipage parti le premier va longtemps rester en tête ce qui n'empêche pas Robinson juché dans une charrette au milieu de la file de diriger sa troupe d'une voie ferme qu'on ne lui connaît pas lorsqu'il assure le service de restauration.
Bientôt nous traversons des villages, en passant en bordure d'enclos à petit bétail (chèvres) fermés par de hautes palissades de branchages.
Les enfants qui jouent nous saluent sur notre passage.
Nous quittons le cordon dunaire côtier pour nous diriger à l'est, vers l'intérieur. Nous nous trouvons alors en bordure de la zone des marais salants d'Ifaty, l'eau de mer étant apportée par la grosse conduite de béton passant sous le cordon littoral que j'avais vue lors de ma balade pédestre matinale. Actuellement, les bassins de décantation sont à sec. La production serait-elle en crise? Pourtant la Fleur de sel d'Ifaty est réputée dans le pays. Maintenant c'est une zone de prairies très rases, surpâturées avec quelques maigres arbres et, de ci de là, quelques cochons noir et chèvres blanches en liberté. Nous arrivons dans de nouveaux villages de l'intérieur. Petit bout de chemin sur la "Nationale 9" puis nous obliquons par une piste plus étroite, toujours en direction de l'est. Le paysage change. Les parcelles se font plus rares et la végétation arbustive ou arborée plus présente, bien que la verdure ne soit guère présente en cette saison.

A l'occasion d'arrêts, Robinson nous fait découvrir ces espèces de cactus-cierges qui peuvent atteindre la bonne dizaine de mètres de hauteur. Il ne s'agit pas du tout de cactus mais de didiéreacées (Didiereaceae, du nom du botaniste qui a identifié la plante) que certains nomment aussi "arbres poulpe" en raison de ses branches à l'allure de tentacules. Curieusem*nt l'inclinaison des branches s'oppose à la direction des vents dominants, elle penchent donc ici vers l'ouest. Cet arbre étrange dont 6 des 7 familles sont endémiques à Madagascar) est dit xérophile, c'est-à-dire adapté à des milieux très pauvres en eau, par l'absence de feuilles et le transfert de l'assimilation chlorophyllienne aux tiges qui restent vertes et sont protégées par des épines. Le bouturage est aisé et les villageois en profitent pour faire ainsi des clôtures.

Nous passons à d'autres genres d'arbustes. Il s'agit des euphorbes dont nous connaissons, pour la plupart, l'espèce décorative dite Epine du Christ. Sur les 2000 espèces de cette famille botanique existant dans le monde, 150 sont endémiques de Madagascar. Elles ont en commun de secréter un latex irritant qui peut même s'avérer toxique. C'est d'ailleurs munis de gants que Robinson manipule des tiges d'une euphorbe épineuse et les casse pour faire couler le latex. Il ne faut évidement pas se frotter les yeux après ce genre de manipulation. Le latex bouilli pendant une demi-heure sert à faire une sorte de goudron pour protéger les pirogues. Avec le latex d'une autre variété, non épineuse, on soigne les maux de dents. Les laboratoires pharmaceutiques s'intéressent de près aux substances médicinales qui peuvent être tirées des diverses variétés. C'est aussi avec le latex très toxique de certaines variétés d'euphorbe que l'on pratiquait le tanguin, une sorte de "jugement de Dieu". Si l'accusé se remettait de l'absorption du poison, c'est qu'il était innocent !
Parmi les plantes basses, il ne faut pas confondre les aloès (plantes originaires d'Afrique et de Madagascar et cousines des petites haworthia que l'on a vue à l'Isalo) dont on tire des médicaments, du sisal, une variété d'agave originaire du Mexique, dont les fibres servent à fabriquer des cordages et des tapis grossiers.

Quant à la faune, essentiellement aviaire, sa découverte est plus difficile car les sujets sont mobiles. j'ai le temps de fixer une crécerelle malgache (Falco newtoni), un petit rapace diurne de la famille des faucons posé à l'extrémité de didiereacées. Peu après, sur le même genre de support, on peut voir un petit oiseau blanc à tête et gorge noires.

Nous repartons et allons découvrir de plus grands arbres.

Nous pensons avoir affaire à des baobabs mais il y a parmi eux de "faux-amis". Robinson nous présente trois variétés de Delonix Regia, en période de repos végétatif et donc dépoullés de leurs feuilles. Le tronc est resserrée au sommet ainsi qu'à la base. Il s'agit d'arbres d'Afrique orientale et de Madagascar dont une espèce, le Flamboyant, s'est répandue sous les tropiques. Un peu trop tôt pour profiter de sa floraisons Tout aussi connu est appartenant à la même famille botanique, on trouve notre "petit pois". D'ailleurs Robinson attire notre attention sur les gousses accrochées aux branches qui permettent au premier coup d'oeil de savoir qu'il ne s'agit pas de baobab. Autre détail qui les en distinguent, la base du tronc se resserre.
Nouveau piège un peu plu loin sur notre gauche. Il ne s'agit pas d'un baobab à quatre troncs mais d'une espèce de Pachypodium ("pied épais") géant dont le tronc a une forme de bouteille. Ces pachypodium geayi (du nom de leur découvreur, il y a un siècle de cela) atteignent 10 mètres de haut. Pour des non spécialistes, c'est surprenant de voir qu'ils appartiennent à la même espèce que les pachypodiums nains que nous avons vus dans l'Isalo. A noter que les divers pachypodiums tout comme les delonix sont originaires d'Afrique orientale et de Madagascar.
Arbre exogène, le balsa (originaire d'Amérique) dont le tronc s'évide facilement pour en faire des pirogues. Son bois a aussi l'avantage de la légèreté mais l'inconvénient d'être très cassant.

Maintenant nous pénétrons dans la forêt de Tsivanoe comme nous le précise un portique. Les villageois avaient eu le projet dans faire un parc de promenade en disposant des coquillages au bord des allées mais Robinson a dû les convaincre qu'il fallait laisser les choses dans leur aspect plus naturel.


Après une zone de didieracées, voici enfin nos baobabs, et l'on va être gâtés. Nous en verrons qui ont 900 ans, 1100 ans et même 1500 ans. La base de leur tronc porte la marque d'anciennes invasions marines (lors de tsunamis).

Les BAOBABS

Le baobab est un arbre sacré, le Reniala, "la mère de la forêt".

Il faut savoir qu'il existe huit espèces de baobabs dans le monde dont six endémiques à Madagascar. Nous en verrons trois: Adansonia za, Adansonia rubrostipa et surtout le fameux et élégant Adansonia grandidieri de l'Allée des Baobabs de Morondava. Les trois autres variétés dee baobabs malgaches sont Adansonia madagascariensis (introduite aussi à Mayotte), Adansonia perrieri et Adansonia suarezensis, ces deux dernières étant en voie de disparition.
Une autre espèce se rencontre en Afrique (Adansonia digitata) et la dernière en Australie (Adansonia gregorii).

Leur tronc ventru au bois mou gorgé d'eau (comme celui des Pachypodiums) constitue une importante réserve de plusieurs milliers de litres (concernant le baobab africain on peut lire le volume colossal de 120 000 litres !?)qui leur permet de supporter les conditions climatiques sévères.

Ici, la circonférence du plus imposant de ces colosses de la variété Adansonia rubrostipa ou fony atteint les 15 mètres (ailleurs il en existe de 30), reposent sur une racine pivotante dont la longueur est la moitié de la hauteur du tronc.
Des légendes africaines et malgaches prêtes, les unes à Dieu, les autres au Diable, d'avoir voulu punir cet arbre en le replantant les racines en l'air. En effet, son tronc porte un maigre bouquet de branches, on croirait des moignons morts, qui n'ont des feuilles que durant une très courte période de l'année afin de limiter la perte de la réserve d'eau. La floraison commence juste avant la saison des pluies et dans leur pollinisation interviennent des animaux nectarivores: les papillons, les chauves-souris et les lémuriens (également amateurs de nectar). Quant aux fruits marron (akoussas), ils se présentent ici sous forme de boules (d'autres variétés ont des fruits allongés). L'enveloppe duveteuse très résistante renferme une pulpe dans laquelle sont dispersées des centaines de graines.


Nous sommes ici en présence de la variété Adansonia rubrostipa ou fony, au tronc en forme de bouteille et aux fruits sphériques (akoussas).

Il est 16h30 passées et nous finissons notre découverte par un énorme baobab à troncs jumeaux.


Grand merci à Robinson pour son savoir encyclopédique et pour la clarté de ses explications

La cavalcade, mot inapproprié puisqu'il n'y a pas de chevaux dans la course, va recommencer en traversant les villages dans de grands nuages de poussière mais dans des conditions qui ne m'amène pas cette fois à complimenter Robinson. A l'approche des villages, certains touristes commencent à jeter des bonbons en direction des enfants. C'est bientôt une véritable meute qui se mêle aux charrettes. Plutôt que de demander que cesse cette distribution, Robinson se borne à demander que les bonbons soient jetés assez loin afin qu'en cas de chute les enfants ne risquent pas d'être piétinés ou blessés par les charrettes. Evidemment, les grands l'emportent sur les petit* et les garçons sur les filles...
De la part de Robinson, j'aurais plutôt attendu d'autres recommandations, dès avant le départ. Pourquoi ne pas lui remettre ce que dont nous souhaiterions faire bénéficier les enfants des villages? Pourquoi ne pas orienter les gestes philanthropiques vers d'autres objets que des bonbons? ...le développement et l'alphabétisation par exemple!

17h15, nous sommes de retour après deux heures et demie d'une balade instructive et pas trop fatigante (pour nous).

Ca va être le bon moment pour capter des images de coucher de soleil car la lumière semble bien meilleure que la veille.


Avant de dîner, co*cktail offert sur la terrasse du restaurant et spectacle de trois quart d'heures donné par les villageois (musiciens et chanteurs) et les villageoises qui dansent avec un art consommé des trémoussem*nts de hanches très suggestifs, mimant l’acte sexuel en faisant osciller leurs hanches alternativement de gauche à droite vato balansy ("pierre de balance").
En principe, si les femmes ne peuvent que séduire et ne peuvent pas faire directement des avances, elles n'en sont donc pas moins provocantes, tout en respectant le code qui permet aux seuls hommes de courtiser.

19h30, il est temps de passer à table. Tout cela nous a bien mis en appétit. On ne se prend pas la tête et on récidive pour un dîner identique à celui de la veille.

La nuit sera courte car nous devons quitter l'hôtel dès 6h45.

Le transfert est assuré par Olivier Pelaez du Ranch Solaris. Olivier est une expatrié français marié à une Malgache et installé ici, à Mangily. Pour nous conduire à l'aéroport, il a sorti son vieux 4x4 Nissan Patrol au pare-brise rafistolé. La conduite sera très sportive. Sur les pistes sableuses on roule en 4 roues motrices et dans des parties presque dunaires et pentues, Olivier bloque le différentiel pour limiter le patinage. C'est qu'il y a un petit bout de chemin pour se rendre à l'aéroport de Toliara, situé à une dizaine de kilomètres au sud de la ville. Pour meubler le trajet, Olivier nous taquine en évoquant les retards et les annulations de vols sur Air Madagasca et il ajoute même que parfois les avions sont réparés avec du Scotch...

A 8 heures, nous sommes à l'aéroport. Mission accomplie pour Olivier. Merci et bon retour à son ranch.

Deux comptoirs pour l'enregistrement. Aucun affichage lumineux. Pas de tapis convoyeurs pour les valises. Des passagers en attente d'un vol vers Tana se font du souci en raison de l'annulation d'un vol. Nous ne sommes pas concernés puisque nous allons vers Morondava.
En attendant le début de l'enregistrement, j'ai tout loisir de jeter un coup d'oeil sur les grands panneaux pédagogiques disposés dans le hall. Ils présentent le projet Ranobe d'exploitation de gisem*nts de sables à minéraux lourds par la société australienne Toliara Sands SARL dans l'ouest de Madagascar. Les premières reconnaissances remontent aux années 1996-97. Des tests ont été effectués ainsi que des études de faisabilités et une réflexion sur la réhabilitation des sites. Le gisem*nt est estimé à plus de 700 millions de tonnes avec une teneur supérieure à 6% de minéraux lourds, de l'ilménite pour l'essentiel dont on tire le titane (on a déjà évoqué le sujet sur la côte orientale). Un dernier panneau nous ramène au néo-colonialisme paternaliste et infantilisant. En voici quelques extraits : "Chères cases en falafa, belles maisons et belle usine vous remplaceront. Eau viendra à nous. Avion où te posera-t-on? [...] Petit bateau, un jour deviendra grand. Toliara Sands veut construire pour TOUS. Madagascar, êtes-vous également prêts avec nous ?". Edifiant, non ?


Un petit bimoteur se pose. C'est sûrement le nôtre. Nous partirons donc probablement à l'heure. Petite passerelle à 5 marches et hop! Attention à la tête car le plafond est bas bien qu'il n'y ait pas de coffres à bagages en cabine. Théoriquement il y a 19-20 places assises mais seulement 16 sont occupées car des bagages sont placés sur les autres sièges. Il n'y a aucun personnel de cabine et l'on est séparés du poste de pilotage par une simple cloison genre Formica, grossièrement ajustée au gabarit de l'appareil. La porte d'embarquement est fermée de l'extérieur et personne ne vient s'assurer que l'on a bien attaché notre ceinture. A l'exception d'un seul, les hublots sont sales et jaunâtres. Foutu pour les photos.

La notice de sécurité indique que l'appareil est un DHC-6. Encore jamais rencontré ce type d'oiseau.
Je me suis documenté depuis et j'ai appris qu'on surnomme cet appareil Twin-Otter ("loutres jumelles") car il s'agit d'un robuste avion canadien (firme De Havilland Canada) qui peut être équipé également de skis ou de flotteurs, dont la fabrication fut entreprise il y a une quarantaine d'années.

10h15, ça y est! On roule et on décolle rapidement. Je repense à la boutade d'Olivier, pendant notre transfert, au sujet de l'entretien des avions lorsqu'il disait qu'à d'Air Madagascar on fait des réparations avec des bouts de Scotch. Cela me laisse dubitatif et me sort de ma lecture. Stupeur !
Regardant par le hublot à ma droite, j'ai vue sur le moteur accroché sous l'aile et je vois que le capot comporte un trou que l'on a tenté de masquer avec des bouts de Scotch qui ont tendance à se détacher et à flotter au vent. Evidemment, je n'en pipe mot à personne sur le moment.

A part cela tout se passe bien et même très bien puisque jusqu'à maintenant, qu'il s'agisse de vol en monomoteur genre Cessna ou du gros A-380, on n'a jamais connu plus doux atterrissage: ni sensation de décélération, ni choc de contact.


Nous nous posons à Morandava peu après 11 heures et demie... Un nouveau chapitre de nos aventures va s'ouvrir!

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QUELQUES TRADITIONS

La religion traditionnelle malgache a de grandes similitudes avec les religions orientales. Avec l'hindouisme du fait de la croyance en un maître de l'univers et aux ancêtres qui par la mort, intermédiaires entre les vivants et dieu, accèdent à une vie supérieure et accordent une protection au vivants.
Par ailleurs, le sexe (et donc vie) et la mort qui fascinent les sociétés humaines depuis la nuit des temps, occupent une place centrale dans les traditions malgaches.

LE CULTE DES ANCETRES

Malgré la diversité des origines de ses habitants, à travers une même langue? le pays véhicule une même croyance en la puissance des défunts, les ancêtres divinisés ou razana, plutôt qu'en celle du Dieu, omniprésent et omnipotent Andriamanitra ("Le Seigneur Parfumé") ou Andriananahary "(Le Seigneur Créateur"). Les ancêtres sont parvenus à la quatrième et dernière étape de la vie. Le défunt âgé est arrivé au terme de ce qu'on appelle hasina, la sagesse ou la sainteté que toute personne acquiert avec l'âge. C'est l'occasion de se réjouir et non de pleurer. Ce culte s'intègre souvent dans des pratiques syncrétiques mêlant le christianisme et la religion traditionnelle.

Les défunts sont porteurs de pouvoir et sont défenseurs de la vie sur terre. Chaque ancêtre garde son individualité et ses attaches familiales. On considère que tout malheur provient d'un manquement au culte des ancêtres ou de la violation d'un fady (tabou). Aux grandes occasions (construction d'une maison ou d'une pirogue, évènement familial) le razana sera consulté et invoqué. Des animaux ou des aliments seront alors offerts en sacrifice ou en libations.
Dans le contexte moderne et mondialisé, le culte des ancêtres régresse, surtout dans les villes mais le respect dû aux ancêtres demeure tandis que survivent diverses coutumes ancestrales (circoncision, funérailles, etc.), de même que le soin qu'on apporte à l'art funéraire.


TOMBEAUX ET ART FUNERAIRE

Dans l'Ouest et le Sud-Ouest, les tombeaux portent des figurines humaines symbolisant la continuité de la vie par la procréation.
Chez les Sakalavas, on trouve aussi représenté un couple de mijoa (ibis), seuls oiseaux qui s'accouplent comme des humains (face à face), symbolise la continuité de la vie. Dans l’art funéraire Sakalava du XVIIe au XIXe s. les statues érotiques représentent des hommes ou des femmes, des couples ou même plusieurs personnes figurés dans des positions amoureuses les plus diverses. Incitant à une réflexion sur la proximité du sexe, de l’amour et de la mort.
Comme l'écrivent Sophie Goedefroit et Jacques Lombard dans "Andolo l'art funéraire sakalava à Madagascar" (Editions Adam Biro-IRD, Paris 2007):
«C’est seulement le temps du désir, du sexe, de l’amour, le temps sans
attente, sans fin et sans espace. L’éternité du désir comme révélation de Dieu. L’exaltation de la vie, le désordre du sexe sur les lèvres de la mort».


RITES AUTOUR DE LA MORT

La mort marque le passage du rang d'être humain au haut rang d'ancêtre. Ce dernier dominera d'un autre monde les générations nouvelles qui le craindront et l'honoreront.
En Imerina, après que le défunt ait été lavé, habillé puis enveloppé d'un lamba mena (linceul de soie) celui ci peut-être exposé quelque temps aux proches avant d'être mis en bière et transporté jusqu'au tombeau. Les premières funérailles (fandevenana) avec inhumation provisoire font passer du monde des vivants à celui des morts. Cérémonie triste et strictement familiale.

En pays Mahafaly et Antandroy, le cercueil est violemment secoué dans tous les sens par l'équipe de porteurs qui exécutent une danse saccadée pendant que les femmes battent des mains et que d'autres hommes brandissent leur sagaie. Une fois le défunt porté à son tombeau et enterré, un monument à sa mémoire y est élevé. Le sacrifice d'un ou plusieurs zébus accompagne la cérémonie qui peut se dérouler sur plusieurs jours avec des veillées nocturnes accompagnées de chants et de danses. La fête s'achèvera par un festin pendant lequel la viande sera partagée entre tous les convives qui se partagent les restes de viande s'il y a lieu. A l'occasion du relèvement, le tombeau est remis en état à grands frais, en priorité sur l'habitation des vivants!
Chez les Antandroy, on extermine tout le troupeau du défunt pendant la veillée mortuaire qui peut durer des semaines, voire même des mois. Les crânes de ces bêtes ornent le tombeau. De même, chez les Mahafaly, têtes de zébus et aloalo (totems) ornent les tombes. Les tombeaux provisoire sont faits de pierres soigneusem*nt arrangées en attendant que la famille ait mis suffisamment d'argent de côté pour construire un tombeau définitif décoré par tous les bucranes de zébus qui ont appartenus au défunt et sacrifiés le jour de sa mort, des objets lui ayant appartenu, des aloalos et peintures représentants les étapes de sa vie terrestre.

L'étrange pratique malgache des double funérailles, ne serait apparue et en tout cas généralisée qu'au XVIIe s. (comme d'ailleurs la pratique de la circoncision) d'après Wikipédia qui pourtant ne manque pas de la relier à des traditions du sud-est asiatique (pour notre part, nous avions été étonnés par la survivance d'une pratique un peu similaire dans les campagnes du Tonkin, dans le nord du Vietnam). Ne serait-elle donc pas bien plus ancienne puisque le fond du peuplement malgache est venu d'Asie?


AUTRES TRADITIONS

Famadihana : cérémonie d’exhumation ou retournement des mort.

Si l'on n'en reste qu'au niveau de l'expression "retournement", on peut se demander de quoi il peut bien retourner. S'agirait-il simplement de retourner comme une crêpe ce qui reste du défunt, côté pile, côté face ?

Les proches doivent quelques années après l'inhumation provisoire, ramener le défunt au caveau familial. Cette cérémonie peut avoir lieu à un rythme généralement compris entre trois et sept ans, selon les ethnies. Après disparition plus ou moins complète des parties corruptibles, cette seconde inhumation fera passer le défunt dans le monde des ancêtres (drazana).
Lors des fêtes de retournement, les tombeaux sont remis en état (ainsi que la maison de la famille si elle en a les moyens).
Voilà, l'ancêtre s'en est ainsi RETOURNÉ à sa nouvelle demeure.

Généralement d'autres retournements ont lieu par la suite à un rythme plus espacé, entre cinq et dix ans (par exemple trois ans puis sept ans sur les Hautes Terres mais les Bara de l'Isalo en restent au seul premier retournement).

Plusieurs zébus sont sacrifiés (un animal pour 200 invités) et le rhum coule à flot.

Cette manifestation qui se déroule pendant trois jours à la saison sèche, entre début juin et fin septembre, est toujours l'occasion de manifester sa joie. En outre, dans la conception religieuse traditionnelle malgache, si plusieurs années après le décès l'on pense que l'ancêtre a froid et a donc besoin d'un nouveau linceul, par respect pour lui une cérémonie du famadihana est organisée après consultation du mpanandro (astrologue) sur le moment propice.

Le corps est alors exhumé en veillant à ce que ne manque aucun des taolam-balo, "les huit os fondamentaux" (humérus et cubitus des deux bras ainsi que fémur et tibia des deux jambes) puis enveloppé dans une natte tsihy qui sera porté en procession par deux hommes alors qu'un groupe de proches, hommes, femmes et enfants, l'accompagne en chantant et en jouant de la musique. Les femmes se partagent les morceaux de nattes et lambas qui emmaillotaient le défunt car ils ont un pouvoir de fécondité.
A la fin des festivités, arrivé au caveau familial, le défunt est à nouveau enveloppé d'un lamba mena (pièce d'étoffe) neuf après avoir été l'objet d'attentions particulières (onction de miel, offrandes de tabac, de riz, de rhum, de billets, de photos). Avant qu'il ne réintègre sa demeure, la coutume veut que le corps soit brandit à bout de bras par des dizaines de personnes, puis jeté en l'air et emporté dans une farandole effrénée en faisant sept fois le tour du tombeau.


Fady (tabous ou interdits).
L'autorité de razana (l'ancêtre divinisé) est dictée à travers des ordres qui s'accompagnent de fady . Enfreindre un fady équivaut à se rendre coupable envers les ancêtres. De ce fait, une complexité et une diversité importantes d'interdits se créent en fonction de chaque personne selon son sexe, son appartenance familiale ou communautaire, sa date de naissance, son lieu de résidence ou selon un moment particulier. Les fady sont très nombreux dans le milieu rural et les vazahas qui les ignoreraient se font rappeler à l'ordre. Certains ont eu un effet bénéfique sur la préservation d'espèces comme les tortues et les indris.
Une notion de tabou ou d'interdit qui semble perdre de l'importance puisque seuls quelques guides des Parcs Nationaux que nous avons visités ont effleuré le sujet.

Le Fomba (la coutume).
S'opposer à la coutume entraînerait un châtiment de la part des ancêtres. Par exemple, il faut faire une offrande d'alcool à la terre avant des libations.

Les Vintana (les destinées).
Elles rythment la vie quotidienne (sociale, culturelle et spirituelle) des Malgaches, particulièrement chez les Antemoro qui ont hérité de traditions arabes, en se basant sur phases des astres et essentiellement de la lune.

Le Tromba (la possession).
Dans certains territoires, notamment dans l'ouest chez les Sakalavas, le possédé est un personnage important car à travers sa transe il communique avec un roi défunt et ce qu'il exprime est sans appel.

La Famora ou le Savatse (la circoncision, littéralement "la coupure"), le terme varie selon les régions.
On ne sait pas à quand remonte cette coutume. Influence des apports migratoires africains ou arbes? Pratiquée dans les milieux nobles avant le XVIe s., elle fut institutionnalisée et généralisée par les souverains imerinas à cette époque.
La circoncision intègre le garçon dans la famille de son père, lui donne droit à la tombe familiale. Désormais, les garçons sont circoncis dès leur jeune âge.
Dans la pratique traditionnelle, l'âge où elle est effectuée varie selon les ethnies: de 6 mois chez les Betsileos et Baras, à 4 ou 5 ans chez les Antankaranas et Sihanakas, entre 5 et 10 ans chez les Sakalavas, entre 3 et 10 ans chez les Antambahoakas... A Manandona, notre guide Jean Lamour nous a précisé qu'en pays Vakinakaratra, elle est pratiquée vers 3 ans et demi.
L'opération a lieu en général pendant la saison fraîche, pour que la blessure se cicatrise au plus vite. Elle donne lieu à une fête qui dure plusieurs jours. Les membres de deux familles, paternelle et maternelle, et les voisins en arrivant à la fête dansent et chantent en apportant de cadeaux (folaky). L’opérateur, maintenant un médecin ou un infirmier diplômé coupe le prépuce. Traditionnellement le père se lève, prend le prépuce, le met sur la pointe d’une sagaie et lance l’arme vers l’est, par-dessus le toit. Maintenant souvent, le père met le prépuce dans une cartouche de fusille à chasse et le tire vers la même direction.
Sur la côte est, les Antambahoakas organisent une circoncision collective du Sambatra (qui signifie "joie, bonheur") tous les 7 ans, un vendredi (jour faste) déterminé par l'ombiasy en fonction du calendrier astrologique traditionnel. La cérémonie concerne les garçons de 3 à 10 ans. Des milliers de familles viennent alors de leurs campagnes pour 8 jours de réjouissances qui mettent Mananjary en effervescence. Ici le père et les grands-pères avalent le prépuce dans une banane ou un blanc d'oeuf !
Tout au sud de l'île, chez les Antandroys, après la circoncision (appelée ici Savatse), le prépuce coupé est fixé traditionnellement sur un morceau de bois dur et enfoncé dans un tronc d’arbre en le faisant tourner.
Aujourd'hui cette pratique se médicalise etprend une tournure hygiéniste "à l'américaine".


GUERISSEURS, SORCIERS ET DEVINS

L’Ombiasy (guérisseur) a une connaissance de l'action de certaines plantes pour un usage médicinal et on lui prête un pouvoir particulier de guérison avec l'aide des ancêtres qu'il invoque. C'est aussi le conseiller des nobles.

Le Mpamosavy (sorcier) qui pratique une forme de magie noire et délivre des amulettes ou charmes appellés ody.

Le Mpanandro (astrologue, devin) est un personnage important qui fait office d'astrologue et par sa connaissance des vintana (destinées). Il est une des figures les plus respectées du village puisqu'il détermine les jours de meilleurs auspices pour les célébrations familiales.

L'Ampanjaka est le chef traditionnel d'ascendance noble à statut de "roi" auquel la population voue un grand respect et obéissance et avec lequel les "politiques" doivent parfois composer pour arriver à leurs fins s'ils ont des projets concernant le territoire local.


QUELQUES FETES RITUELLES

Le Fanompoambe est la Cérémonie de Bain des Reliques Royales des Sakalava du Boina, dont celles du roi Andriamisara. Elles ne regagneront leur place qu’après avoir fait 7 fois le tour du lieu sacré. Le Fanompoambe a lieu au sanctuaire de Miarinarivo à Majunga.

Le Fitampoha est la fête des Sakalava du Menabe. Les Reliques Royales sont sorties de leur zomba (sanctuaire) à Belo sur Tsiribihina et acheminées jusqu’à Ampasy par des porteurs attitrés en pagne et bandeaux rouges. Les festivités durent une semaine pendant laquelle il est interdit de se chausser et de traverser la rivière Tsiribihina.

De l'aéroport de Morondava, nous sommes transférés à notre hôtel avec une vieille berline aussi minable que celle que nous avions eue à notre arrivée à Antananarivo. On n'arrive même pas à identifier le modèle (sans doute une vieille Renault 9 ou 11). Même sport pour caser les bagages car ils ne peuvent pas tous tenir dans le coffre et pourtant nous les avons réduits au minimum.


MORONDAVA ([mouroundav])

Morondava est la capitale économique et administrative du Ménabé. Ce petit port de pêche est installé sur le delta de la rivière du même nom. Il existe un petit gisem*nt de pétrole dans les environs mais malheureusem*nt, son exploitation ne serait pas rentable.
L'agglomération compte environ 70 000 habitants dont 40 000 dans la ville même.

Il est un peu plus de midi lorsque nous arrivons à l'hôtel Baobab Café où nous allons séjourner en "libre" jusqu'au lendemain matin.

Le Baobab Café se trouve dans le quartier touristique Nosy Kely, au sud-ouest de la ville, entre le rivage tout proche et le Canal Hellot qui occupe l'ancien lit de la rivière Morondava. Précisément, les façades de l'hôtel donnent sur la Rue de l'Indépendance et sur le Canal. De l'autre côté de la rue, une série d'hôtels (Royal Palissandre, Morondava Beach, Sun Beach, Les Philaos, Chez Maggie, La Campanina) ont un accès direct à la plage.


Il est temps de déjeuner et la carte nous offre un vaste choix. Nous optons pour trois plats différents: assiette de crevettes au curry, cigales de la mer (sortes d'écrevisses) et enfin de gros camarons. Un assortiment de légumes sautés est pris en accompagnement par tout le monde. Tarif 15000 MGA sauf les camarons un peu plus chers (16000). Délicieux et très copieusem*nt servi.

Nous profitons un moment du spectacle des bateaux qui passent sur le canal avant de nous installer du côté de la piscine.


Vers 16 heures nous décidons de nous dégourdir les jambes et d'aller voir la plage. Discrètement, nous prenons un raccourci à travers le parc de Chez Maggie.
Nous sommes attirés vers l'autre bout de la plage où semble s'être concentré le public. Effectivement, il y a beaucoup d'animation, tant dans l'eau que sur la plage. Une ambiance de grandes vacances, il est vrai que les écoliers y sont toujours. On peut voir que les Malgaches sont ici en famille bien qu'on ne soit pas en week-end. Ils ont apporté tout ce qu'il faut pour pique-niquer ou faire du barbecue. Le lendemain, notre guide nous indiquera que Morondava est un peu la plage des gens de Tana sauf qu'il ya quand même près de 650 km à faire en empruntant la Nationale 7 puis la 35.

Retour tranquille vers l'hôtel par la rue.

Avec toujours quelques bizarreries qui viennent s'inscruster dans vos pupilles. On a déjà remarquer que par mimétisme europhile, beaucoup de plaques minéralogiques malgaches arborent le drapeau européen aux 12 étoiles d'or au-dessus de la lettre indicative F ou B. Là, on encore fait plus fort. Il s'agit de l'une de nos plaques modernes avec la partie droite destinée à porter l'indication de la région et le numéro de département: Bretagne/Breizh avec le drapeau breton et, en dessous, le numéro départemental 35 !
Plus loin ce sont les enseignes toujours amusantes "Gargotte & Bar", "EPIBAR Boisson alcoolique et hygiénique".
Quant aux antennes TV, comme on a pu le voir un peu partout, il y a des antennes parboliques pour capter les satellites mais point de râteaux. A la place, on voit de simples cercles quand il ne s'agit pas de jantes de vélo. Et il paraît que ça marche bien. Les jantes de roues de vélo servent aussi à bricoler de petites éoliennes couplées à des alternateurs de voiture. La débrouillardise est sans limite.

Avant de dîner, on pourra se replonger un peu dans les actualités françaises que l'on a complètement perdues de vue depuis deux semaines. On peut recevoir TF1 et BFMTV.

Le Baobab Café nous offre ce soir un co*cktail d'accueil à base de rhum arrangé (rhum dans laquelle ont macéré divers ingrédients: feuilles, fruits, épices) tandis qu'à l'entrée de la cuisine on pèse quelques poissons qui vont être servis tout à l'heure au dîner: deux gros rougets, un très long capitaine et un carangue. Verdict de la pesée pour les quatre: 13,500 kg.
Ce soir nous donnons dans une brochette de la mer (13000 MGA), un pavé de poisson sauce coco (15000 MGA) et notre inconditonnelle des crevettes au curry récidive. Une bouteille de Côte de Fianarantsao (25000 MGA) vient arroser le tout.
C'est copieux. Pas de dessert. Il faudra dormir car un long et difficile trajet nous attend le jour suivant.

Nos chambres sont tranquilles car elles donnent côté canal et côté piscine.


A 6h45, nous sommes attendus par notre nouveau chauffeur Jean-Jacques et son Nissan Patrol, volant à gauche cette fois et vitres manuelles, qui a l'air bien équipé pour la piste: treuil, deux jerricans sur la galerie. Ça promet.

Pendant les trois jours qui viennent notre prise en charge a été sous-traitée à l'hôtel Tanankoay que nous allons rejoindre ce soir. Jean-Jacques est l'un de leurs deux chauffeurs.

Nous allons particulièrement apprécier la gentillesse de Jean-Jacques , l'écoute et l'attention qu'il nous porte, ce qui a permis des arrêts impromptus pour des photos ou pour observer la faune. Dans son rôle de chauffeur, il nous a parfois inquiétés. C'est une armoire à glace qui semble souffrir de la chaleur et accuser des coups de fatigue. Mais alors que le voyons gagné par la somnolence, c'est là qu'il était capable d'apercevoir un caméléon dans les broussailles ou qu'il savait négocier avec la plus grande souplesse un trou dans la piste. En effet, malgré le terrain chahuté, nous n'avons jamais été cahotés. Bravo l'artiste!

Justement, à propos de l'itinéraire du jour: quelques kilomètres bitumés au départ de Morondava puis 100 kilomètres de piste sableuse assez facile, ce qui amène à la Tsiribihina vers 10 heures, puis une heure de bac pour aller à Belo, pause déjeuner, 70 kilomètres de mauvaise piste suivis des 30 derniers kilomètres les plus difficiles... Et la perspective de refaire tout cela dans l'autre sens après-demain! On comprend qu Richard aurait aimé nous inciter à raccourcir l'un de ces trajets en le remplaçant par la descente de la Tsiribihina, bien que cela n'aurait pas dispensé du tronçon le plus difficile.

Nous sommes sur la piste. Il y a un peu plus d'une demi-heure que nous sommes partis et déjà les premiers baobabs apparaissent. Jean-Jacques nous apprend à reconnaître trois de six variétés de baobabs malgaches présentes dans cette région. Non, ceux dont l'extrémité est blanche ne sont pas en fleur. C'est simplement un groupe de pique-boeufs qui en ont fait un perchoir!

Rappel en quelques mots au sujet des BAOBABS

Le baobab est un arbre sacré, le Reniala, "la mère de la forêt". Il faut savoir qu'il existe huit espèces de baobabs dans le monde dont six endémiques à Madagascar. Une autre espèce se rencontre en Afrique et une autre en Australie.
Ces colosses dont la circonférence peut atteindre les 30 mètres reposent sur une racine pivotante dont la longueur est la moitié de la hauteur du tronc.
Des légendes africaines et malgaches prêtes, les unes à Dieu, les autres au Diable, d'avoir voulu punir cet arbre en le replantant les racines en l'air. En effet, son tronc porte un maigre bouquet de branches, on croirait des moignons morts, qui n'ont des feuilles que durant une très courte période de l'année. La floraison commence juste avant la saison des pluies et dans leur pollinisation interviennent les papillons, les chauves-souris et les lémuriens (également amateurs de nectar). Quant aux fruits marron, ils se présentent ici sous forme de boules ou de fruits allongés (selon les variétés). L'enveloppe duveteuse très résistante renferme une pulpe dans laquelle sont dispersées des centaines de graines.

L'Adansonia za (le nom Adansonia est un hommage à Michel Adanson, naturaliste et explorateur français, le premier à avoir décrit ces espèces de baobabs) au tronc cylindrique ou légèrement conique qui peut atteindre 30m de haut. Les branches sont disposées de façon anarchique ce qui lui donne un air hirsute.
L'Adansonia rubrostipa ou fony est plus petit (20m maximum), au tronc en forme de bouteille, avec une constriction visible au dessous des branches. La couronne est irrégulière.
Enfin non pas le roi mais "la reine", l'Adansonia grandidieri, le plus beau des baobabs. Ces arbres de 25-30 mètres de haut ont un tronc cylindrique surmonté par une couronne aplatie.

Jean-Jacques avait pronostiqué qu'à cette heure, nous aurions quelque chance d'être seuls pour profiter de la majestueuse Allée des Baobabs, "les Champs-Elysées malgaches". Bingo!
Sur l'Allée et autour du petit lac voisin, on peut observer les trois espèces de baobabs qui ont un âge vénérable de l'ordre de 500 ou 600 ans.


Ayant repris la route, Jean-Jacques nous fait également découvrir d'autres espèces de la flore: jujubiers, kapokiers, manguiers, tamarins (ou tamariniers)... Quant à la faune, elle est surtout aviaire: coucal, coua, perroquets, perruches, pintades.

Une heure plus tard, nous pouvons voir un baobab sacré un peu enfoui dans les broussailles près d'un village. Suit une petite zone humide propice à la culture du riz. Un peu après, on peut voir toute une série de tombeaux plus ou moins défraîchis et plus ou moins christianisés. Puis c'est la forêt de Kirindy, un réserve où vit le seul serpent venimeux de Madagascar.

Belo-sur-Tsiribihina


Il est un tout petit peu plus de 10 heures lorsque nous arrivons sur les berges de la Tsribihina et aussitôt nous embarquons sur un bac rustique. Les groupes qui voyage en minibus dans les autres régions de l'île se sont répartis ici entre quatre ou cinq 4x4 pour ce parcours sur piste.
On s'attendrait à débarquer en face, sur l'autre rive. Il n'en est rien car curieusem*nt la ville de Bélo-sur-Tsiribihina se trouve décalée de quelques kilomètres plus à l'ouest. Entre embarquement des véhicules, navigation et débarquement, trois quarts d'heure sont vite passés.

Il faut admirer l'adresse des conducteurs pour bien viser les rampes métalliques permettant de monter ou descendre du bac. Quant au pilote du bac, je n'étais pas bien placé pour observer comment il peut diriger son embarcation avec les véhicules qui lui masquent la vue. Mon frère qui a fait ce voyage m'a indiqué que le pilote se dirige en regardant par dessous les véhicules! On comprend qu'il puisse y avoir des incidents. Les autres employés qui aident aux manoeuvres veillent aussi à ce que le bac ne s'ensable pas car en cette période la rivière n'est pas très profonde. Accostés, on peut voir des bateaux servant aux descentes de la rivière depuis Miandrivazo. Nous croisons des pirogues surchargées et bientôt le débarcadère est en vue.

Bien qu'il ne soit que 11 heures, Jean-Jacques nous conduit à l'Hôtel du Menabe pour déjeuner, car le chemin sera encore long. Cet établissem*nt a été acquis par un grec en 1950 et son fils Spiros Finas en est toujours propriétaire.
En attendant que l'on nous prépare nos commandes, petit coup d'oeil à la déco dans les salles et sur la terrasse: carapaces de tortues et rostre de poisson-scie peints, statues malgaches, ancien appareil de projection de cinéma, affiches d'une mission d'un capucin italien "Pour sauver la nature, scolarisons les enfants". Dans un coin de la terrasse, un abri grillagé héberge un crocodile de plus de 1,50m à l'air déjà redoutable.


Nous ne voulons pas trop charger et avons directement commandé des gambas grillées ou des brochettes de gambas avec des frites et avons fini avec des bananes poêlées.


12h30, c'est reparti pour 100 kilomètres et cinq heures de piste. Par moment, ce sont les montagnes russes, il faut slalomer pour éviter les ornières et les trous d'eau. Jean-Jacques fait ça très bien, tout en souplesse. Pendant une heure, les baobabs continuent de nous tenir compagnie. On peut même voir un baobab à troncs jumeaux qui commence à s'enrouler amoureusem*nt.


Jean-Jacques s'arrête pour que l'on puisse voir deux sortes d'oiseaux, une huppe fasciée (Upupa epops) et tout près de là un long-tailed ground-roller (Uratelornis chimère).
Le terrain de couleur claire devient plus dénudé. Il a subi des brûlis (tavy) et subsistent quelque maigres arbres et les termitières. Nous traversons une rivière puis des villages et peu après nous apercevons des tombeaux à l'air abandonné.

Il nous montre un petit iguane à queue épineuse (Oplurus quadrimaculatus) sur un arbre. Le sol redevient rouge. De nouveaux villages.

Il est un peu plus de 17 heures lorsque nous arrivons sur la rive gauche du fleuve Manambolo. Un vingtaine de minutes d'attente pour passer le fleuve avec un bac récent géré par le Ministère des Transports.

Une dizaine de minutes d'un trajet qui nous fait passer non loin du luxueux Relais des Tsingy puis traverser le modeste village.


Maintenant, nous voici à l'hôtel Tanankoay, tenu par Pascale, une expatriée d'origine perpignanaise qui a épousé Tony, un Malgache, guide-naturaliste. Un groupe de bungalows est réparti dans un petit jardin botanique.
Nous comprenons mieux pourquoi le 4x4 emportant des colis et des jerricans. C'est une partie du ravitaillement de l'hôtel (dont du carburant pour le groupe électrogène.

Ma foi, tout cela nous a ouvert l'appétit. Poulet rôti avec croquettes en beignets et riz. Fruits frais en dessert.

Pour regagner nos bungalows, on nous remet à disposition des lanternes électriques. Super!
Une bonne nuit là-dessus car le départ sera très matinal car Pascale nous a concocté un combiné de près de deux heures dans les gorge du Manambolo avec arrêts dans des grottes puis le circuit d'Andamazavaky dans les Tsingy.

Les Gorges du Manambolo

Nous quittons l'hôtel à 6 heures, avec nos chaussures de marche aux pieds, pour aller récupérer notre guide au bureau du Madagascar National Parks (MNP). Notre guide pour cette journée sera Charline, un petit bout de femme, mère d'un petit garçon né en 2009.

Nous embarquons sur une pirogue dédoublée avec des planches pour les relier (l'embarcation est ainsi plus stable pour la sécurité des touristes) afin de visiter les Gorges du Manambolo. L'eau étant peu profonde, c'est à la perche que le piroguier propulse l'embarcation en remontant le cours du Manambolo sur quelques kilomètres. De la sorte, la navigation est silencieuse, d'autant que nous sommes seuls sur le fleuve. Nous remontons en longeant la rive gauche, face aux Petit* Tsingy sur l'autre rive.


C'est l'occasion de voir que les falaises abritent toute une faune: oiseaux dans les anfractuosités, caméléons dans les roseaux tandis que des arbres (baobabs et pachypodiums) s'accrochent aux rochers par leurs racines.
Munis de nos lampes, visite d'une première grotte avec des concrétions (draperies) encore actives. On peut également voir des racines de ficus qui traversent la grotte de part en part à la recherche de l'eau pour un arbre situé plusieurs dizaines de mêtres au-dessus de nous. Nous reprenons la pirogue pour aborder dix minutes plus tard dans une seconde grotte.
Charline nous fait observer une grotte située à mi-hauteur. C'est un tombeau Vazimba. On aperçoit les calottes de trois crânes posés au bord de la grotte. Les Vazimbas (nom qui signifie "ceux qui ont toujours été là" dans certains guides et "ceux de la forêt" dans d'autres!) viennent en réalité des Hauts Plateaux dont ils avaient été chassés par les seigneurs hova.

Il est temps de rentrer. Nous croisons deux autres embarcations de touristes. Nous sommes de retour à 8 heures et là les choses sérieuses vont commencer après avoir récupéré baudriers et sangles au bureau des guides. Nous retraversons le village où se tient un petit marché où nous sommes intrigués par des espèces de saucisses séchées enroulées. En fait il s'agit de tabac à chiquer.

Les Grands Tsingy de Bemaraha - Circuit Andamazavaky


A l'hôtel Tanakoya, nous allons retirer nos sandwichs pour le déjeuner et emportons 2 litres d'eau par personne. Cette balade sur le circuit d'Andamazavaky dans les Grands Tsingy n'est pas pour autant quelque défi sportif, ni un trail ni un treck. Les seules contraintes sont d'avoir un minimum de souplesse et le pied sûr, de ne pas être obèse, de ne pas être sujet à la claustrophobie et surtout au vertige.

Pour faire la quinzaine de kilomètres qui nous séparent du point de départ du circuit pédestre, le 4x4 doit emprunter une très mauvaise piste qu'une tentative d'empierrement a rendue on ne peut plus cahoteuse. Elle ne sert pas qu'aux touristes des Tsingy car nous avons vus à Belkopaka des camions-taxis qui l'utilisent pour se rendre plus au nord. La piste est très étroite ce qui oblige les villageois que nous croisons à se ranger dans les broussailles tandis que le croisem*nt avec une charrette est tout un art de l'évitement. Ca n'empêche pas Jean-Jacques de s'arrêter pour nous faire voire ici un caméléon beige et le gecko vert (Phelsuma madagascariensis) . Nous arrivons au parking, sans doute les derniers et Jean-Jacques parvient à trouver un emplacement un peu ombragé au milieu de la douzaine de véhicules déjà stationnés.

Les Tsingy de Bemaraha sont un massif d'origine sédimentaire. Il y a 200 millions d'années et pendant quelques millions d'années des débris calcaires se sont accumulés jusqu'à ce qu'un soulèvement les fasse émerger révéla fissures et diaclases. Une érosion chimique intense s'est produite il y a 5 millions d'années à la faveur de pluies acides et produisit ces reliefs acérés. Sous une forme moins spectaculaire, cela rappelle les reliefs karstiques de nos régions tempérées (Désert de Platé ou Plateau des Glières dans les Alpes françaises) que les géomorphologues nomment lapiaz (ou lapié ou lapiez) lorsque la roche calcaire attaquée par l'érosion est déchiquetée et sillonnée de rigoles, fissures et crevasses aux aspérités coupantes, de taille variable, dont certaines peuvent atteindre plusieurs mètres.

Le massif couvre 157000 ha, moitié en Parc et moitié en Réserve. Il abrite 13 espèces de lémuriens dont huit nocturnes. Un site aussi extraordianire ne pouvait qu'être classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO dès 1990. Une quarantaine de guides sont employés par le parc et la moitié des droits perçus devraient normalement bénéficier aux villageois mais Charline considère que cet engagement n'est pas respecté.
Le calcaire des Tsingy est une pierre très rugueuse, au contact très aggressif, c'est pourquoi nous n'avons pas regrettés nos manches longues et nos pantalons. Mon frère qui a déjà pratiqué les Tsingy nous a munis de gants en kevlar. Sage précaution si l'on veut limiter l'érosion de la peau des doigts. Devant l'étonnement de Charline, on peut supposer que nous sommes les premiers touristes à venir avec ce genre d'équipement bien utile.

9h45, c'est le début de la marche.


Dans une partie boisée avant la montée au Tsingy, nous apercevons trois sifakas tout blancs, à l'exception du museau et des oreilles, de l'espèce rare Sifaka de von der Decken (Propithecus deckenii), un cousin du plus commun propithèque de verreaux (Propithecus verreauxi) qui, lui, à le sommet du crâne surmonté d'une couronne de poils bruns. Un peu plus loin, dans un arbre creux, au niveau d'un noeud, Charline nous fait observer un hapalémur des bambous qui sort discrètement la tête de son trou. Un peu plus loin, nous passons près d'un ancien tombeau.

Charline sera l'une des rares personnes à évoquer au cours de notre séjour malgache les fady, les tabous ou interdits traditionnels. Dans les Grands Tsingy il y en a trois: on ne doit pas désigner les choses en tendant le doigt (mais on peut le faire les doigts repliés), il ne faut y laisser d'ordures ou d'immondices et enfin les tamariniers y sont des arbres sacrés.

Charline tente de nous dissuader de passer par la grotte pour prendre un accès plus direct vers les belvédères. Pas d'accord! Nous avons fini par nous décider pour les Grands Tsingy et on ne veut pas les faire qu'à moitié. Incroyable paysage que ces lames de couteau de pierre grise de plus de 30m de haut, vues en contre-plongée.


Au fond des fissures, la végétation s'est installée y compris de vrais arbres: palissandre, balsa (à pirogues), acajou ou encore santolina servant à faire les masques de beauté des femmes. Plus loin, on voit la liane étrangleuse partie à l'assaut de grands arbres. En fait il ne s'agit pas d'une liane mais d'une variété épiphyte de ficus dont les racines aériennes ont des propriétés étrangleuses le favorisant dans sa compétition avec d'autres arbres supports.

A la saison des pluies, le fond de tout ces trous, boyaux et grottes est noyé sous plusieurs mètres d'eau.

Première grimpée sans utiliser encore le cable, afin d'accéder à la grotte. Un puits de jour puis la sortie. Cette fois pour monter, on utilisant les blocs vissés dans la roche, il faut aussi se sécuriser sur le câble, la fameuse "ligne de vie", en ayant toujours une sangle passée sur la ligne de vie. Il n'est jamais trop tard pour s'initier à la via ferrata.
On arrive bientôt à un premier belvédère. Au milieu de ce monde minéral, on est surpris de voir surgir ici une épine du Christ en fleur et là un "arbre vazaha" ainsi surnommé parce que son écorce rougit avant de peler Bien vu!

Mais la partie la plus spectaculaire du parcours est à venir. Une passerelle himalayenne d'une vingtaine de mètres de long a été jetée au-dessus d'un faille profonde d'environ 70 mètres (et non pas de 150 comme il arrive qu'on le lise). A partir de là, on gagne un second belvédère et c'est l'unique occasion où nous rencontrons un autre groupe de touristes.


Après les sommets, retour dans les entrailles. Charline nous fait emprunter des boyaux étroits, on ne peut pas garder le sac sur le dos. Ailleurs, il faut progresser plié car le plafond est très bas. Pour la sécurité, il manque un équipement, le casque.

Il est presque 13 heures et tout cela nous a bien mis en appétit. Un puits de lumière au fond d'une diaclase nous sert de patio bien frais.
C'est un coin pique-nique connu car même les animaux y viennent. C'est d'abord un rat des Tsingy à queue touffue, genre écureuil (Eliurus Antsingy) puis une mangouste à queue annelée (Galidia elegans) endémique à Madagascar qui va nous tenir compagnie tout le long du repas, allant et venant, se faufilant dans un trou pour ressortir par un autre. Ce petit carnassier à la robe rousse d'une cinquantaine de centimètres (queue comprise) peut s'attaquer aux serpents. Un petit oiseau vient se joindre dans l'espoir de trouver quelques reliefs de notre banquet. Il faut penser à repartir et à sortir de notre trou.


Pour terminer le parcours, Charline tente de nous faire opter pour un raccourci qui permettrait de gagner une heure en évitant d'emprunter un réseau de diaclases.
Que nenni! On veut la totale.
Ce sera donc encore des grottes, des échelles et des diaclases mais c'est bien agréable et les couleurs sont étonnantes avec le soleil au zénith.

Il fait très chaud (37°) lorsque l'on regagne le parking vers 15 heures, après un peu plus de cinq heures de balade. Derniers arrivés ce matin et derniers repartis cet après-midi.
Il ne reste plus que notre 4x4 et Jean-Jacques qui en a profité pour se reposer. Une bonne heure de piste pour rentrer et reconduire Charline au village.

Il est plus de 16h30 lorsque nous arrivons l'hôtel Tanankoay. Après une bonne douche, une bière THB bien fraîche sur notre terrasse, un petit repos dans un hamac... Quoi de mieux en attendant de dîner vers 20 heures?

Il n'est pas facile de renouveler le menu lorsque l'on est si loin de tout . Poulet rôti avec des torti fusilli, des pâtes torsadées, et des racines de manioc. En dessert des crêpes nappées d'une sauce chocolat.

La nuit sera encore courte car le départ est fixé à 6h30, non pas que la piste soit plus longue qu'à l'aller mais Jean-Jacques nous explique que c'est la condition pour pouvoir bien profiter du coucher de soleil sur l'Allée des Baobabs, avant l'arrivée à Morondava.

En route pour l'embarcadère du bac du Manambolo, ça ne nous empêche pas de faire un arrêt-photo caméléon. Sur le rivage, quelques ouvriers sont occupés à aménager un quai en maçonnerie financé par la Banque Mondiale. Résistera-t-il aux crues de la prochaine saison des pluies?


De retour sur la piste, nous croisons une femme et un jeune emportant des morceaux de viande de sanglier. Plus loin Jean-Jacques nous signale une crécerelle malgache puis plus loin un perroquet aux abords d'un village, dans un arbre aux fleurs rouges ressemblant à un flamboyant, l’érythrine à crête de coq (Erythrina crista-galli). Encore plus loin, c'est un imposant aigle serpentaire de Madagascar (Eutriorchis astur) posé sur le sol. Ce rapace diurne se nourrit en partie de caméléons.
Une rivière où des villageoises font la vaisselle, un village. Dans un arbre, un couple de corbeaux-pies (Corvus albus) à plastron blanc.

Dix heures, il y a plus de trois heures que nous roulons sur la piste difficile. Nous retrouvons les premiers baobabs et les premiers tombeaux sakalavas.

Onze heures. Nous sommes à Belo-sur-Tsiribihina. Même horaire qu'à l'aller mais cette fois, Jean-Jacques nous conduit au très sélect restaurant Mad Zébu. Une bonne adresse si l'on peut dire car je n'en ai trouvé ni site internet ni email. Une demi-douzaine de 4x4 sont déjà stationnés.
On voit que le chef a séjourné en France par la présentation raffinée des plats. Après une verrine de mise en bouche, terrine de tilapia aux olives noires et vinaigrette au tamarin en entrée. En plat principal, dispersion entre: bouquet de gambas au gingembre, poitrines de sarcelle poêlées et ses cuisses au poivre vert et ananas poché au vin rouge et, dernière option, filet de capitaine grillé au thym. Accompagnement de légumes variés: carottes, haricots, chou-fleur et pommes de terre. Desserts: salade de fruits frais au coriandre et sorbet goyave ou alors crême légère au yaourt, tomates cerises pochées au miel et sorbet papaye au thym.


Nous sortons de table une heure plus tard, à midi, après avoir fait bombance, on peut imaginer quelque somnolence cet après-midi.

Pendant la traversée en bac, je n'ai pas le temps de m'ennuyer car je suis assis à côté d'un Louis qui me raconte sa vie. Il est professeur de langue et civilisation malgaches (incluant les 18 ethnies), titulaire d'une maîtrise dans cette spécialité et partage son activité entre deux établissem*nts. Il gagne 170 000 MGA par mois (soit 2€ par jour) et vit avec sa mère âgée de 80 ans. Il évoque le trafic de bois précieux (palissandre) que les Chinois tentent d'organiser à partir de Belo.

Retour sur la piste plus facile. Nous retrouvons le secteur où sont édifiés de nombreux tombeaux. Comme chez les Mahafaly du sud-ouest, des scènes naïves peintes aux couleurs vives ont remplacé sculptures et alao (totems) érotiques en bois de faux-camphrier réputé imputrescible. Plusieurs de ces tombeaux ont été rénovés récemment, sans doute à l'occasion de retournements de morts.


Jean-jacques explique que la représentation de plusieurs femmes sur les tombeaux tient au fait que les Salakavas sont souvent polygames. Dans les scènes, on retrouve quand même des zébus (troupeaux) mais aussi des bicyclettes ou des motos et des scènes de danses.
Et toujours des baobabs za à tronc conique, rubrostipa ou fony en forme de bouteille et les fameux grandidieri au tronc cylindrique surmonté d'une ramure applatie.
En traversant la Forêt de Kirindy, Jean-Jacques a le temps d'apercevoir un groupe de sifakas, des propithèques de verreaux (Propithecus verreauxi), entièrement blanc, à l'exception de leur face noire et d'une couronne de poils bruns sur le sommet du crâne. Nous aurons tout loisir de les observer, plus facilement que leurs cousins Propithecus deckenii, hier aux Grands Tsingy. Il faut souligner que traditionnellement un fady interdit aux Sakalavas de tuer et de manger les sifakas considérés comme sacrés tout comme chez les Betsimisarakas de l'est à l'égard des indris.

Le baobab Amoureux et l'Allée des Baobabs de Morondava

Nous quittons la piste principale pour nous diriger vers l'ouest (sur notre droite donc). Après avoir vu un baobab aux troncs jumeaux, c'est au baobab amoureux que nous conduit Jean-Jacques. Endroit très couru des touristes mais à cette heure-ci (15h45), nous avons la chance d'être seuls. Il y a débat pour savoir s'il s'agit d'un seul arbre à deux troncs ou de deux arbres. Je penche pour le premier cas. De même, s'agit-il de la variété za ou fony. Là, je pencherais plutôt pour la seconde option.
En tout cas, le phénomène a suscité un petit commerce de souvenirs, de petit* baobabs amoureux en palissandre.


Retour sur la piste principale d'où l'on peut apercevoir des tombeaux. Traversées de villages.
Nous arrivons à l'Allée des Baobabs à 16h45, largement avant le coucher de soleil. Certains jours, c'est le rendez-vous immanquable de touristes japonais venus à Madagascar uniquement pour cela.

Nous ne sommes pas les premiers. Il faut s'armer de patience pour qu'enfin un minibus garé au milieu de l'allée, ce qui est interdit, consente à dégager. Un parking a été amènagé pour dégager les véhicules de la perspective. Une quinzaine de 4x4x et 3 ou 4 minibus y sont garés. A noter qu'un bon quart voire un tiers des touristes sont des "locaux", des Malgaches. Et pourquoi pas? Chez nous, les provinciaux ne vont-ils pas tous un jour ou l'autre voir la Tour Eiffel?
Le petit étang voisin apprécié des canards s'avère être un parfait miroir pour capter le reflet des baoboabs. Nous avons tout le temps pour rechercher les meilleurs angles et la meilleure lumière laquelle va beaucoup changer pendant les deux heures qui nous séparent du complet crépuscule.
Un petit commerce de souvenirs s'est installé sur le site: sculpture et vente de baobabs amoureux ou non, vente de fruits et de jeunes plants de baobabs. Pour les petites faims, on vend même des brochettes de zébu. Pendant ce temps là, sur ces "Champs Elysées malgaches", c'est le défilé des charrettes qui rentrent après une journée de labeur. Quittant la baignade dans l'étang, une cane dinde se risque à faire traverser la piste à sa couvée d'une bonne quinzaine de canetons encore bien jeunes. Puis c'est l'heure où un troupeau de zébus vient s'abreuver et faire trempette dans l'étang. S'en suivent quelques joutes à coup de leurs immenses cornes.
Le soleil continue de baisser et tous les photographes sont aux aguets, à la recherche du meilleur angle et de la meilleure lumière. pendant ce temps, trois jeunes malgaches parcourent la foule en exhibant des caméléons qu'ils transportent sur des bâtons tandis que le plus grand, un garçonnet de 8 ou 10 ans, laisse voir sa nudité et un petit pansem*nt sur le sexe laisse à supposer qu'il a été récemment circoncis.
Le soleil est maintenant descendu entre les baobabs. Ca mitraille de tous les côtés et il faut éviter d'avoir quelque photographe envahissant dans son objectif pour immortaliser ce féerique coucher de soleil. 18 heures, le soleil a compètement disparu de l'horizon. Quel merveilleux moment nous avons passé et ces deux heures n'ont finalement pas paru si longues. Merci Jean-Jacques.


C'est à nouveau Morondava et l'hôtel Baobab Café. Nous reprenons nos bagages et avec la fin de prise en charge par Tanakoay, nous disons adieu à Jean-Jacques.
Qu'il continue de prendre soin de ses clients comme il a si bien su le faire avec nous!

Pour l'une des chambre, il y a changement. Nous héritons d'une grande chambre qui cette fois donne sur la rue. Nous avons la compagnie discrète d'un petit gecko des maisons (Hemidactylus frenatus) pratiquement transparent, avec quelques petites taches marron sur le dos. Un insecticide sans danger donc respectons-le.

Au menu du dîner, nos choix se portent respectivement vers une sole entière, des calamars et un magret de canard (tous au tarif de 15000MGA). Les desserts son également éclectiques: salade de fruits (6000 MGA), nougat glacé et flan (8500 MGA).

La nuit sera tranquille car le bruit dans la rue cessera pratiquement après 23 heures.

Le lendemain à 7 heures, nous attendons notre transfert vers l'aéroport afin de gagner Antananarivo. 7h15 et toujours rien. Le premier couac dans la logistique! La réception du Baobab Café prend alors la décision de nous faire conduire avec un 4x4 de la maison. Plus de confort et de la place pour les bagages. Peu après le départ, nous croisons un taxi qui était sans doute celui qui nous était destiné. Une course perdue et une réputation écornée pour son chauffeur.

A 8h15 nous embarquons et le décollage va avoir lieu avec un quart d'heure d'avance sur l'horaire prévu. Sans doute que tous les passagers étaient enregistrés. L'avion d'Air Madagascar est un ATR 42-72, bi-turbopropulseur à hélices aménagé pour le transport de 60 passagers (15 rangées) et nous apprécions l'espace entre les rangées de sièges.
C'est parti pour une bonne heure de vol.

Nous nous posons à Ivato, l'aéroport d'Antananarivo vers 9 heures et demie... Le dernier chapitre de nos aventures va s'ouvrir!

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FAMILLE ET SOCIETE

FAMILLE, FEMME ET MARIAGE

La famille malgache est un cercle très large par rapport à la notion de famille européenne moderne et la lignée génétique prise en compte remonte aux trisaïeuls (arrière-arrière-grands-parents). Le mariage entre membres de ce grand cercle familial est considéré comme un inceste.

Les jeunes filles n'ont pas d'âge minimum pour avoir des relations sexuelles et les jeunes filles ayant déjà accouché, même mineures, sont considérées comme adultes.
L'âge de la procréation est évalué encore à 15 ans chez les filles comme chez les garçons. La procréation est le point de départ pour un éventuel mariage, que les procréateurs vivent ensemble ou chacun de leur côté (chez leurs parents).

Comme dans d'autres pays où existait la tradition des mariages arrangés, les Malgaches évoluent vers les mariages avec accord des parents sur le choix du (ou de la) fiancé(e). Ainsi Jean Lamour (un nom prédestiné !), notre guide à Manandona, nous a confié avoir dû présenter plusieurs fiancées à ses parents jusqu'à obtenir leur agrément.

Il y a quelques décennies, la polygamie (fampiraferana) n'était pas rare car elle a longtemps été traditionnelle. Le plus souvent, les hommes polygames avaient deux ou trois femmes. En revanche les nobles et surtout les princes pouvaient en avoir beaucoup plus (12 pour les souverains Merina, 60 pourle roi Lamboina des Antankarana).

Depuis 2007, l'âge légal du mariage pour les filles a été repoussé de 16 à 18 ans et donc aligné sur celui fixé pour les garçons. Les filles ne peuvent sortir du pays en compagnie d'un étranger, même s'ils sont mariés, si elle n'a pas 21 ans.

Contrairement à d'autres évènements ritualisés, le mariage ne donne pas lieu à une grande fête.

Les filles ne participent pas à l'héritage qui se trouve dévolu à parts égales entre les garçons.


FAMILLE, CONTRACEPTION ET ENFANTS

La contraception est peu développée pour au moins deux raisons.
Elle est d'abord contraire à une culture où l'on révère la virilité et la fécondité.
Nécessitant un suivi, elle est également difficilement appplicable dans la plus grande partie de ce pays à l'infrastructure médicale absente ou déficiente. Charline, notre guide dans les Tsingy, nous confiait y avoir personnellement renoncé en raison de l'impossible suivi médical lié à l'isolement à la saison des pluies.

Le nombre moyen d'enfants par famille est de l'ordre de 4 ou 5 mais dans les zones rurales il est plutôt de 6. L'accroissem*nt démographique est de 3% par an soit une perspective de doublement de la population en 25 ans.

Depuis 1976, en principe l'école publique est gratuite et obligatoire à partir de l'âge de 6 ans jusqu'à 14 ans (cycle élémentaire de 6 à 11 ans) mais les maîtres sont mal formés et mal payés. La grève de trois mois qu'ils ont menée d'avril à juin 2012 n'a rien donné. Puis sont venus les trois mois de grandes vacances (juillet à début octobre)... Selon l'UNICEF, depuis le début de la crise politique de 2009, 900 000 enfants sont déscolarisés, 12% des enfants échappent complètement à la scolarisation.

REVENUS ET CONDITIONS DE VIE

Selon la Banque Mondiale, en 2008 le revenu National Brut par habitat s'établissait a à peine 26€ par mois.

Le salaire moyen mensuel d'un cadre supérieur avoisine les 50 Euros, celui d'un ouvrier qualifié les 30 Euros, le double de celui d'un ouvrier non qualifié.
les salaires des enseignants sont bas : en moyenne, en primaire/collège, le salaire est de 25 à 50€ par mois.
Un chauffeur de taxi-brousse peut gagner jusqu'à 7€ par jour, à condition de trouver un employeur et d'assumer la responsabilité du véhicule.

Pour les plus bas salaire, l'impôt sur le revenu retenu à la source est de l'ordre de 0,2% tandis qu'il est de 25% à partir de 180 000 Ariarys (soit 60€ à ce seuil) de salaire mensuel.
Si le Malgache moyen gagne environ 1 dollar par jour (par exemple un employé de maison), 85% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.
C'est une société très inégalitaire puisque 10% des ménages les plus aisés possèdent 35% des revenus.
Il faut savoir que les ménages dépensent en moyenne 70 €/mois dont une bonne moitié pour s'alimenter, 16% pour l'énergie.

Madagascar, "l'île bénie des dieux", est devenu l'un des dix pays les plus pauvres du monde.
Madagascar est un géant pauvre au milieu des îlots de relative prospérité voisins que sont Maurice, la Réunion, Mayotte ou les Seychelles.

ACCES A L'EAU ET A 'LELECTRICITE

Environ 7 personnes sur 10 n'ont pas accès à l'eau potable et 4 ménages sur 10 sont privés d'assainissem*nt.
Seulement 14% de la population rurale de Madagascar a accès à l’eau potable. Même à Antananarivo, environ 20% seulement des foyers disposent d'un branchement au réseau public de distribution d’eau.
Comment l'objectif concernant l'accès à l'eau potable en 2015 pour 65% de la population pourrait-il être tenu alors que six ans après le lancement du programme d’alimentation en eau potable et d’assainissem*nt en milieu rural, seules 420 des 1250 installations prévues ont été réalisées?

Madagascar est caractérisé par une sous-consommation énergétique phénoménale avec en moyenne 0,2 tonne d'équivalent pétrole (TEP) par habitant alors que la moyenne mondiale est 8 fois supérieure. Cette énergie n'est fournie sous forme électrique que pour 1% (alors que l'utilisation directe de la biomasse -bois et charbon végétal- en apporte 83%).
En 2006, le taux de couverture en électricité à Madagascar était de globalement de 28 % mais de seulement 5 % en zone rurale (où vit 70 % de la population du pays !).


LE SYSTEME DE SANTE

Le système de santé est dans un état déplorable et ne s'est pas amélioré depuis une vingtaine d'années.
Les dépenses totales de santé du pays s'élèvent à 320 millions de dollars soit seulement 3,2% du PIB (en France, ces valeurs sont respectivement de 350 milliards de dollars soit 12% du PIB).
Depuis le coup d'Etat de 2009, les pays donateurs ont cessé d'octroyer toute aide non humanitaire. De son côté, le gouvernement malgache a procédé à des coupes draconiennes dans le budget des services sociaux. En 2010, les dépenses de santé ont diminué de 30% par rapport à l'année précédente et pour 2012 il a été de nouveau réduit de moitié par rapport à 2011. Ces coupes budgétaires ont entraîné la fermeture de quelque 240 centres de santé (sur les 3000 existants dont 300 avec un médecin et les autres avec un infirmier qualifié et parfois une sage-femme et ils sont accessibles -à moins de 10km- aux deux tiers de la population) en raison d'une pénurie de travailleurs de la santé démotivés car mal payés et ne disposant pas de matériels adéquats (les centres de soins sont loin de tous disposer d'un tensiomètre). A cela s'ajoutent un peu moins de 80 hôpitaux principaux et secondaires.
L'ensemble du secteur public emploie 1100 médecins. Par ailleurs, seulement 600 médecins installés dans le secteur libéral car la population n'a pas les moyens de les rémunérer.

Mamy, notre chauffeur en fin de circuit nous donne une idée de l'état déplorable du système de santé, pas seulement des locaux d'ailleurs. Si l'on doit aller à l'hôpital, on n'y trouve qu'un châlit et il faut apporter matelas et literie. Pour être examiné a minima, il faut avoir assez d'argent pour qu'un médecin s'intéresse à votre cas, puis il faut faire apporter médicaments et seringues nécessaires et également avoir les moyens d'acheter la nourriture.
Dans ces conditions, la population déserte les établissem*nts de soins et a recours à des expédients de la médecine traditionnelle et à l'automédication.

Quant à Charline, notre guide dans les Tsingy, elle nous donne un exemple concret des conséquences sanitaires et médicales découlant de l'isolement de sa région à la saison des pluies à tel point qu'en 2009, dix femmes de Bekopaka étaient mortes en couches ou en suite de couches. Cette déficience fait aussi que la contraception orale ne fonctionne pas en l'absence de l'indispensable suivi médical qu'elle exige.

C'est pourquoi en cas de sérieux problème de santé survenant pendant le séjour à Madagascar, il est fortement conseillé de se faire rapatrier vers St Denis-de-la-Réunion afin de bénéficier du système hospitalier français.

A l'aéroport d'Ivato,il fait 15°. Nous sommes rapidement récupérés par Mamy, notre nouveau chauffeur-guide car finalement Richard a confié d'autres clients à Patrick, notre premier chauffeur.
Plus de 4x4 mais une Peugeot 406 break.

Mamy, étrange prénom. Rien du diminutif affectif mais un nom typiquement malgache qui signifie "doux, sucré". Le personnage incarne parfaitement ce nom, il parle aussi doucement qu'il conduit.
Mamy possède sa propre petite agence "Mamitours" et se trouvant actuellement disponible, Richard a fait appel à lui en freelance pour les trois derniers jours de notre circuit. Mamy est originaire de Morondava et il a émigré vers la capitale où il est plus facile de trouver du travail et des clients.

La circulation chaotique dans la capitale nous laisse tout loisir d'observer les enseignes rigolotes de gargottes, de "Dédé & Lily, tailleur couturière" et surtout celles des enseignes des écoles privées. Un florilège...
Les rizières et les briqueteries s'insinuent dans les parties basses de la banlieue informe. Nous arrivons bientôt dans une région plus vallonnée avec des collines aux sommets rocheux mis à nu.

Après avoir quitté les embarras de circulation de la capitale, nous avons à parcourir 140km sur la Nationale 2 qui conduit sur la côte est, notamment vers Toamasina (ex-Tamatave), la seconde ville du pays.

Un peu avant midi, Mamy arrête à l'entrée de la petite ville de Manjakandriana pour le déjeuner. Un discret restaurant local "Espace Hasina" se dissimule pratiquement aux regards derrière la "Providence School". Une surprise, le personnel ne parle ni ne comprend le français. Selon Mamy, c'est rare mais il s'agit d'employés récemment montés à la ville. Nous sommes les seules convives, il est vrai qu'il est encore tôt. Salle propre. Les steaks de zébus sauce poivre vert s'avéreront coriaces (7000 MGA pièce). Une banane en dessert (250 MGA pièce).
Nous arrivons maintenant dans le pays des Bezanozano.

Nous ne nous attardons pas outre mesure.
Bientôt nous coupons la ligne de chemin de fer du réseau nord Tananarive Côte Est (TCE). Nous roulons tranquillement et pourrions presque nous endormir si la route ne présentait pas quelques dangers (virages, côtes). Vers 14h15, nous traversons bientôt la ville de Moramanga animée par ses tricycles (vélo-rickshaws). Moramanga est la capitale des Bezanozano.
Mais déjà nous changeons d'ethnie en arrivant au pays des Betsimisaraka (leur capitale est Toamasina - Tamatave).


Une petite demi-heure plus tard, nous quittons la nationale et trois cents mètres plus loin, nous voici déjà à destination à l'hôtel Feon'ny Ala, situé environ 4km avant le village d'Andasibe.

Nous confirmons les propos du Routard sur l'accueil plutôt froid. Quelle différence avec nos précédentes étapes. Bref, l'hôtel vaut pour l'emplacement et pour le cadre mais certainement pas pour l'accueil ou le confort.

A 15 heures, nous prenons possession de nos bungalows. Le cadre dans lequel s'insèrent la trentaine de bungalows est superbe. Mais les pensionnaires des chambres d'hôtes et guest-houses voisines "Marie" et "Chez Luc" ont tout autant d'agrément à n'en pas douter.
De retour vers la réception, nous rencontrons Mamy qui nous présente Agathe, qui doit être notre guide pour la matinée du lendemain. Curieusem*nt, nous sentons que le courant ne passe pas bien.

Un peu après 16 heures, après le premier concert de cris, plaintes et glapissem*nts des indris (Indri indri), nous partons faire une petite balade en direction du village en suivant la route qui chemine à travers la forêt. Il faut s'activer un peu car dès que des nuages masquent le soleil l'air est bien frais, d'autant qu'il y a un peu de vent.
Nous passons devant une clairière provoquée par le cyclone Giovanna (ou Giovana) qui a traversé l'île le 14 février 2012, en faisant 31 victimes et 250 000 sinistrés. Les villageois ont été autorisés à récupérer le bois qu'ils débitent à l'herminette ou par sciage de long de tronc posé sur un chevalet rudimentaire.


Parc National d'ANDASIBE - Réserve d'Analamazaotra


Nous arrivons bientôt devant l'entrée de la Réserve Mitsinjo, une association villageoise pour la conservation de la biodiversité dans le cadre de la Forêt d'Analamazaotra.
Vue l'heure, il n'est pas question de s'engager sur l'un des trois circuits aménagés. Nous nous contentons d'un petit tout aux abords des bâtiments d'accueil.


Dans les arbres, nous avons tout loisir d'observer un groupe de Lémurs bruns (Eulemur fulvus fulvus).
Polygames et nomades, ils vivent en groupes de 3 à 12 individus, sans hiérarchie systématique. Dans le forêts orientales (car il se rencontre aussi au nord-ouest de Madagascar), la densité est de l'ordre de 50 individus au kilomètre carré. Le pelage est court mais dense. Le dos présente une coloration brune alors que le ventre est plus clair. Le museau et la couronne sont pratiquement noirs. Les oreilles sont courtes tandis que la queue est longue et légèrement touffue à son extrémité. Les yeux sont rouge orangé. C'est la seule espèce que l'on rencontre hors de Madagascar, dans l'archipel des Comores, où il aurait été introduit il y a une centaine d'années.

Nous poussons jusqu'à l'entrée toute proche de la Réserve Indri indri où nous devons passer la matinée suivante.

Le parc national d'Andasibe est composé du Parc National de Mantadia (15000 ha) et de la Réserve spéciale d'Analamazaotra (800 ha) soit 10000 ha de forêts primaire presque intactes. Antérieurement, à la période coloniale, le parc était appelé Réserve Périnet. Pour la visite de cette forêt très humide, la période la plus favorable correspond à notre automne. La température remonte et il ne pleut pas encore trop.


Rappel en quelques mots sur les lémuriens

Comme les singes (et les humains), les lémuriens appartiennent à l'ordre des primates et ont donc un ancêtre commun à ce niveau. En revanche, ils se rattachent à des sous-ordres différents: Haplorrhini pour les singes et Strepsirrhini pour les lémuriens ainsi que leurs "cousins" les loris d'Afrique et d'Asie voire les tarsiers.
Sur la presque centaine d'espèces de lémuriens réparties entre les cinq familles (Cheirogaleidae, Lemuridae, Lepilemuridae, Indriidae et Daubentoniidae) vivant à Madagascar près de vingt sont menacées. Depuis l'arrivée des hommes sur l'île, une quinzaine d'espèces de lémuriens se sont éteintes (dont l'Archaeoindris fontoynonti qui pesait de 160 à 200 kg).
Présents en Afrique, ils auraient gagné Madagascar sur des radeaux d'herbes dérivantes il y a environ 50 ou 60 millions d'années. Sans concurrence, ils se sont diversifiés et ont occupé diverses niches écologiques tandis que sur les autres continents ils ont dû céder la place devant d'autres concurrents, en particulier les singes plus "intelligents".

Retour à Feon'ny Ala un peu après 17 heures. Coup d'oeil dans la boutique d'artisanat villageois. Nous y croisons Agathe qui nous ignore superbement. Bizarre fille!

Nous allons dîner vers 19h30. Il y a déjà beaucoup de monde dans la salle et les tables encore inoccupées sont pour la plupart réservées. D'où viennent tous ces gens? Sont-ils tous pensionnaires ici? Par rapport aux autres endroits de Madagascar que nous venons de visiter, on ressent une ambiance un peu différente, plus guindée.


La fraîcheur de la soirée fait que la plupart des convives se sont installés en salle. On nous trouve une table, face à la porte qui reste ouverte, donc en courant d'air. Nous ne regrettons pas nos polaires. Ici tout est frais, pas seulement le fond de l'air ou l'accueil à la réception mais aussi le personnel en salle.
Pour nous réchauffer, ce sera soupe safranée ou potage (6000 MGA) puis talapia grillé ou en sauce (13000 MGA) ou de l'anguille au porc (11000 MGA). Et toujours pour nos réchauffer, ananas copieusem*nt flambé en dessert (4500 MGA).

Il ne fait pas chaud dans nos bungalows. Le traditionnel serpentin fumigène antimoustique voisine avec des éditions du Nouveau Testament en langues occidentales et malgache et avec une boîte de préservatifs.
Sommeil peu reposant, matelas peu épais et creux, empilement de couvertures peu chaudes mais lourdes (nous aurions apprécié un duvet ou une couette), cris d'animaux.

A six heures, pendant cinq à dix minutes, les indris donnent un nouveau concert de leurs cris à vous glacer le sang dans les veines. On a hâte de voir ces curieux lémuriens. Petit coup d'oeil dehors, à la fraîche (10°)...

A 8 heures nous quittons l'hôtel pour un court trajet de 2km qui nous amène à l'entrée de la réserve.
Ce n'est pas complètement surpris que nous apprenons qu'Agathe avec laquelle nous avions rendez-vous à 8h15 nous a fait faux bond en partant avec un autre groupe de touristes. Elle sera remplacée au pied levé par Justin Rakotovao, un jeune guide qui ne porte pas ses 26 ans et qui pourtant exerce son métier depuis 6 ans déjà.
Bien qu'il s'exprime avec un accent et de manière un peu récitative, on va passer trois bonnes heures en sa compagnie et parcourir 3 ou 4km dans la Réserve.


Sur le trajet, dans la forêt secondaire d'Analamazaotra nous rencontrons plusieurs groupes de touristes, notamment des germanophones et anglophones, manifestement en découverte thématique de la flore, des insectes outre la visite aux indris indris, évidemment. Cela confirme l'impression particulière que nous avions ressentie la veille au restaurant.

Justin nous présente différentes plantes, fougères arborescents et pandanus géants, plantes médicinales. Dans des fougères on peut observer une minuscule grenouille. Là, c'est un caméléon vert (Calumma parsonii uroplatus).

Plus loin, ce sont des fourmilières des arbres et des termitières qui ont parfois plusieurs dizaines d'années d'existence. Lorsque des martins-pêcheurs viennent pour y faire un repas de larves, les termites soldats leur projettent dans les yeux un gaz irritant tandis que les ouvrières s'affairent à colmater les brèches. Du côté des oiseaux, nous apercevons un coua bleu (Coua caerulea) et un coucal toulou (Centropus toulou), espèces endémiques. Puis un vanga ou corbeau-pie.

Enfin, honneur à l'indri, le roi de cette forêt. C'est la seule contrée où l'on peut voir cette espèce.
Avec l'aide des pisteurs nous pouvons en observer un groupe d'une dizaine d'individus. C'est le plus grand lémurien (jusqu'à 7 kg pour 70 cm de haut) et, outre son cri, un signe distinctif, c'est qu'il ne possède qu'un moignon de queue. Cette espèce vit en groupe matriarcal. Monogames fidèles, les indris forment des couples permanents et ils ont généralement un petit tous les trois ans. Leur longévité est importante, de l'ordre de 80 ans, lorsqu'ils parviennent à échapper à leurs prédateurs: aigles et fossas. Leur pelage très dense est un mélange de noir et de blanc. La face surmontée d'oreilles d'ourson ainsi que le museau sont noirs, tout comme les mains et les pieds. Ses yeux sont jaune vert. Vus de loin, ils ressemblent à des pandas. Malgré leur taille, ils sont d'une grande adresse pour sauter de branche en branche. Son allure humaine fait qu'il a inspiré de nombreuses légendes et lui vaut un respect marqué par des fady interdisant de le tuer et le manger. Un fady identiique préserve les sifakas dans le pays sakalava, sur la côte ouest.

Si ça remue dans les arbres, au sol c'est aussi la bousculade car plusieurs groupes de touristes avec leur guide se pressent à la recherche du meilleur point de vue. Nous apercevons notre fameuse Agathe qui a choisit de guider un groupe un peu plus nombreux, sans doute dans la perspective d'un pourboire supérieur...
Depuis une vingtaine d'années, les individus de ce groupe se sont familiarisés à la présence humaine, ce qui en facilite l'observation. Leur cri extraordinaire s'entend à 3km à la ronde. Nous n'aurons pas la chance de voir des indris descendre de leur arbre pour manger un peu d'argile latéritique comme ils le font en général une fois par semaine pour détoxiquer leur organisme.

Un peu plus loin, on peut apercevoir une espèce que nous avions vue la veille au soir, des lémurs bruns (Eulemur fulvus fulvus).

Notre parcours va encore nous permettre d'observer une autre espèce de lémurien, le magnifique propithèque ou sifaka à diadème (Propithecus diadema). C'est la quatrième espèce (sur la dizaine existante) de sifakas que nous avons l'occasion de pouvoir bien observer.
Ce cousin des indris (ils appartiennent à la même famille) est le plus grand représentant des propithèques. Ses membres supérieurs et inférieurs vont de l'orange au jaune doré tandis que la teinte de la poitrine, des épaules et des bras varie du jaune au brun doré. Le museau et la face sont noirs et entourés d'un diadème blanc. Il s'agit d'un petit groupe de quatre adultes avec un petit qui se reposent. Ces animaux sont polygames et nomades, contrairement aux indris. Spectacle magique de cette famille de lémuriens.

Il est onze heures et Justin nous reconduit vers l'entrée de la Réserve.
On aperçoit un Coua (Coua caerulea) au plumage bleu nuit et quelques pas plus loin un Coucal toulou (Centropus toulou) au plumage roux.
Nous passons près d'une station de pisciculture abandonnée depuis de nombreuses années suite aux inondations consécutives à un cyclone. près de la rivière, Justin nous précise qu'elle est sacrée et qu'un fady interdit qu'on y lave tout objet de couleur noire car cela attirerait les crocodiles et apporterait des maladies dans le village de celui qui aurait enfreint l'interdit.

A 11h45 nous sommes de retour au Feo'ny Ala. Sur la terrasse, en attendant le déjeuner, c'est une nouvelle occasion d'observer le Gecko vert malgache (Phelsuma madagascariensis) sur un aloès.


Réserves VAKÔNA et ville d'ANDASIBE


Après le déjeuner, départ pour la visite des réserves privées de l'hôtel Vakôna Forest Lodge, à une dizaine de kilomètres au-delà du village d'Andasibe, par une piste. Nous visiterons le village au retour. Un peu plus loin, à une bifurcation, nous voyons l'indication du parc national d'Andasibe-Mantadia.

Sur le trajet du Vakôna, un moment sur la gauche, nous passons près du site d'une ancienne mine de graphite à ciel ouvert abandonnée depuis 2009 et qui serait visitable sur demande selon le Routard. Elle appartenait aux propriétaires blancs (ancienne famille coloniale) du superbe ensemble hôtelier où nous arrivons. La réception et le restaurant sont construits dans un petit lac enchâssé dans un écrin de forêt.

Après les sorties en pleine nature, on finit notre circuit malgache par un petit côté visite de jardin zoologique. Nous commençons parc la traversée d'un petit plan d'eau en canoë pour gagner l'île aux lémuriens. Le Routard parle de six espèces, pour notre part nous en verrons trois.

Nous sommes accueillis par un envahissant vari blanc et noir (Varecia variegata variegata) qui saute sur nos épaules. Cette espèces appartient au genre Varecia, l'un des cinq genres que compte la famille des Lemuridae ou grands lémurs. L'animal est assez imposant (60cm, queue non comprise et un poids de 4-5kg). Son museau allongé lui donne un peu un air canin.
A la différence des autres lémuriens, les varis dorment dans des nids et les femelles qui peuvent avoir une portée de trois petit* ont trois paires de mamelles au lieu d'une seule.

Quelques pas de plus et le relais est pris par leurs cousins un peu plus petit* du genre Eulemur, les lémurs fauves, lémurs ou makis bruns (Eulemur fulvus fulvus). Nous les avions observés dans la nature avant hier à l'entrée de la Réserve Mitsinjo mais nous ne pensions pas les voir de si près. Pelage soyeux, face noire et yeux noisette. Ils sont gourmands et les guides les attirent avec des bananes. On se retrouve parfois avec deux ou trois lémurs que les épaules.

Enfin, la visite de l'îlot se poursuit avec les représentants d'un troisième genre de Lemuridae, celui des Hapalemur, avec les lémurs des bambous (Hapalemur griseus). Ces animaux diurnes plus petit* (40cm, queue non comprise pour 1kg) se dissimulent dans les branchages et gardent leurs distances en vous observant de leurs grands yeux marron.


Changement de décor avec un parcours autour du lac aux crocodiles. Ils sont nombreux, une quarantaine ou une cinquantaine, de l'espèce crocodile du Nil (Crocodylus niloticus). C'est la plus grande espèce de crocodiles avec une longueur moyenne de 4 mètres, un poids de 500kg et une longévité de 50 ans. C'est le plus grand reptile de Madagascar qui le partage avec les pays d'Afrique australe et orientale.
Avec leur air endormi, ils prennent un bain de soleil. Ils sont nourris une fois par semaine. Plus loin, deux crocos sont aux aguets, yeux ouverts et mâchoires entrouvertes. Un autre reste là, la gueule grande ouverte! Leurs oeufs sont placés dans un enclos spécial afin d'éviter que les petit* ne soient pas dévorés après leur naissance.

Nous passons près des enclos dédiés aux fossas.
Le fossa (Cryptoprocta ferox) est un carnassier endémique, cousin des félins et unique représentant de son genre. Cet animal au pelage roux aurait colonisé l'île il y a 20 millions d'années. C'est un superprédateur, si l'on excepte l'homme évidemment. D'un poids de 5 à 8km pour un corps long d'environ 80cm, il possède des griffes semi rétractiles qui lui permettent de grimper facilement aux arbres et même d'en descendre tête en avant.
Nala est une veuve inconsolable depuis la mort de Kovu. Ce couple a donné naissance à Gitan et Baby qui vivent dans un enclos séparé. Ces animaux en captivité qui ne cessent d'arpenter leur cage font pitié.

Encore quelques pas et nous passons près de l'enclos aux tortues puis de celui aux serpents. Ceux que nous voyons vivent dans les arbres mais ne se nourrissent pas en captivité. Ils sont donc relâchés périodiquement et remplacés. Pour finir, c'est la volière aux oiseaux aquatiques: hérons, poules d'eau, canards en tout genres, par exemple canard à bosse bronzé ou canard casqué (Sarkidiomis melanotos).

Après cette visite qui a duré presque une heure et demie, Mamy nous dépose à l'entrée de la bourgade d'Andasibe (la population de la commune s'élève quand même à 12000 habitants!).

Ancienne ville minière, avec ses maisons en planches et en tôle, on a l'impression d'être plongés en plein farwest. En raison de la localisation sur le côté oriental de l'île, il serait plus approprié de dire "fareast". Dans ce décor de western, nous arpentons la rue principale et pouvons jeter un coup d'oeil aux commerces locaux sans être le moins du monde importunés. Couleur locale garantie: nous ne croiserons qu'un couple de touristes. Marchands de riz, de haricots secs, de petit* poissons séchés, boucherie, vendeurs de brochettes, de petit* crabes, de beignets, de boulettes de viande... magasins d'articles de pacotille kitschissimes (lampes à leds, pendulettes et réveils...). Petit coup d'oeil à l'église catholique.
Nous regagnons la sortie du village ce qui permet de découvrir le bureau de "Postes et Télécommunications Périnet" et la gare (desservie par la ligne Tananarive Côte Est TCE).
Sympathique petite balade d'une demi-heure!

A 17 heures nous sommes de retour à l'hôtel Feon'ny Ala et nous prenons la précaution de réserver une table dans une partie de la salle éloignée de la porte. On a donné! Nous constatons que la demi bouteille de vin blanc que nous avions rapportée du restaurant la veille a quelque peu été soulagée par le personnel de service...

Dîner à 19h30. Des soupes sont bienvenues mais pas données (6000 MGA l'unité). Suivent soit brochette "terre et mer" soit des nems (14000 MGA). Pour finir, soit tarte (3000 MGA) soit Ananas flambé (4500 MGA).

Sommeil médiocre dans le relatif inconfort de nos bungalows.
Comme la veille, concert matinal des indris un peu après 6 heures.

A 7h30, nous prenons la direction de Tana pour notre dernier jour à Madagascar.

Traversée de Moramanga. Enseignes amusantes comme "Auto Moto Ecole La Réussite". C'est aussi l'occasion de voir de voir l'omniprésence des bureaux de PMU. Oui! il sagit bien du Pari Mutuel Urbain français. Les Malgaches jouent et parient sur les courses qui se déroulent sur nos hippodromes!

Les dépôts de sacs de charbon de bois. Ici, dans les rizières, le labour s'effectue avec des boeufs, plus puissants que les zébus. On peut même voir un vieux tracteur vert.

Un peu plus tard, des paysans moins fortunés font ce travail à la bêche tandis que sur une autre parcelle, une rangée de femmes procède au repiquage.

Traversée de la ville de Manjakandriana. La ligne de chemin de fer et une demi douzaine de cheminots en pleine pause (il est 9h15). On croise un groupe de cyclistes sportifs malgaches, avec maillot et casque à l'avenant. Les panneaux publicitaires (y compris pour l'église protestante FJKM) qui se font plus nombreux nous indiquent la proximité de la capitale: toujours des enseignes et des pubs pour le PMU, ADSL, téléphonie et transferts d'argent par téléphone MVola Telma, Airtel ou Orange, Loterie Malagasy, TV satellitaire Canal SAT, Leader Price...


C'est Antananarivo.

Les enseignes des écoles privées (y compris collèges et lycées) sont extrêmement drôles. En voici quelques unes que j'ai relevées en traversant la ville: Les Gais Bambins, Les Flamants Roses, Les Mignons, Les Capucines, Le Petit Nid, La Belle Ruche, Le Petit Cheval d'Or, La Source, La Grâce, Les Joyeux Poupons, Les Loupiots, La Pépite d'Or, Les Bout'Chous, Bizoukalin, L'Avenir, Kiadi, Petit à Petit, Les Chatons d'Or, Au Bel Enfant, Les Petit* Rois, Lauréat, Sine qua non, les Gais Bambins, Les Colibris, Les Joyeux Canetons, La Belle, Pytaghore, Pinocchio, l'Hirondelle, Le Nid des Oisillons...

Le passage dans une station-service est l'occasion de voir le prix des bonbonnes de gaz de marque Vitogaz: 74500 MGA la bouteille de 13kg soit plus de 27€, après une récente hausse de 10%, c'est-à-dire le même prix que chez nous.

Nous gagnons la périphérie nord de la ville où l'on passe près de grandes villas cossues.

AMBOHIMANGA, "la Colline Bleue"

Bientôt notre voiture grimpe la route conduisant à "la Colline Bleue", Ambohimanga, à environ 15 km du centre d'Antananarivo. Cette ville sacrée était interdite aux vazaha (terme générique désignant les blancs et plus généralement les étrangers) et aux cochons. Il fait le pendant au Palais de la Reine (Rova Manjakamiadana ) qui était la demeure officielle des souverains de Madagascar au XIXe s. à Antananarivo. D'autres rovas existaient sur d'autres sites: Ilafy, Antongona, Ambohidratrimo, Ambohidratrimo, Tsinjoarivo.

Il est 11 heures et demie et Mamy nous dépose pour déjeuner au restaurant "Tsara Tazana - la Terrasse", au pied du rova, le palais.
Nous y prendrons des steaks de zébu bien servis mais trop cuits à 7000 MGA (pièce) et des bananes flambées à 3500 MGA et nous offrirons à Mamy une glace trois parfums à 4000 MGA. Il faut ajouter 10% pour le service, une pratique que nous n'avions pas encore rencontrée pendant ce voyage. Le cadre est agréable avec la terrasse donnant sur la plaine. Des instruments de musique traditionnelle participent à la déco. Nous sommes bientôt rejoints par deux couples de touristes avec leur guide.


Après le repas, visite du seul monument malgache inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 2001. La visite peut être effectuée librement ou guidée. Nous optons pour cette seconde solution. Emma parle parfaitement notre langue mais son degré de motivation à l'air inversem*nt proportionnel avec la vitesse à laquelle elle expédie sa tâche. Les évaluateurs du Routard n'avaient pas du tomber sur elle lorsqu'ils évoquent d'excellents guides et une visite guidée d'une heure. Notre guide aura tout au plus passé une vingtaine de minutes en notre compagnie.

La place "Fidasiana" devant l'enceinte est occupée par des arbres plusieurs fois centenaires que leur caractère sacré n'a pas empêchés certains d'être déracinés par le dernier cyclone: figuiers "Amontana", jacarandas, filaos. Autour de l'un d'eux, douze blocs de pierre sont disposés en cercle. Ils servaient de siège aux douze épouses du roi (en réalité il en avait 47), chacune étant originaire de l'une des douze collines entourant Antananarivo. D'autres pierres fichées dans le sol sont couvertes de sang séché témoignant de quelque récent sacrifice d'une volaille. Il faut savoir qu'au décès de la reine Ranavalona Ière, on a immolé des zébus pendant le passage du convoi funèbre jusqu'à Ambohimanga et sur les lieux, 3000 bêtes ont été encore décapitées et leur viande distribuée à la population.
Des blancs d'oeuf ont été utilisés comme liant dans l'enduit de sable et de chaux du mur d'enceinte.
C'est sur cette place qu'avaient lieu devant le peuple le sacre du roi et autres cérémonies rituelles. Plus loin on peut voir une chaise à porteurs avant de pénétrer dans le palais par la porte monumentale. La citadelle comportait un parc à zébu et un bassin dont l'eau était renouvelée tous les jours pour le bains des épouses royales. Leur couleur verdâtre actuelle n'est pas signe de grand fraîcheur
L'édifice le plus ancien est le palais du roi Andrianampoinimerina (vers 1787-1810) et fut le premier souverain reconnu par les autres royaumes malgaches. La sombre case royale (mahandrihono) à pièce unique de 6m sur 4m, aux murs de palissandre et au toit initialement en chaume (remplacé par des bardeaux) de 18m de haut est caractéristique du style Imerina. Le roi méfiant grimpait se cacher tout en haut de la bâtisse, sur la poutre transversale supportée par le pilier central, lorsque des visiteurs se présentaient et il laissait son épouse les recevoir dans un premier temps. S'il consentait à les recevoir ceux-ci ressortaient afin que le roi puisse descendre discrètement de son perchoir. De même, c'est dans l'angle nord-est très sacré que se trouve la couche royale suspendue à laquelle la favorite du moment avait accès. Dommage qu'on ne puisse pas prendre de photos.

Près de là, dans une architecture complètement différente, se dressent deux pavillons en bois à étage, avec galeries à balustrades, où venaient séjourner les reines Ranavalona Ière (1828-1861), avec son conseiller-amant Jean Laborde, et Ranavalona II (1868-1883). Le plus grand fut bâti par la Reine Ranavalona II en 1871 et elle modifia le plus petit. On peut y voir du mobilier d'origine européenne. La salle de réception occupe en bas tandis que la chambre de la souveraine et celle de sa dame de compagnie sont à l’étage.

La nécropole royale avait été déplacée à Tananarive en 1897 par Gallieni pour désacraliser les lieux lorsqu'il en fit sa résidence d'été jusqu'au récent retour des restes royaux sur cette colline.
Petit tour au sommet de la colline d'où la vue est très étendue mais l'air un peu brumeux limite la visibilité.


En redescendant au village par un long escalier de pierre, on passe près de la petite place dite Ambatorangotina ("La pierre qu’on gratte") le lieu où se tenaient les “kabary” (discours). Le centre de la place est occupé par un petit tertre formé des trois cercles concentriques. C’était à l’ombre des “Amontana” (figuiers) qu’étaient prises les décisions importantes : les diverses lois y étaient proclamées et le roi y rendait la justice. C'est là aussi qu'il recevait l'hommage (hasina) de ses vassaux auxquels on faisait boire de l'eau bénite mélangée à la terre sacrée.

En quittant le village, on peut apercevoir sur la droite l'ancien chemin pavé qui montait au palais avec une sorte de porte naturelle formée par deux rochers. Cette porte dite Ambavahaditsiombiomby ("où un bœuf ne peut passer" était réservée au souverain.

Au bas du village, au nord-est, se dresse la porte Ambatomitsangana, l'un des deux accès principaux. Elle est surmontée d’un poste de guet. Un disque de pierre de 4,50m de diamètre et 30 centimètres d’épaisseur est adossé contre les murs. Elle était roulée chaque soir et chaque matin par plusieurs dizaines d’hommes pour en condamner l’entrée. Un fossé le doublait. Cette porte était réservée au souverain et aux vivants tandis que les cadavres passaient par la porte Miandrivahiny, au nord.


ANTANANARIVO (2 millons d'habitants soit près de 10% de la population du pays)

Il est 14 heures et nous reprenons la direction de la capitale que nous atteignons une demi-heure plus tard: hôtel Ibis, une mosquée. Si le pays n'était pas si pauvre, il faudrait d'urgence envisager la cr&ation de rocades pour désengorger la capitale.
En guise de marché traditionnel, Mamy nous conduit dans un tout nouveau Mall inauguré quelques jours plus tôt et dont les boutiques de marques de luxe ont un lointain rapport avec l'artisanat traditionnel. Puis, nous dirigeant vers le centre, Mamy juge prudent de remonter les vitres et de verrouiller les portes de l'intérieur car il faut être prudent dans les embouteillages.
Nous passons devant quelques immeubles de bureaux modernes avant d'arriver sur l'avenue de l'Indépendance (Araben'ny fahaleovantena) et de stationner sur la place devant la gare.


Il est 15 heures et Mamy nous donne quartier libre en nous incitant à la plus grande prudence au milieu de la foule qui déambule sur l'avenue. Il nous précise que l'insécurité est grande dans la ville et que dès la nuit venue, lui-même évite de sortir. Les actions humanitaires (association Akamasoa) auprès des populations des décharges que mènent le missionnaire d'origine argentine le Père Pedro Opeka ne suffiront pas à endiguer le glissem*nt de la jeunesse dans la délinquance voire dans la criminalité.
Ainsi conditionnés, notre petit tour sera extrêmement rapide (un aller-retour sur un peu plus d'un kilomètre, en une demi-heure). Les mendiants s'y font extrêmement pressants. Nous verrons tout juste l'imposant hôtel de ville qui a la faculté de donner des idées de grandeur aux élus qui y passent. Retour à la gare où se tient un forum des instituts de formation aux métiers du tourisme.
Vers 16 heures Richard vient nous retrouver sur la place de la gare pour un debriefing qui sera extrêmement sommaire. Richard n'avait pas l'air dans son assiette et avait manifestement d'autres soucis en tête. Nous devons le revoir ce soir à l'aéroport juste avant notre départ.

Mamy nous rembarque.
Nous passons au bord du Lac Anosy sans même pouvoir prendre une photo du plan d'eau avec au milieu l’Ange noir, monument aux morts dressé en l’honneur des combattants malgaches de la Première Guerre mondiale et avec au fond la perspective sur la colline surmontée le Palais de la Reine (Rova Manjakamiadana) qui a réouvert ses portes au public le 22 septembre 2012 après les longs travaux de restauration après l'incendie criminel (?) .du 6 novembre 1995. Pas d'arrêt au pittoresque Marché aux Fleurs voisin, ni plus loin au marche de la Digue près duquel nous passons pourtant. Aux abords des embouteillages, les petit* vendeurs et les mendiants (dont de enfants) se pressent autour des véhicules, agressifs, sans un sourire.

ANTANANARIVO, la capitale qu'on ne visite pas !

On pourrait dire qu'il y a deux pays au monde dont on ne visite pas la capitale: Naypyidaw, la capitale politique de la junte militaire au Mayanmar et Antananarivo, la capitale de Madagascar devenue un conglomérat urbain criminogène...

Principe de précaution !

Pourtant de nombreux voyagistes continuent de mettre à leur programme la visite de la ville basse et de la ville haute (superbe vue panoramique) ainsi que de marchés de la capitale...


Il est 17h15 lorsque Mamy nous dépose à l'hôtel Cosmos pour le "day use" (réservation d'une chambre pour utilisation momentanée en journée). Au revoir Mamy!
Heureusem*nt que l'on n'y séjourne pas car on serait dévoré par les moustiques qui n'ont aucune peine à venir de l'extérieur par des ouvertures mal ajustée. On serait à 5 minutes à pied de l'aéroport qu'on voit par la fenêtre mais nous accepterons de bon coeur le transfert même avec une berline pourrie car, la nuit venant, le quartier a l'air glauque et n'oublions pas qu'il faudrait traîner nos bagages.

Vers 19 heures, nous sommes à l'aéroport.
Dîner léger à la cafétéria Elabola. Dernières salutations à Richard qui vient récupérer de nouveaux clients mais qui a toujours l'air aussi préoccupé. Dommage, on aurait aimé échanger davantage !

Le passage au contrôle des passeports donne lieu au même drôle de manège qu'à l'entrée dans le pays. Au moment où arrive mon tour, un employé me grille la politesse en présentant au guichet un paquet de trois ou quatre passeports... ce qui signifie qu'il n'y a aucun contrôle sur la qualité réelle de leur titulaire. De petit* billets ont encore dû suffire pour graisser la patte de quelques préposés...
Et pourtant, que de contrôles pour embarquer! Jusqu'au pied de la passerelle !

Même A340-300 qu'à l'aller mais bien à l'heure cette fois. Vol de nuit, nous somnolons donc ce qui ne permet pas de suivre précisément l'itinéraire emprunté mais limite la fatigue. Pour la partie finale, à partir de la Méditerranée, nous passons plus à l'est et survolons les Alpes.

L'avion a gagné 35 minutes sur le temps de vol prévu. Il est 9h30 à Roissy où il fait 16°, une température à laquelle nos dernières journées malgaches nous avaient réadaptés.

MADAGASCAR EST-ELLE MAL PARTIE ?

En conclusion, je ne vais pas reprendre les temps forts du voyage ni revenir sur des points intéressant le touriste lambda mais c'est sur l'avenir préoccupant du pays que j'ai envie de m'exprimer en posant la question "Madagascar est-elle mal partie ?".
J'ose ce titre en détournant celui d'un ouvrage du célèbre agronome René Dumont ''L'Afrique noire est mal partie'' (Editions du Seuil - Paris 1962) et en espérant que l'avenir (proche) me démentira comme cet auteur a été démenti par une Afrique qui s'est enfin engagée dans le développement mais après une quarantaine d'années de difficultés.

Pour que le sort de la Grande Ile s'améliore, des quantités de choses devraient changer.
Je vais donc passer dans le répertoire facile des YAKA FAUKON.

Le retour à un exercice véritable de la démocratie est un préalable. Il devrait être accompagné d'une lutte impitoyable contre le banditisme et la délinquance mais cela n'est possible qu'en éradiquant la corruption qui règne actuellement ''à tous les étages'' (personnel politique, armée, forces de l'ordre et administrations) en l'assortissant de sanctions sévères et appropriées (destitution, inéligibilité, confiscation… et évidemment emprisonnement).
Mais le meilleur moyen d'endiguer ces dérives, c'est la lutte contre la pauvreté, autrement dit le développement. Il faudrait notamment revaloriser les professions de l'enseignement et de la santé, vecteurs de changements sociaux (de progrès ? c'est une autre histoire !).
Sur ces bases, les pays développés pourraient réactiver des coopérations et les ONG s'impliquer plus efficacement. Mais ce sera d'autant plus difficile que le monde est plongé dans une grave crise économique et que les partenaires traditionnels (la France en particulier) sont fortement affectés. Mais attention à ne pas faire tomber le pays sous l'emprise du néocolonialisme (Etats-Unis, Chine, Australie ou Corée du Sud comme lors du scandale des terres en 2008).

L'amélioration des conditions de vie pourrait passer en bousculant quelque peu des traditions. Les services en charge de l'éducation et de la santé en seraient des vecteurs essentiels en interrogeant la société sur certaines pratiques traditionnelles (quelques unes n'ayant d'ailleurs que quelque siècles).
Par exemple:

Comment ''le culte de la fécondité'' et le rejet de la contraception conduisent à avoir plus d'enfants qu'il est possible d'en bien nourrir ?
''Le culte des ancêtres'' peut-il continuer d'imposer d'aussi lourdes dépenses aux familles ?
Et dans des domaines plus techniques.
Par exemple:

N' y a-t-il pas parfois trop de zébus et des troupeaux mal gérés (zootechnie) ?
Comment enrayer au cercle vicieux "destruction de la biomasse=>désertification" ?
manque de ressources agricoles -> brûlis et déforestation -> érosion -> détérioration de la qualité agronomique des sols , érosion et changement climatique (arididté)
manque de ressources énergétiques -> production de charbon de bois -> érosion -> détérioration de la qualité agronomique des sols , érosion et changement climatique (arididté)
A la fin du XIXe s., le géographe Émile-Félix Gautier voyait déjà les conséquences souvent irréversibles de la déforestation de l'île (sa thèse "Géographie physique de Madagascar" publiée en 1902)

Je vais m'étendre un peu sur ce dernier domaine.
Experts et ONG auraient sans doute là de vastes champs d'intervention (formation) visant à améliorer les conditions de vie, notamment dans les zones rurales, tout en luttant indirectement contre la déforestation, ce qui n'empêche pas de mener parallèlement d'indispensables actions de reboisem*nt.

En voici cinq exemples:

A la campagne, il serait possible d'adopter les dispositifs de méthanisation domestique, autrement dit de production de biogaz utilisable pour le cuisson à partir de latrines, de déchets et d'excréments des animaux (sur le modèle de ce qui se fait en Chine). Cette technologie de digestion anaérobique (sans air) de déchets organiques est réalisable avec des matériaux de construction traditionnels et elle requiert très peu d'entretien.
Elle ne supprime pas la production d'engrais organique que l'on retrouve dans les déchets de méthanisation et elle a de plus l'avantage de réduire la pollution et la dégradation de l'environnement (rivières, sources).

Enfin, pourquoi ne pas promouvoir une modification des pratiques culinaires car dans ce domaine des économies d'énergie sont également possibles: remplacer le "mijoté" par le "sauté". En passant de l'un à l'autre, on consomme trois fois moins d'énergie... La poêle en tôle ou le wok trouveraient leur place à côté de la si typique cocotte en alu.

Autre piste pour les régions les plus ensoleillées (centre, ouest et surtout sud): réduite les besoins en énergie tirée de la biomasse en installant des chauffe-eau solaires rustiques dans la majeure partie du pays où le climat le permet du fait d'un bon ensoleillement. Ainsi, les familles disposeraient d'eau chaude pour la toilette et aussi d'eau préchauffée (65°) pour la cuisine qui ne nécessiterait plus qu'un complément pour être portée à ébullition (grâce au biogaz par exemple). Même s'ils sont inesthétiques, ces chauffe-eau rustiques que l'on voit en Israël (90% des maisons en sont équipées), en Grèce..., il convient de préciser qu'ils fonctionnent en thermosiphon donc sans pompe et donc sans besoin de moteur.

Encore une autre technique solaire appropriable: le cuiseur solaire, appelé aussi marmite ou four solaire domestique permettant de cuire des aliments en utilisant le rayonnement du soleil grâce à des réflecteurs en forme d'entonnoir ou avec des paraboles. Ce dispositif permet aussi de sécher viande, poisson, fruits…

La plupart de ces quatre dispositifs techniques pourraient être réalisés par les Malgaches eux-mêmes quand on voit leur habilité à récupérer, transformer, adapter... Bref, à faire des choses utiles à partir de presque rien.

Enfin, de petit* équipements photovoltaïques (complétés d'accumulateurs) suffiraient à produire l'électricité pour recharger les batteries des téléphones portables ou à faire fonctionner un téléviseur. L'équipement pouvant être domestique, commercial ou communautaire… Sans oublier les appareils qui peuvent fonctionner grâce à des chargeurs à manivelle : lampe torche, poste de radio. Ces petit* équipements sont plus difficiles à produire localement et donc plus coûteux.

Comme on le voit, tout n'est pas perdu.
Les Malgaches peuvent s'en sortir à condition de ne pas baisser les bras.

Nosy Ve
Les Karanas tiennent une grande part du commerce et les Malgaches ne les apprécient guère (pogrom de 1987).
Quant aux boeufs africains sans bosse mais sans bosse "Barea" ou "Baria" (Bos taurus africanus), ils ont disparus, chassés et croisés avec les zébus.
D'ailleurs au moins sur une partie de la Grande Île on ne voit pas d'enfants faméliques comme il y en a au Sahel ou dans la Corne de l'Afrique, même si certains sont crasseux et parfois vêtus pauvrement. Espoir?

LA QUESTIONS DES "NOMS"

Dans les anciennes traditions, le nom était strictement personnel. L’attribution d’un nom à un enfant relevait de divers critères et circonstances (un souhait, un destin, une parole, un souvenir, un évènement, une combinaison de noms de parents ou d'ancêtres).
Sur les Hautes Terres, le préfixe Ra est une marque de politesse tandis que le préfixe Andriana signifiait "chef, noble ou prince" mais il arrive qu'il ait été porté par des personnes de plus basse caste.
Les noms peuvent porter la marque d'une lignée. Certains font référence à un ascendant avec les préfixes Zafi (petit-fils, petite-fille de...) et Zana (fils ou fille de..), sachant qu’il n’y a pas de distinction de genre en malgache. D'autres font référence à la qualité de parents de tel enfant avec les préfixes Rai (père de..) et Reni (mère de..). En effet, dans la tradition les noms malgaches présentaient l'originalité de n'être pas forcément permanents. Ainsi un souverain prenait un nouveau nom lors de son accession au trône (par exemple
Ilaidama devenu RadamaIer). Tout Malgache pouvait changer de nom tout au long de sa vie: lors de la circoncision pour les garçons, à l'âge adulte, après son mariage, à la naissance du premier enfant, et même à sa mort (un nom posthume était attribué aux rois Merina et Sakalava).
"JIro sy Rano Malagasy", la compagnie nationale d'eau et d'électricité de Madagascar créée en 1975 par la fusion de la Société Malagasy des Eaux et Electricité SMEE et de la Société des Energies de Madagascar SEM


Veloma ! Au revoir ! caméléon vert belalanda (Furcifer belalandaensis) et dans le Menabe (ouest) à on a fréquemment vu le caméléon à capuchon (Calumma brevicorne _____________________________________________________________________ 2012 MADAGASCAR notre agence A la Carte A Mada nos chauffeurs-guides Patrick Dominique Jean-Jacques Mamy nos guides Jean Lamour Jimmy Jean-Baptiste Arthur Méthode Robinson Charline Justin Emma Récit de voyage à Madagascar Madagasikara Carnet de voyage à Madagascar Séjour à Madagascar voahangy rafara omeko veloma vary be menaka hazo nodorana laidaistsa manan'androrajery tao ravao tany manga sofer velomo raindimby Grande Ile île rouge, sous-continent archipel indonésien paopulation et peuplement austronésien Philippines Pacifique et Océan Indien Canal du Mozambique côte africaine arabes bantus ou bantous pirogues à balancier waka tradition orale ntaolos les anciens Vahoaka peuple venu de la mer racines malayo-polynésiennes agriculture et cultures taro banane noix de 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savane steppe défrichements érosion bois charbon de bois culture sur brûlis pillage des bois précieux palissandre bois de rose acajou couverture forestière insulaire isolement pâturages intensifs désertification pollution des eaux de surface superficielles Banque mondiale reboisem*nt reforestation pin eucalyptus 21 millions d'habitants 21 millions d'habitants démographie desité rurale urbaine villages natalité fécondité virilité mortalité espérance de vie déscolarisés alaphabétisme UNICEF chômage seuil de pauvreté ménages foyers dollars euros revenu société très inégalitaire riches The World Factbook CIA croyances cultes superstitions religion traditionnelle adeptes Islam musulmans indicateurs PIB PNB industrie services active actifs inflation partenaires commerciaux importations ressources naturelles et énergétiques exportations graphite chromite charbon bauxite sel quartz sable bitumineux mica pierres semi précieuses saphir terres rares ressources minières nouvelles rutile ilménite sillimanite zircon prospectées ou peu exploitées de pétrole fer uranium les Chinois investissent sous-consommation énergétique tonne d'équivalent pétrole TEP sources d'énergie biomasse énergies renouvelables agriculture de subsistance vivrière élevage de zébus riz manioc tapioca haricots bananes arachides légumes verts café vanille canne à sucre clous de girofle cacao coton riziculture irriguée autosuffisance signe extérieur de richesse patrimoine réserve cheptel troupeaux bétail bovins bovidés industries agro-alimentaires usines textiles perspectives recettes aides étrangère coopération ONG Fonds Monétaire International FMI déscolarisation planification des naissances contraception irréversible corruption insécurité agronome René Dumont délinquance et criminalité Hautes Terres entre Antananrivo et Sahambavy Vers l'Océan indien: Canal des Pangalanes Manakara (côte est) Parc de Ranomafana La route du sud-ouest de Fianarantsoa à Toliara-Ifaty le Parc de l'Isalo L'ouest de Morandava au Parc des Tsingy de Bemaraha Parc d'Andasibe, retour vers Ambohimanga Colline Bleue et Antananarivo Patrimoine Mondial de l'humanité de l'UNESCO VOYAGE PRIVATIF agences tours operators Vahiny Travel Services Madagascar Trotter Mad Caméléon Acobao Alpha Tours Madagascar Madabrousse Geckomad Tanyah Tours Jacaranda Malagasy Tours Tsiky Tour Mada Tours Espace Mada Madagascar Discovery Agency Evaneos Richard Philippe RAKOTOARISON HERIVOLA son épouse Monny gentillesse ses conseils avisés disponibilité et sa grande réactivité briefing et debriefing bouche à oreille agence locale logistique Lac Anosy Palais présidentiel d'Ambohitsorohitra marchés Marché d’Andravoahangy marché alimentaire populaire de la Petite Vitesse marché couvert d’Analakely marché artisanal de la Digue le Rova de Manjakamiadana le Palais de la Reine Mad Trekking Mamy RASAMOELISON Agence Mamitours mamitoursmada@yahoo.fr évaluation notation satisfaction notes score Chez Gaspard Olivier Pelaez du Ranch Solaris Mangily-Ifaty restauration restaurants rapport qualité/prix boisson comprise service ateliers parcs naturels boutiques d'artisanat vols intérieurs budget dépenses frais repas libres délinquance de la jeunesse désoeuvrée et désargentée avion compagnie aérienne Air Madagascar retard retardé Airbus A340-300 passagers à bord Premium Air France Corsair Air Austral tarmac Roissy réacteurs tuyère Détroit de Messine Libye Bengazhi Désert Libyque oasis de Koufra dunes erg reg Soudan (Darfour) Nil Blanc Mont Kenya équateur Kenya Nairobi Dar-es-Salam puis les Comores aéroport d'Ivato brigands bandits voleurs contrôles de l'immigration visa passeports queue zèle policiers douaniers gendarmes barrages herses hôtel Chalets des Roses chambres douche hydromassante Editions Lonely Planet Nouvelles Editions de l'Université Le guide du Routard aux Editions HACHETTE LIVRE RFI Radio France Internationale L'Express de Madagascar MIDI Madagasakari No comment Vent de Sable Guides Bleus Evasion bibliographie livres ouvrages document documentation sources publications partir été hiver austral tenue vêtement manches longues pantalons petite laine fraîcheur gelée gel TRANSPORTS ET CIRCULATION infrastructure routière routes défoncées pistes ornières vitesse durée de trajet taxi-be taxi-brousse bâché camion-bâché train santé eau capsulée bouteille bière THB Tree Horses Beer paludisme ou malaria médicaments antipaludéens malarone savarine choléra et typhoïde vaccination moustiquaires diffuseurs électriques air conditionné clim serpentins spirales à brûler insecticide épidémie frièvre crise hospitalisation dispensaire hôpital contaminations prophylaxie décès surmortalité piqures moustiques Plasmodium malariae Plasmodium ovale Plasmodium vivax et Plasmodium falciparum OMS Organisation Modiale de la Santé répulsif dengue et chikungunya pulvérisation spray bombes éradication lutte se faire rapatrier vers St Denis-de-la-Réunion diagnostic matelas seringues et médicaments nécessaires et remettre un bakchich au médecin Décalage horaire coupures d'électricité groupes électrogènes lampe de poche ou lampre frontale visites nocturnes ou dans des grottes SOUVENIRS Cadeaux MONNAIE ET CHANGE Ariarys Euros MGA Ar billets monnaie POURBOIRES (IN)SECURITE SECURITE INSECURITE vols badauds voler dérober dépouiller forces de l'ordre barrages sûreté voleurs de zébus ou dahalos rite de passage trafic sanglant insaisissable Remenabila chef bandes éleveurs villageois pillage embuscades RN7 Nationale 7 Ministère des Affaires Etrangères MAF plage de la Batterie Anosy Hautes Terres Manao ahoana Bonjour lémuriens lemures spectre fantôme fête de Lemuria Carl von Linné âmes des ancêtres légendes légendaires histoire primates prosimiens Haplorrhini pour les singes Strepsirrhini pour les lémuriens les loris les tarsiers arbres branches sauts sauter anthropoïdes organisation matriarcale nocturnes diurnes et cathémérales solitaires groupe individus géophagie toxines millions d'années radeaux d'herbes dérivantes concurrence niches écologiques diversification évolution Eocène Miocène Jurassique familles Cheirogaleidae Lemuridae Lepilemuridae Indriidae et Daubentoniidae éteinte Archaeoindris fontoynonti géant forêts l'Homme disparus prédateur Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction CITES Union Internationale pour la Conservation de la Nature UICN espèces menacées braconniers viande genres ordres Archaeolemuridae Megaladapidae Palaeopropithecidae Microcèbe roux (Microcebus rufus) Sifaka ou Propithèque à diadème (Propithecus diadema) Propithèque de Verreaux (Propithecus verreauxi) Propithèque de von der Decken (Propithecus deckenii) Propithèque de Milne-Edwards (Propithecus edwardsi) Indri ou babakoto (Indri indri) Hapalémur gris (Hapalemur griseus) Hapalémur doré (Hapalemur aureus) Maki catta (Lemur catta) Lémur fauve ou brun (Eulemur fulvus) Lémur à ventre rouge (Eulemur rubrimenter) Vari noir et blanc (Varecia variegata) vitrines 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poche fusion fondu évent laitier ébarbe ébarbage des bavures Au Rendez-Vous des Pêcheurs déjeuner gastronomie gastronomique romazava de zébu aux brèdes mafana Acmella oleracea appelée cresson de Pará goût piquant chaud riz, pois chiches ou rougail ratatouille tomates oignons gingembre citron piment hémisphère austral les premiers pousse-pousse hommes chevaux tombeaux monumentaux abattoirs pâturages culture sur brûlis tavy feux de forêt Tamatave Toamasina tuk-tuk Bajaj auto-rickshaw importante communauté indo-pakistanaise Antsirabe où abonde le sel ville d'eaux de l'hémisphère sud brasserie thermes eau gazeuse Taillerie de la Ville d'Eau Chez Joseph gemmes orfèvres joaillers atelier confiseur Chez Marcel sirop sucre cassé ingrédients parfums berlingots malaxage Chez les Six Frères objets et articles en corne de zébu kératine chauffé polissage lustrage lustré poli peignes chausse-pieds verres couverts coupe-papier parures pinces à cheveux bracelets colliers bagues pendentifs boucles d'oreilles bjets décoratifs plus ou moins fantaisistes coffrets à incrustations de corne oiseaux poissons bateaux insectes Stèle de l'Indépendance à la gloire Vakinakaratra coteau Manandona gîte Bakobako chez Jean-Auguste et Honorine Rabary à Ambohitrimanjato ville colline montagne Ibity le vieux coq personnage haut en couleur dynamique Dada Bary ancien technicien hydraulicien gestion de l'irrigation en Camargue pot d'accueil conteur et un animateur anecdotes humour maîtresse cuisinière routards trekkeurs rusticité inconfort sommaire dortoirs chambrées lits superposés bat-flanc couchage sanitaires réfectoire monacal WC toilettes cabanons spectacles guitares banjos kalaks tambours Kalachnikovs quête enfants danseurs musiciens bonbons écoles cahiers et crayons cuisinière vaisselle tôle émaillée et décorée sooupe potage aurore aube crépuscule tombée du jour tombée de la nuit fromage confiture miel thé café chocolat au lait lait concentré Socolait vazahas vazaha étranger vazaha gasy vahiny invité zanatany Karana Indo-pakistanais et Sinoa Chinois fils du sol construction association de développement local métier d'architecte-ingénieur hameau toit terrasse couverts couverture charpente porche portique étage fenêtres fumière porcs cochonsporcelets momument commémoratif maximes et slogans briques crues séchage au soleil chemin mécanisation travail manuel à la main traction animale mécanique labourer retourner bêcher bêchage mottes de terre fer labour animaux de trait champs parcelles digues diguettes canal canaux semis repiquage repiquer manioc taro ou "oreille d'éléphant Colocasia esculenta patate douce papaye pomme de terre petit* pois tomates orge armoise Artemisia ambroisie plante allergisante pollen médicament artemisinine fermes journaliers agricoles sentier échelle tubercules retombées du tourisme touristes touristique panneau'affichage avis filazana épicerie canards barboter s'abreuver boire la cascade source sacrée interdit fady tabou aigrettes pique-boeufs garde-boeufs notable grenouilles pierre levée vatolahy royale pierres mâles forme phallique tissage et'élevage vers à soie Clarisse Haingo larves Bombyx sauvage écharpes pique-nique pique-niquer préau cabinets salade végétarienne légumes fruits banane orange oeuf dur dessert feux brousse sacs charbon bois montagnes l'Ankaratra Ambositra atelier marqueterie sculpture zafimaniry Arts Malagasy Jean Frère chef-d'œuvre patrimoine oral immatériel'humanité liste culturel l’humanité mondial quartier Tompon'I Vinany église des Jésuites zones rouges attaques en convois culasse fuite radiateur Ambohimahasoa Ecolodge'Ialatsara ou Lemur Forest Camp Daniel Rajaona Bérénice Réserve privée'IADE (Ialatsara Développement Ecoutourisme bungalows légers sur pilotis seaux branchages pensionnaires traditionnels Jean-Baptiste sorte souris corps mantes religieuses amantes feuillages brindilles confondent mimétisme curry poulet tétragones épinards braiments ânes chevrotements chèvres chant coq chocs proches cognées haches bûcherons craquement continental forêt primaire hibernent hibernation arbre creux noeud meules troncs carbonisation araignée-crabe pinède orchidées fleurs fleuries floraison courol vouroudriou coucou-rollier Leptosomus discolor pisteurs cime canopée déplacements acrobatiques adultes bébés qui'agrippent vermicelle haricots flan Nissan Patrol volant conduite vigilance manoeuvres cortège procession endimanchée civière lamba linceul chemin fer voie ferrée revêtement goudron bitume Sahambavy le champ femmes plantations thé théiers manufacture taille Institut Français Café Cacao SIDEXAM Société'Investissem*nt'EXploitation Madagascar dosettes TAF cueilleuses rouleuses flétrisseuses bancs séchage Lac vallées croupes Magnifique spectacle taillés rabattus lycéens Radoniaina Angelo Rakotoarisoa copains personnel stylé confortable agréable chou-fleur grains maïs oignon carotte râpée verts friture poissons cuisse canard confite gana ritra pommes sautées feuilles cuites petites croquette purée gros steak zébu accompagnement accompagné boteille vin côteaux grand cru Domaine Saofierenana Chan Fao Tong Détour vers l'Océan indien yaourt maison fruit jus frais pays étrangers organismes multilatéraux relevant Nations Unies USAID bouviers Anjamba forgerons quémandent sitlos chutes'Andriamamovoka Ranomafana maisons pans brouettes bambou ethnie Tanala ahutes futaies bananiers fougères arborescentes jacquiers badamiers est endémique éventail sève matériaux cases falafa raty rapaka phytothérapie vertus antivirales immunostimulantes pause arrêt photo orpailleurs caféiers, avocatiers fleur litchis girofliers canneliers palmiers raphia localité Irondro Mananjary Union Européenne Hôtel Tsimialona-Le Goût Voyage Mandrosoa Tompoko hotely Gargotte Gargote Akoho, sauce Rony morceaux cuit dans un bouillon relevé au gingembre Hen'Omby, Tsaramaso émincé sauté avec une base oignon, relevée ail Hena Kisoa porc bo ligne exploitée FCE Fianarantsoa Côte chantier récoltes paysans motrice diesel Alsthom wagons compartiments marchandise autochtones tunnels viaducs ponts Antanala puis Antaimoro falaise pente Tolongoina éboulements effondrements glissem*nts déblais Anivorano région Diego-Suarez Tananarive par TCE Brickaville Vohibinany embranchement MLA Moramanga Alaotra Régie Générale Chemins'Outre-Mer RCFM Réseau National RNCFM Railways opérateur Comazar Vecturis Micheline Viko fauteuils osier parquet Trans Lemurie Express sisal labradorite quartz marbre cipolin Sûr'Eau rhum Ankarana Eau Vive Antaimoro Antemoro Manakara La Vanille Manakara Be pont effrondré écroulé rongé par la rouille rouillé surcharge quartier résidentiel chic demaures villas cossues Le Trou du Commissaire plage grève tablier vétusté tonnes escalader escalade JIRAMA JIro sy Rano Malagasy Société Malagasy des Eaux et Electricité SMEE Société des Energies de Madagascar SEM coupure de secteur groupe électrogène gambas grosses crevettes camaron camarones Arthur Bien-Aimé LE ZOMA embarcation bateau piroguiers rame aviron perche pagaie pagayer lagune embouchure pêcheurs calfatage calfater goudron planches voile vent tempête port quais entrepôts bâtiments dockers chalands barges navires manutentions site portuaire Marohita Mananjary Canal des Pangalanes sables noirs titane Chine métal consortium anglo-autralo-malgache QMM (QIT Madagascar Minerals) groupe anglo-autralien Rio Tinto Mainland Ltd China Geo Engineering Corporation la QIT (Quebec Iron and Titanium) OMNIS (Office des Mines National des Industries Stratégiques) poisson trident Farafangana pont Bailey provisoire armée ingénier génie civil Donald Bailey filets et nasses ravauder ramender raccommoder monument arcades mémorial Mausolée d'Ambarakararay Fasan'Ireo Mahery Fo mémoire des insurgés nationalistes indépendantistes 29 mars 1947 Tirailleurs Sénégalais totems mâts commémoration anniversaire Andry Nirina Rajoelina Président religieuses prêtres ailerons de requins échalottes lentilles poules poulets volailles akoho gasy races Bankiva jungle Gallus gallus malais cochin cuire chair viande aliments mijotent toiles d'araignées femelle de néphile doré Afrique australe Nephila inaurata madagascariensis venimeuse inoffensive veuve noire mâchoires dents sobikas satrokas lambaoany pièce de tissu provisons cuistot cuisinier plantation canneliers citronniers herbes aromatiques citronnelle ananas essences et huiles essentielles obtenues par distillation alambic de bric et de broc densité condensat hydrolat niaouli Melaleuca quinquenervia camphrier (Cinnamomum Camphora ravintsara eucalyptus citronné Eucalyptus Citriodora médicinales médicales vertus propriétés antivirales immunostimulantes Myrtacées Calophyllum aromathérapie phytothérapie simples Homeopharma Yves Rocher cosmétique maux maladies cordon littoral sableux cocotiers barrière corallienne barrière de corail se régaler coquillages crustacés palmiers foyers fourneau âtre sandwichs assiettes émaillées couverts menu aubergine sourires importunés sens du courant Ranomafana Chez Gaspard Mission de l'ECAR Eglise CAtholique Romaine Notre-Dame de Fatima N-Dame clocher choeur Le Grenat salle jardin terrasse velouté potiron rôti accompagnée de légumes sautés balader parc brume nuages ciel bleu bougainvilliers dimorphisme sexuel mâle accueil Parc National Jimmy fossas Cryptoprocta ferox félins endémiques prédateurs pelage robe poils serpents rapaces Ambalakely Fianarantsoa Betsoléo étymologie bureau de poste Alambic sous les Tropiques Arômes arrangés point de vue du Mont Kianjasoa panorama vieille ville ville haute cathédrale d'Ambozontany architecture style toscan église réformée de Madagascar FJKM Fiangonan' I Jesoa Kristy eto Madagasikara Mad Trekking Bank of Africa BFV Société Générale BNI Crédit Agricole Direction Régionale des Télécommunications Hôtel de Ville Lapan'ny Tanana marché du Zoma vigoble de Lazan'i Betsileo Amjamany Massif de l'Andringitra Ambalavao Zafimanely Manantanana hôtel-restaurant Aux Bougainvillées filets bourgignon banane flambée sauce chocolat le Coran Pierre Mathieu écorce de l'avoha figuier mûrier pulpe maillets toile cadre papier fleurs pétales Tsiroanomandidy vallée de Tsaranoro parc écotouristique d'Anja pays Bara sisal agaves Mexique le Grand Sud ocre trafic intense accidents gabarit rochers des Portes du Sud bonnet de l'évêque calotte crâne Ihosy détrousseurs de grand chemin Isalo Ranch Ranohira Méthode appétit croûtons demi-pension tomates farcie macédoine concombres île flottante tarte crème anglaise reliefs tabulaires du plateau de Keliambahatsy plantes grasses ou épineuse Epine du Christ pachypodiums pied d'éléphant pied épais statue érotique émasculée Journée Internationale du Tourisme développement durable jolie demoiselle Petit Nalit dit Felana masseuse massage aventure pédestre chaussures de marche randonnée grès gréseux aspect ruiniforme palmiers satranas incendie Coucal Toulou makis cattas pitance falaise érosion grottes carapaces de tortues double funérailles premières funérailles fandevenana ancêtres seconde inhumation retournement des morts famadihanadrazana tribus taolam-balo les huit os fondamentaux humérus cubitus fémur tibia lamba linceu festoyer festin repas arbrisseaux feuilles feuillage phasme kalenchoes crêtes canyons Piscine Naturelle baignade pandanus palmiers-bambous haworthia nids de foumis Crematogaster ranavalonis scorpions tapias Uapaca bojeri flamboyant érythrine à crête de coq Erythrina crista-galli aire de bivouac de Namaza paillote ravitaillement boulettes morceaux petit* pois serpent des arbres Cascade des Nymphes snake tree superbe Piscine Bleue mystérieuse Piscine Noire agapes florales iguane à queue épineuse (Oplurus quadrimaculatus Reine de l'Isalo ou au travers de la Fenêtre de l'Isalo coupe-feux spectacle gazi maquillage décoratif chou et au lard jolie tulipe de fruits de mer tourte au topinambour fromage brochette flan pâtissier ou duo de fruits flambés palmiers rôniers palmier de Palmyre Borassus flabellifer L. gisem*nts mines saphirs d'Ilakaka chercheurs prospecteurs show-room Color Line Marc Noverraz Forêt de Zombitse-Vahibasia baobabs Sakaraha carrefour Mahaboboka pays Mahafaly Andranavory Fort-Dauphin rebaptisée Tollagnaro tricycles Tuléar Toliara Toliary Anakao porcelaines sculptures en bois alaolo maquillage du visage masques de beauté tabaky bois de santal esthétique achats Chez Alain quartier Sans fil ravitoto dinde Ifaty mangrove hôtel Nautilus piscine coraux alizé qui souffle écume des vagues baleines et baleineaux lagon pêche au gros snorkeling location PMT palmes, masque et tuba langoustes voilure rudimentaire charrette char à boeufs char à banc timon joug mer marais salants dunes cordon dunaire bassins botaniste didiéreacées Didiereaceae xérophile euphorbes latex toxique tanguin aloès cordages flore et faune crécerelle malgache Falco newtoni rapace repos végétatif Delonix Regia pachypodium geayi forêt de Tsivanoe Reniala mère de la forêt Adansonia za Adansonia rubrostipa Adansonia grandidieri Adansonia madagascariensis Mayotte Adansonia perrieri Adansonia suarezensis Adansonia digitata Adansonia gregorii nectar pulpe graines trémoussem*nts de hanches très suggestifs vato balansy pierre de balance avances provocantes courtiser projet Ranobe d'exploitation de gisem*nts de sables à minéraux lourds société australienne Toliara Sands SARL néo-colonialisme paternaliste et infantilisant passerelle DHC-6 firme De Havilland Canada appareil Twin-Otter loutres jumelles Cessna atterrissage L'ouest, Morondava et Grands Tsingy de Bemaraha nomades croyances cultes protection superstitions Andriamanitra Le Seigneur Parfumé Andriananahary Le Seigneur Créateur hasina la sagesse la sainteté procréation couple de mijoa ibis accouplement copulation Sophie Goedefroit et Jacques Lombard Andolo art funéraire lamba mena linceul de soie enterré enterrement sacrifice sacrifiés caveau familial mpanandro astrologue Le Fomba la coutume Les Vintana les destinées Le Tromba la possession La Famora ou le Savatse la circoncision la coupure cadeaux folaky prépuce circoncision collective du Sambatra joie bonheur calendrier astrologique traditions L’Ombiasy guérisseur Le Mpamosavy sorcier amulettes ou charmes appellés ody devin L'Ampanjaka est le chef traditionnel Le Fanompoambe est la Cérémonie de Bain des Reliques Royales Fanompoambe sanctuaire Miarinarivo à Majunga Le Fitampoha est la fête des Sakalava du Menabe Ampasy rivière Tsiribihina berline Morondava hôtel Baobab Café Philaos Chez Maggie La Campanina curry cigales de la mer écrevisses écoliers encore en vacances barbecue EPIBAR Boisson alcoolique hygiénique rougets capitaine et carangue treuil jerricans couronne jujubiers kapokiers manguiers tamarins tamariniers coucal coua perroquets perruches pintades forêt de Kirindy Belo-sur-Tsiribihina co*cktail accueil branches cylindrique conique bouteille Allée des Baobab Champs-Elysées malgaches berges rivages quais bac passage minibus eembarcadère débarcadère rampes manoeuvres incidents embarquement Miandrivazo Hôtel du Menabe propriétairre grec Spiros Finas rostre poisson-scie estomacs huppe fasciée Upupa epops long-tailed ground-roller Uratelornis chimère iguane à queue épineuse Oplurus quadrimaculatus belalanda Furcifer belalandaensis caméléon vert caméléon à capuchon Calumma brevicorne Manambolo Relais des Tsingy Pascale guide-naturaliste botanique ravitaillement carburant beignets circuit d'Andamazavaky Petit* Tsingy Grands Tsingy Madagascar National Parks MNP concrétions draperies stalactites stalagmite ficus tombeau Vazimba tabac à chiquer Bemaraha reliefs karstiques lapiaz lapié lapiez calcaire rat Lamberton des Tsingy à queue touffue, genre écureuil Nesomys lambertoni Eliurus Antsingy Lowland red forest rat belvédères santolina liane étrangleuse parasite épiphyte câble ligne de vie via ferrata parcours passerelle pont himalayen pont de singe boyaux gants en kevlar puits patio mangouste Galidia elegans carnassier banquet échelles sangles baudriers casques balade torti fusilli pâtes torsadées sanglier perroquet aigle serpentaire Eutriorchis astur corbeaux-pies (Corvus albus) à plastron blanc restaurant Mad Zébu verrine de mise en bouche terrine olives vinaigrette gingembre poitrines de sarcelle poêlées cuisses au poivre vert ananas poché grillé au thym coriandre sorbet goyave yaourt cerises pochées bombance somnolence trafic de bois précieux faux-camphrier baobab amoureux touristes japonais cane couvée canetons lac étang plan d'eau marécage reflet angle prise de vue lumière faims soif photographes bagages sacs valises sole calamars magret éclectiques nougat glacé transfert décollage avance bi-turbopropulseur hélices Le centre: Andasibe, Colline Bleue et Tananarive noms et prénoms lignée ascendant Zafi petit-fils Zana fille en file Rai père et Reni mère colonisation sobriquets famille clan tribu cercle trisaïeuls esclave jeunes filles adultes procréation mariage fondation herintsialolina centre de bienfaisance d'Akamasoa 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Routard chambres d'hôtes et guest-houses Chez Luc agrément concert de cris, plaintes et glapissem*nts des indris (Indri indri) clairière cyclone Giovanna (ou Giovana) à l'herminette ou par sciage de long chevalet Réserve Mitsinjo Forêt d'Analamazaotra hiérarchie systématique Le parc national d'Andasibe Parc National de Mantadia Réserve spéciale d'Analamazaotra Réserve Périnet guide Agathe convives soupe safranée anguille au porc serpentin fumigène antimoustique bible Nouveau Testament cris à vous glacer le sang dans les veines Justin Rakotovao caméléon vert (Calumma parsonii uroplatus) martins-pêcheurs coua bleu (Coua caerulea) et un coucal toulou (Centropus toulou) espèces endémiques vanga ou corbeau-pie pisteurs groupe matriarcal un moignon de queue Coua (Coua caerulea) au plumage bleu nuit station de pisciculture réserves privées de l'hôtel Vakôna Forest Lodge mine de graphite à ciel ouvert enchâssé dans un écrin de forêt vari blanc et noir (Varecia variegata variegata) épaules lémurs ou makis bruns (Eulemur fulvus fulvus) lac aux crocodiles du Nil (Crocodylus niloticus) bayant aux corneilles gueule fossa (Cryptoprocta ferox) est un carnassier griffes semi rétractiles hérons, poules d'eau, canards à bosse bronzé ou canard casqué (Sarkidiomis melanotos) farwest fareast décor de western nems PMU Pari Mutuel Urbain français enseignes et des pubs publicité panneaux ADSL téléphonie et transferts d'argent téléphone MVola Telma Airtel Orange Loterie Malagasy TV satellitaire Canal SAT Leader Price Les Gais Bambins Les Flamants Roses Les Mignons Les Capucines Le Petit Nid La Belle Ruche Le Petit Cheval d'Or La Source La Grâce Les Joyeux Poupons Les Loupiots La Pépite d'Or Les Bout'Chous Bizoukalin L'Avenir Kiadi Petit à Petit Les Chatons d'Or Au Bel Enfant Les Petit* Rois Lauréat Sine qua non les Gais Bambins Les Colibris Les Joyeux Canetons La Belle Pytaghore Pinocchio l'Hirondelle Le Nid des Oisillons bonbonnes de gaz de marque Vitogaz Palais de la Reine (Rova Manjakamiadana) douze collines Ilafy Antongona Ambohidratrimo Ambohidratrimo Tsinjoarivo Tsara Tazana la Terrasse Emma motivation place Fidasiana enceinte citadelle fortifications fossés douves figuiers Amontana jacarandas filaos douze épouses le peuple le sacre cérémonies rituelles officielles chaise à porteurs porte monumentale convoi case royale (mahandrihono) pavillons balustrades place Ambatorangotina La pierre qu’on gratte kabary (discours) Amontana (figuiers) lois décrets rendait la justice vassaux terre sacrée chemin pavé sentier porte Ambavahaditsiombiomby où un bœuf ne peut passe porte Ambatomitsangana porte Miandrivahiny avenue de l'Indépendance (Araben'ny fahaleovantena) actions humanitaires (association Akamasoa) décharges publiques le Père Pedro Opeka hôtel de ville (Lapan' Ny Tanana) Lac Anosy l’Ange noir, monument aux morts l’Ange noir monument aux morts petit* vendeurs mendiants hôtel Cosmos day use cafétéria Elabola graisser la patte de quelques préposés Sahel enfants faméliques YAKA FAUKON coopérations amélioration des conditions de vie zootechnie le géographe Émile-Félix Gautier conséquences souvent irréversibles recours à d'autres sources d'énergie méthanisation biogaz cuisson déchets et d'excréments digestion anaérobique digesteurs engrais organique la pollution pratiques culinaires économies d'énergie poêle wokchauffe-eau solaires thermosiphon cuiseur solaire marmite solaire four solaire domestique rayonnement du soleil réflecteurs en entonnoir paraboles équipements photovoltaïques complétés d'accumulateurs téléphones mobiles chargeurs à manivelle Veloma ! Au revoir !

chants polyphoniques "beko" au son du marovany aponga, gros tambour traditionnel CLIC Centres de Lecture d'Information et de Culture depuis 2005 Alakamisy Ampanihy

Il faudrait se rendre dans les villages de montagne autour du Mont Vohibe pour vraiment l'apprécier dans sa forme authentique (portes et fenêtres sculptées de motifs géométriques) de maisons en bois construites sans tenons ni mortaises et donc sans chevilles (et évidemment sans clous).
Ankazomalaza mpitaiza Dans la fumée de l'encens, il entre en transe au rythme des tambours (aponga) et des battementq des mains du public et après avoir bu d'un trait une bouteille de rhum. Dans cet état second il interroge l'Esprit après quoi il s'effondre et ne se souvient plus de rien... oracle

Les missionnaires protestants anglo-saxons et scandinaves (Norvegian Missionnary Society) ont également joué un rôle dans la création de certains patronymes comme ceux qui ont le suffixe -son signifiant "fils de", reprenant ainsi d'une certaine façon la coutume malgache (qui utilisait le terme Zana comme on l'a vu un peu plus haut). Deux exemples: le propriétaire de l'agence "A la carte A Mada", Richard Rakotoarison ou encore notre dernier chauffeur Mamy Rasamoelison.

SCOLARISATIONET MALGACHISATION

Depuis 1976, en principe l'école publique est gratuite et obligatoire à partir de l'âge de 6 ans jusqu'à 14 ans (cycle élémentaire de 6 à 11 ans) mais les maîtres sont mal formés et mal payés. La grève de trois mois qu'ils ont menée d'avril à juin 2012 n'a rien donné. Puis sont venus les trois mois de grandes vacances (juillet à début octobre). En quelque sorte "une année blanche" qu'il vaudrait mieux appeler "année noire" pour les enfants...
Selon l'UNICEF, depuis le début de la crise politique de 2009, 900000 enfants sont déscolarisés, 12% des enfants échappent complètement à la scolarisation.

Hors système scolaire, l'accès à la culture est très limité (depuis 2005, une vingtaines de bibliothèques rurales ont été ouvertes ans le cadre des CLIC Centres de Lecture, d'Information et de Culture).

Avant 1975, le français était parlé couramment par 60 à 70% des Malgaches alors qu'aujourd'hui le français, avec le statut de deuxième langue officielle, ne serait plus parlé que par 15 à 20 % des Malagasy.

Jusqu'en 1975, les jeunes Malgaches étudiaient l’histoire et la géographie de la France mais pas celles de leur pays. L'histoire qu'ils apprenaient commençait par "Nos ancêtres les Gaulois"... Un étudiant malgache pouvait connaître la distance de Paris à Lyon ou Marseille sans connaître les villes de Diego-Suarez ou Fort-Dauphin et il pouvait parler du Massif Central en ignorant l'existence de celui de l’Isalo.

L'hostilité populaire à l'égard de l'héritage colonial pousse le gouvernement à lancer le mouvement de malgachisation réclamé par les étudiants lors des événements de mai 1972.
En 1975, avec l'accès au pouvoir de Ratsiraka, le français est remplacé par le malgache comme langue d'enseignement dans le primaire et le secondaire mais cette politique n'a pas atteint l'objectif visé, au contraire. La malgachisation n'a fait qu'accentuer l'écart entre les enfants des milieux défavorisés, n'ayant pas d'autre accès au français que l'école, et ceux de la bourgeoisie urbaine francisée. Les élèves avaient des grandes difficultés à l’université, où l’enseignement se fait en français.
À partir de 1985, le processus de malgachisation a donc été arrêté et on en est revenu progressivement à une réintroduction du français comme langue d'enseignement au cours des années 1990.
Le français est donc redevenu langue d’enseignement depuis 1993.
Les cours sont dispensés en malgache durant les premières années de scolarité. Àpartir de la classe de 6è, ils sont donnés en français pour les matières non littéraires mais certains enseignants n'ont pas une compétence linguistique suffisante pour pouvoir transmettre correctement des connaissances et un savoir-faire en français.
Si le malgache assume toujours les fonctions de langue
véhiculaire nationale, de langue du foyer, de la religion et de la culture traditionnelle, le français a acquis un rôle de sélection car sa connaissance pour donner accès à la promotion sociale des individus. Même s'il y a superposition des deux langues, un Les festivités durent une semaine pendant laquelle il est interdit de porter un chapeau, de se chausser et de traverser la rivière Tsiribihina. En revanche, tous les excès d'ivresse et de licence sexuelle sont impunis. Rien n'interdit un grand relâchement sexuel (valabe), les jeunes femmes se livrent à des danse où elles se trémoussent de façon provocante tandis que les liens matrimoniaux disparaissent momentanément, noyés dans les vapeurs alcoolisée du jus de canne fermenté (betsa betsa) et du rhum.clivages se produit entre populations rurales et élites bilingues urbaines (qui ont un pratique courante du français.

Dans la tradition, le mariage se déroule au domicile des parents de la jeune fille et deux entremetteurs interviennent, celui du fiancé, le mpangataka, adresse sa demande à celui de la promise, le mpanatitra.Le divorce peut être demandé par le mari tandis que la femme ne peut demander que la séparation (fisaoram bady) mais elle ne peut se remarier.

Outre la famille à lignage au sens habituel, c'est-à-dire la descendance d'un ancêtre commun et les liens matrimoniaux tissés autour, dans la tradition malgache on trouve des fraternités de sang (fatidra), un peu comme chez les Indiens d'Amérique!
L'alliance par le sang (fanange) consiste en une petite incision chez les deux personnes qui doivent boire quelques gouttes de sang de l'autre et les voici comme frères et leurs familles apparentées.
A côté de cela on trouve les entraides villageoises pour les gros travaux (comme chez nous il y a encore une cinquantaine d'années).
A cela s'ajoute l'étrange "parenté à plaisanterie" (lohateny ou tokondohateny) qui associe parfois des clans de statuts très différents qui se doivent assistance mais qui s'autorisent des relations (par exemple échangisme le entre les conjoints) qui ne sont pas admises dans une famille à lignage.

Récit de voyage à MADAGASCAR (Madagasikara) (2024)
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